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Les secouristes continuent leurs recherches mardi dans les départements les plus touchés par le passage de Xynthia

En Vendée et Charente-Maritime, les opérations de pompage s'accélèrent. L'arrivée de nouvelles grandes marées dans la journée risquent de les compliquer.La tempête, l'une des plus violentes depuis 1999, a fait 52 morts en France, selon un nouveau bilan provisoire. Le chiffre de 8 disparus ne peut être confirmé.
Article rédigé par France2.fr
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Vue aérienne de L'Aiguillon-sur-Mer (Vendée) (AFP - Frank PERRY)

En Vendée et Charente-Maritime, les opérations de pompage s'accélèrent. L'arrivée de nouvelles grandes marées dans la journée risquent de les compliquer.

La tempête, l'une des plus violentes depuis 1999, a fait 52 morts en France, selon un nouveau bilan provisoire. Le chiffre de 8 disparus ne peut être confirmé.

45.000 ha de terres agricoles ont été inondés.

La préfecture de Vendée, l'un des départements les plus touchés, notamment dans le secteur de L'Aiguillon-sur-Mer, a ordonné un renforcement des digues pour tenter de limiter le phénomène. En Charente-Maritime, les secouristes redoutent la découverte de nouveaux corps dans les zones qui seront asséchées.

Les communes de ces deux départements ainsi que ceux de la Vienne et des Deux-Sèvres et de la Vienne ont placées en état de catastrophe naturelle. Une vingtaine de communes de Côtes-d'Armor comptent aussi demander l'état de catastrophe naturelle.

En Vendée et en Loire-Atlantique, la pêche à pied a été interdite en raison des risques sanitaires de contamination bactériologique liés aux débordements d'eaux usées.

Les opérateurs électriques s'efforcent par ailleurs de rétablir le courant sur le territoire, alors que mardi matin, quelque 50.000 foyers demeuraient privés d'électricité. En revanche, dans le massif pyrénéen, la plupart des stations de sport d'hiver de Haute-Garonne et des Hautes-Pyrénées devaient rouvrir mardi.

Les dégâts dans l'agriculture
Plus de 45.000 hectares de terres agricoles ont été inondés d'eau salée désormais stagnante en Vendée et Charente-Maritime, les deux départements les plus touchés par

Xynthia.

En Charente-Maritime, "la situation est catastrophique, on évalue à 40.000 hectares les surfaces agricoles touchées par l'effet raz-de-marée", soit environ 10 % des terres utiles cultivées du département, explique-t-on à la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA). "La marée ne monte plus, mais il faudra du temps pour que l'eau s'évacue. Le pire, c'est que l'eau rend la terre impropre à la culture", précise-t-on de même source.

En Vendée, quelque 4500 hectares ont été inondés dans le marais poitevin.

Plusieurs milliers de bovins, moutons ou chèvres ont du être déplacés par bateau ou par bétaillère depuis dimanche et un millier de cadavres d'animaux ont été ramassés dans les champs, selon la FDSEA. Après le passage de la tempête, les marées sucessives ont charrié des cadavres d'animaux. Mardi matin, on a ainsi découvert 450 brebis mortes le long d'une route de la baie de l'Aiguillon.

Cette zone de polders à cheval sur la Vendée et la Charente-Maritime a pris la dépression de plein fouet sur le littoral atlantique. Dans le secteur, "la mer a passé les digues et envahi les terres jusqu'à 7 km du rivage, et comme "le sel agit comme un désherbant, les cultures sont grillées", a souligné souligne-t-on à la FDSEA de la Vendée.

Dans les autres départements des régions Pays-de-Loire et Poitou-Charentes, les dégâts sont moins importants, avec pour l'essentiel des toitures arrachées et du matériel endommagé, selon les professionnels.

Un lourd bilan humain

La Vendée a payé le plus gros tribut à Xynthia en raison des inondations liées à la conjonction de vents violents, de fortes marées et la rupture d'une digue entre La Faute-sur-Mer et l'Aiguillon-sur-Mer. Au moins 28 personnes sont mortes dans ce seul secteur, et trois portées disparues, pour un total de 33 dans le département de Vendée, selon la sécurité civile. La Charente-Maritime déplore pour sa part 12 morts. Les secours ont enregistré 2 décès en Loire-Atlantique, un en Haute-Garonne, et un dans l'Yonne.

A cela, s'ajoutent trois décès indirectement provoqués par la tempête: A Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques), deux personnes ont succombé après avoir respiré les gaz d'échappement du générateur qu'elles avaient mis en route après une coupure d'électricité. Dans le Cher, un homme monté sur son toit a fait un malaise cardiaque et a été entraîné dans une chute mortelle, a ajouté le colonel Brossard.

Après le Portugal, l'Espagne et la France, la tempête Xynthia a poursuivi sa route vers le Bénélux et le nord de l'Europe. La tempête a aussi affecté une partie de la Suisse. Une soixantaine de morts sont à déplorer dans l'ensemble du Vieux continent dont, rappelons-le, au moins 51 rien qu'en France.

Nicolas Sarkozy se déplace en Vendée et Charente-Maritime
S'exprimant à Aiguillon-sur-Mer, où au moins 25 personnes ont trouvé la mort en raison de la rupture d'une digue, Nicolas Sarkozy a promis un plan de renforcement des digues et un plan d'urgence pour l'agriculture "contre les tempêtes, les maladies et les inondations". Il a par ailleurs annoncé que l'arrêté de catastrophe naturelle, qui débloque les indemnisations et permet de faire jouer les assurances pour les inondations, serait signé mardi.

"Une double mission d'inspection, (...) dont je souhaite que le premier rapport soit rendu sous dix jours, va être menée pour comprendre ce qui s'est passé et éviter de dire des choses définitives", a-t-il dit.

Le chef de l'Etat a également annoncé "un plan spécial" pour les ostréiculteurs. Le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire "va venir cette semaine" et "on va faire un plan spécial", a annoncé M.Sarkozy, devant les ostréiculteurs, à Châtelaillon-Plage, en Charente-Maritime, commune côtière proche de La Rochelle. Il a également annoncé une "table ronde pour tous les professionnels" (ostréiculteurs, conchyliculteurs...).

Il a appelé à La Rochelle, lors d'une table ronde à la préfecture de La Rochelle, avec les élus locaux et les services de l'Etat, à faire "de toute urgence la lumière" sur les conséquences de la tempête, parlant d'un "drame inacceptable et incompréhensible".

"Il faut qu'on s'interroge pour savoir comment en France, au XXIe siècle, des familles peuvent être surprises dans leur sommeil, mourir noyées dans leur maison", a lancé M. Sarkozy. A propos de l'urbanisme, il a affirmé: "C'est quelque chose sur lequel il faut réfléchir, on a assez peu de temps, personne ne nous pardonnerait de continuer comme avant".

Quelles indemnisations ?
Les victimes des inondations provoquées par Xynthia ont jusqu'au 31 mars pour déclarer les sinistres à leur assureur, a annoncé mardi la ministre de l'Economie. Christine Lagarde a allongé le délai légal à 30 jours, contre dix habituellement.

L'arrêté portant reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle ayant été publié mardi au Journal officiel, "la procédure d'indemnisation peut être déclenchée dès aujourd'hui pour tous les sinistrés des départements de la Charente-Maritime, des Deux-Sèvres, de la Vendée et de la Vienne", selon le ministère. "Concrètement, les personnes concernées peuvent faire parvenir leur déclaration de sinistre catastrophe naturelle par lettre recommandée, par téléphone ou par rendez-vous chez leur assureur", a expliqué Bercy.

Entre 100.000 et 500.000 euros seront versés "rapidement" aux constructeurs de bateaux de plaisance de Charente-Maritime, a annoncé mardi le ministre de l'Industrie Christian Estrosi. Lles constructeurs Ocqueteau, Poncin Yachts, Dufour Yachts et Fountaine-Pajot ont été très "touchés", a-t-il précisé. Le ministre affirme par ailleurs qu'il accélérera "à chaque fois que nécessaire" la procédure d'indemnisation du chômage technique. Les constructeurs de bateaux de plaisance emploient près de 40.000 personnes en France et ont vu les immatriculations de bateaux chuter de 17% en 2009, en raison de la crise.

De son côté, le ministre du Commerce et de l'Artisanat, Hervé Novelli, a annoncé une aide de 10.000 euros pour chacune des PME des zones sinistrées. Cette enveloppe concerne les entreprises dont le chiffre d'affaires est inférieur à un million d'euros hors taxes. La veille, son collègue du Budget, Eric Woerth, a annoncé des mesures fiscales en faveur des personnes et des entreprises touchées.

Quant au ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, il a promis aux agriculteurs touchés par Xynthia qu'ils seraient indemnisés par le Fonds national de lutte contre les calamités agricoles. Ce fonds "a un avantage, je peux le débloquer tout de suite, il me faut juste le recensement exploitation par exploitation pour évidemment être le plus équitable possible", a-t-il expliqué. Ceci devrait être fait "dans les jours qui viennent", a-t-il ajouté.

Les assureurs avaient indiqué dimanche qu'ils indemniseraient les victimes de la tempête, sauf pour les dégâts causés par les inondations. Ces dégâts pourront toutefois être couverts car l'état de catastrophe naturelle a été décrété. Christian Estrosi a assuré que ses services allaient "suivre de près" les sociétés d'assurances afin que celles-ci "débloquent les fonds le plus rapidement possible".

La France demande l'aide de l'UE
La France a demandé lundi l'activation du fonds de solidarité de l'UE pour réparer les dégâts de la tempête Xynthia, a annoncé lundi à Bruxelles le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Pierre Lellouche. Il s'agit d'une "aide précieuse, psychologiquement et politiquement utile", même si elle ne permet pas d'indemniser les dommages privés, a souligné M.Lellouche.

Il a précisé que cette aide permettrait de rembourser les dommages non assurés à la charge de l'Etat (remise en état d'infrastructures, nettoyage des rues ou hébergement provisoire, par exemple). L'Etat a trois mois pour recenser l'ensemble des dommages, ce qui va commencer "dès aujourd'hui", a souligné M. Lellouche.

La France avait obtenu 109 millions d'euros l'an dernier pour la tempête Klaus qui avait occasionné des dégâts essentiellement dans les Landes.

Le président de la Commission de Bruxelles, José Manuel Barroso, avait fait savoir lundi que 'la Commission est prête à apporter son soutien aux pays les plus touchés", à commencer par la France.

Un Fonds de solidarité de l'Union européenne a été créé après les inondations qui avaient touché l'Europe centrale au cours de l'été 2002. Il permet d'accorder des aides financières pour des mesures d'urgence aux Etats touchés par des catastrophes naturelles majeures. En principe, ses interventions sont limitées au financement d'opérations d'urgence face à des dégâts non assurables: remise en état d'infrastructures ou hébergement provisoire, par exemple. Les dégâts subis par les particuliers et les pertes de revenus ne peuvent pas faire l'objet d'un dédommagement.

Les causes de la violence du phénomène
Brice Hortefeux a souligné la "conjonction exceptionnelle" de facteurs pour expliquer le lourd bilan: grandes marées, tempête et le fait qu'elle soit intervenue la nuit, surprenant de nombreuses personnes dans leur sommeil. "C'est un phénomène qu'on n'a pas vu depuis plusieurs siècles", a souligné le président du Conseil-général de Charente-Maritime, Dominique Bussereau, par ailleurs secrétaire d'Etat aux Transports et candidat aux régionales dans la Région Poitou-Charentes. La présence, beaucoup plus au sud que d'habitude, d'un courant froid de haute altitude (courant-jet) avec en basse couche une grande masse d'air chaud, est à l'origine de la tempête qui a touché la France ce week-end, a expliqué à l'AFP Hubert Dreveton, chef prévisionniste à Météo France. "Les tempêtes sont assez habituelles en février sur la France, mais celle-là est d'une ampleur et d'une intensité très au-dessus de ce qu'on observe habituellement." Xynthia, "assez nettement en-dessous de celle de décembre 1999", s'avère tout de même "très remarquable", selon lui, pour les quatre départements placés samedi en vigilance rouge.

Ces tempêtes s'expliquent par la conjonction d'un courant-jet (jet stream en anglais) en haute altitude, avec des vents d'ouest rapides et très forts, et d'une masse d'air chaud en basse couche, dans les 1500 premiers mètres de l'atmosphère. "L'interaction entre les vents d'altitude et les anomalies chaudes en basse couche entraîne un creusement, c'est à dire une baisse de la pression, et la formation d'une dépression" ou "cyclogenèse".
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