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Les questions de société, joker du candidat Sarkozy ?

L'entrée en campagne imminente du président de la République pourrait replacer au cœur du débat des thèmes comme l'éducation et la famille, occultés jusqu'à présent par l'économie.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Nicolas Sarkozy lors d'une visite à Longjumeau (Essonne). (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Travail, éducation, famille, laïcité... Voici les thèmes sur lesquels Nicolas Sarkozy pourrait axer sa campagne électorale. Ce sont en tout cas ceux qu'il met en avant, dans l'interview qu'il a accordée au Figaro Magazine, à paraître samedi 11 février. Si tel était le cas, cela pourrait replacer les questions de société au cœur d'un débat électoral, dont elles sont pour l'instant les grandes absentes.

Depuis le début de la campagne, ce sont bien sûr les questions économiques qui tiennent le haut du pavé. Lorsque François Hollande a présenté son programme présidentiel, le 26 janvier à Paris, journalistes et observateurs n'attendaient qu'une chose : des chiffres. Ils ont été servis, puisque le candidat socialiste a abreuvé son auditoire de prévisions de croissance, de taux de prélèvements obligatoires et de tranches d'imposition. Le lendemain, le débat télévisé entre François Hollande et Alain Juppé, et plus encore celui opposant Martine Aubry à François Fillon, la semaine suivante, ont pris la forme de complexes batailles de chiffres.

La crise a occulté les autres sujets

Crise oblige, les Français citent d'ailleurs le chômage – de très loin – comme leur principale préoccupation, devant le pouvoir d'achat. "Il y a une sorte de tropisme général. Le problème de la dette est si dominant que l'opinion se dit qu'il faut avant tout sortir de cette situation et qu'on ne peut pas tout faire", analyse Carine Marcé, directrice associée à l'institut TNS-Sofres. "C'est dû à cette période de crise", confirme George Pau-Langevin, chargée des questions sociétales dans l'équipe de François Hollande.

Certains thèmes de société ont pourtant timidement émergé ces dernières semaines, comme la famille ou l'éducation. Mais le plus souvent abordés sous le seul angle financier. La proposition de François Hollande de créer 60 000 postes dans l'Education nationale a donné lieu à une polémique... à cause de son coût. La politique familiale, elle, a été attaquée par le camp Hollande par le biais de "l'injustice" fiscale que représenterait le quotient familial. Quant à l'euthanasie, glissée en termes d'"assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité" dans le programme de François Hollande, la proposition est passée relativement inaperçue.

Un clivage marqué avec François Hollande

"Aujourd'hui, l'opposition gauche-droite se situe sur le terrain économique", estime la socialiste George Pau-Langevin. "A gauche, beaucoup de questions, comme le mariage des personnes de même sexe, ont été tranchées. L'UMP est contre, mais cela ne soulève plus les passions qui avaient entouré le mariage célébré en 2004 par Noël Mamère à Bègles." Sur ces sujets, "la société parvient à tenir un débat apaisé, de qualité. C'est une bonne chose que chacun puisse se positionner en son âme et conscience", se réjouit-elle.

Comment va évoluer le débat maintenant que Nicolas Sarkozy s'est exprimé – avec des positions très conservatrices – sur bon nombre de ces sujets ? Pour le député UMP Hervé Mariton, la mise au point du chef de l'Etat va aider le parti majoritaire à ajuster sa pensée. "Entre les positions défendues par la majorité des militants et les positions différentes avancées par d'autres, certains n'osaient pas trancher. Désormais, ils oseront !" veut croire l'élu drômois. Subitement, le positionnement de Nicolas Sarkozy crée en effet un clivage évident avec son concurrent socialiste. Reste à savoir si la mayonnaise prendra auprès des électeurs.

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