Les sondés sont-ils plus "libres" ou plus "extrêmes" sur internet ?
Une récente étude de l'institut Ipsos pour "Le Monde" révèle que 70% des Français "trouvent qu'il y a trop d'étrangers en France". Mais sa méthodologie est très critiquée.
Quelque 70% des Français trouvent qu'il y a "trop d'étrangers en France", selon une étude Ipsos pour Le Monde et le Centre de recherches politiques de Sciences Po. Ce partenariat d'institutions sérieuses, a priori inattaquable, s'est tout de même attiré les foudres de l'Observatoire des sondages. Questions posées sur internet, formulation, taux de "sans opinion" : francetv info a demandé à Vincent Dusseaux, responsable de l'étude chez Ipsos Public Affairs, de répondre aux critiques.
Les sondages sur internet sont moins fiables
La critique est récurrente. Les sondages effectués sur internet sont souvent jugés moins fiables que les enquêtes téléphoniques ou en face-à-face. Le problème, selon l'Observatoire des sondages, c'est que dans ce type d'étude, "ce sont les sondeurs qui décident d’être sondés". Une méthode qui "privilégie les opinions extrêmes", précise le site dans sa critique de l'étude Ipsos. C'est ainsi que les sondés ont exprimé un rejet massif de l'islam, considérée par 74% d'entre eux comme "intolérante et incompatible avec la société française".
Sur l'échantillon de 1 016 personnes interrogées, présenté comme "représentatif", l'institut Ipsos ne dispose "pas de renseignement sur l'appartenance religieuse", concède Vincent Dusseaux, responsable de l'enquête chez Ipsos Public Affairs et contacté par francetv info. Toutefois, il défend sa méthodologie en affirmant que les sondés "se sentent plus libres lorsqu'ils sont interrogés sur internet sur des sujets sensibles".
La formulation des questions pointée du doigt
"Il faut être inculte pour accepter ce genre de question", juge l'Observatoire des sondages, qui vise une phrase en particulier : "On a besoin d’un vrai chef en France pour mettre de l’ordre." Une affirmation à laquelle adhèrent 87% des sondés, selon Ipsos. L'Observatoire reproche au sondeur une "orientation fortement idéologique" et les différentes lectures possibles de cette phrase. Un "chef" peut en effet être vu comme un simple leader ou bien un dictateur.
Une accusation que nie formellement Vincent Dusseaux, qui se défend de toute idéologie. "Oui, c'est une évidence, cela renvoie à des univers différents pour chaque personne interrogée. C'est la limite de l'exercice : les mots n'ont pas le même sens pour tous", constate le sondeur.
La proportion de "sans opinion" est minime ou nulle
Pour l'Observatoire des sondages, il est impossible que 100% des personnes interrogées aient répondu à certaines questions "stupides, piégées, dangereuses". Il soupçonne Ipsos de "choisir ses sondés", en particulier "ceux qui sont allés jusqu'au bout" des questions.
Pourtant, ils existent bien, ces "sans opinion", mais sont très rares. "Par définition, les personnes sont incitées à répondre", rétorque Vincent Dusseaux, sans préciser leur taux, qui n'apparaît pas formellement dans les résultats de l'enquête si l'on ne fait pas le calcul. "Comme au téléphone et en face-à-face, on ne mentionne pas la réponse 'ne se prononce pas', mais les internautes peuvent toujours passer les questions", précise-t-il.
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