Mahamadou Doucouré a été mis en examen vendredi pour le meurtre de son ancienne compagne et l'enlèvement de leur fils
Ces deux crimes sont passibles de la réclusion criminelle à perpétuité.
Le jeune homme avait reconnu avoir enlevé son fils mardi et tué son ancienne compagne dont le corps avait été retrouvé lardé de coups de couteau à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne). L'enfant avait été retrouvé sain et sauf après le déclenchement du plan "Alerte Enlèvement".
Meurtre de la mère d'Ibrahima: la famille accuse
Jeudi, deux jours après le meurtre de la mère du petit Ibrahima, la famille de la victime a mis en cause la police et la justice. Elle leur reproche d'avoir ignoré les menaces de mort proférées contre la victime alors que le Parquet a défendu "sa réactivité" dans ce dossier.
Le ministre de la Justice a demandé une enquête au procureur général de Paris sur la prise en charge et le suivi des mesures qui avaient été ordonnées contre l'homme qui a avoué ce crime.
Selon la famille de la jeune femme tuée à coups de couteau, la victime a tenté en vain d'alerter la police des menaces de mort de son ancien compagnon, dont elle était séparée depuis mai 2009 et avec qui elle avait eu un enfant, Ibrahima âgé de 18 mois, retrouvé mardi soir sain et sauf après le déclenchement du plan "Alerte enlèvement".
La police "ne l'a pas assez écoutée (...) Elle se plaignait depuis plus de 6 mois, elle avait déposé de nombreuses mains courantes au commissariat", a dit Oliveira, soeur de la victime prénommée Tania, 26 ans, lors d'une conférence de presse.
Elle "se rendait systématiquement chaque semaine au commissariat pour les prévenir des menaces qu'elle subissait", a également indiqué jeudi l'avocate de la famille.
"Il y a eu une réactivité du parquet", a indiqué de son côté le procureur de Créteil, Jean-Jacques Bosc lors d'une conférence de presse, ajoutant qu'il n'entendait pas "entrer dans une polémique" avec la famille de la victime.
Jusqu'à décembre 2009, une dizaine de mains courantes ont bien été enregistrées au commissariat mais "il n'a pas été déposé de plainte" avant le 4 janvier, a affirmé le procureur, selon qui la justice n'est pas restée inerte. Le 7 janvier, trois jours après cette plainte pour menaces de mort, le père d'Ibrahima, 28 ans, est placé en garde à vue. Libéré sous contrôle judiciaire, il se voit interdire tout contact avec la plaignante.
Le 9 février, ces menaces de mort par SMS et par lettre lui valent d'être condamné à Créteil à quatre mois de prison avec sursis. L'interdiction d'entrer en contact avec son ex-compagne lui est de nouveau notifiée. "Cette interdiction a été respectée" et il "n'y a pas eu d'incident" jusqu'au jour du meurtre, a déclaré M. Bosc.
Aurait-il fallu placer le suspect en détention provisoire à l'issue de son interpellation ou de son jugement? "Ce n'est pas ce qui a été décidé (...) ce n'est pas ce qui était demandé par le parquet", a dit M. Bosc.
Le procureur a toutefois reconnu que le suspect vivait chez ses parents à Fontenay-sous-Bois en violation d'un contrôle judiciaire. Mais "ce point-là ne concerne pas l'affaire du meurtre" et est "antérieure" à la rencontre entre la victime et son ex-compagnon , a-t-il ajouté.
Rappel du drame
Le corps sans vie de la jeune femme de 26 ans, tuée par arme blanche, avait été découvert mardi matin dans son appartement de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) par des policiers alertés par des témoins qui croyaient avoir repéré un cambriolage. Son petit garçon de 18 mois sera placé dans un foyer du Val-de-Marne. Tania vivait avec son père et son frère, qui étaient à leur travail au moment du drame.
L'enfant a été retrouvé sain et sauf mardi soir vers 23h30 à Châtillon (Hauts-de-Seine), avec son père qui a été interpellé avec un autre homme. Le père a avoué mercredi matin le meurtre de la mère. C'est une "connaissance" qui avait rendez-vous avec le suspect qui a donné l'alerte et prévenu les policiers, a ajouté le procureur, selon lequel c'est grâce au plan "Alerte Enlèvement" que le bébé a pu être retrouvé.
Le père, âgé de 28 ans, est déjà connu des services de police. Mahamadou Doucoure a été condamné par le passé à une peine de prison avec sursis pour "violences intra-familiales". Mis en examen depuis 2006 dans une affaire de viols collectifs datant de 2001-2002, le père d'Ibrahima était soumis depuis 2007 à un contrôle judiciaire qui lui interdisait notamment de résider dans le Val-de-Marne. Il avait par ailleurs déjà été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour avoir menacé de mort, par SMS, la mère d'Ibrahima, son ancienne concubine dont il était séparé depuis plusieurs mois.
Le plan alerte enlèvement déclenché pour la 9e fois
Ce plan consiste à lancer à la radio, à la télévision et sur les panneaux des gares et autoroutes, une alerte massive pour mobiliser la population à la recherche de l'enfant enlevé et de son ravisseur. Selon les modalités de ce plan, les chaînes de télévision et les radios diffusent à intervalles réguliers le signalement de l'enfant, éventuellement celui de son ravisseur et tout renseignement pouvant permettre de retrouver leur trace.
A la télévision, une bande défile tous les quarts d'heure, tandis qu'un message en plein écran, avec éventuelle photo, s'affiche entre les programmes. Les chaînes de la région diffusent des messages plus rapprochés. La SNCF, la RATP et les sociétés d'autoroute relaient le message.
L'opération doit être déclenchée le plus tôt possible après l'enlèvement car les enquêteurs ont constaté que les premières 24 heures étaient cruciales pour la survie de l'enfant. Ce dispositif d'alerte massive et immédiate pour rechercher un enfant enlevé est largement inspiré du plan "Amber Alert", créé au Texas en 1996, après l'enlèvement et l'assassinat de la petite Amber Hagerman.
Adopté en février 2006, le plan "Alerte Enlèvement", a été déclenché pour la première fois en France le 9 juillet 2006 après la disparition de deux soeurs, Emeline et Mélissa, 8 et 10 ans, en Maine-et-Loire. Cette affaire s'était révélée être une fausse alerte, les deux fillettes ayant regagné leur domicile une quinzaine d'heures après leur disparition.
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