Les producteurs et industriels sont parvenus à un accord mardi sur la hausse des prix du lait pour le 2e trimestre

"C'est une bonne nouvelle. C'est un signe positif", s'est félicité le ministre de l'Agriculture à l'issue d'une réunion avec la profession à Paris.

La Confédération paysanne a dénoncé mardi l'accord affirmant que les prix resteront "trop bas pour permettre la rémunération du travail des paysans".

Bruno Le Maire avait demandé à la filière, qui s'opposait depuis le 18 mars sur la hausse des prix du lait applicable à compter du 1er avril, de trouver un accord dans la journée.

Le bras de fer opposait les industriels et les producteurs.

Alors qu'ils avaient signé le 3 juin dernier un accord prévoyant une hausse de 5,5 à 5,8% du prix de base du lait au deuxième trimestre 2010 par rapport à la même période un an plus tôt, les industriels ont fait récemment volte face et dénoncé ce compromis, réclamant un alignement des prix du lait en France sur ceux pratiqués en Allemagne, estimés 15% moins chers.

Le compromis trouvé

Selon la convention de mardi, la filière va continuer à appliquer les indicateurs prévus dans l'accord du 3 juin 2009, qui prévoient une hausse des prix payés aux producteurs au second trimestre 2010. En contrepartie, les industriels ont obtenu que la filière négocie d'ici fin mai un indice sur l'écart des prix avec l'Allemagne, a expliqué Bruno Le Maire.

Celui-ci serait appliqué à partir du 1er juillet dans le panier d'indices, base de calcul du prix du lait. En outre, deux autres indices devraient être rajoutés, l'un sur le coût de production et l'autre sur la valorisation des produits. "Cela va permettre aux producteurs sur ce deuxième trimestre de sortir un peu la tête de l'eau", a déclaré aux journalistes Henri Brichart. "Par contre il y a beaucoup de travail sur la planche", a-t-il ajouté, en évoquant le chantier des nouveaux indices.

En 2009, les revenus annuels des producteurs laitiers ont chuté de plus de la moitié pour atteindre les 9000 euros, bien en-dessous du Smic

M. Lemétayer prend acte de l'accord et appelle à la fin des manifestations

"C'est bien dommage d'aller chez le ministre pour faire respecter un accord", a déploré le président de la FNSEA, principal syndical agricole, M. Lemétayer, en référence à la réunion tripartite (industriels, coopératives et producteurs) convoquée mardi par le ministre, Bruno Le Maire. "On aurait pu se passer de cet épisode et des manifestations qui ont eu lieu", a-t-il fait remarquer.

"Maintenant que l'accord est respecté, il n'y a plus de raison de manifester", a-t-il ajouté sur BFM. Ces derniers jours, les éleveurs ont en effet mené diverses actions pour demander l'application de la hausse prévue des prix du lait.

Les agriculteurs mobilisés

Mardi, des éleveurs du Nord/Pas-de-Calais ont mené diverses actions dans plus d'une quinzaine de grandes surfaces de la région, pour faire pression sur les négociations menées à Paris qui ont abouti en fin de matinée. Des agriculteurs ont promené une vache dans les rayons d'un supermarché Carrefour à Lomme (Nord), selon la FDSEA (principal syndical agricole), qui a obtenu de la part de la direction du magasin le retrait des produits du groupe laitier Lactalis, au moins pour la journée.

A Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) et ses environs, les producteurs laitiers ont également demandé le retrait des produits Lactalis. Ils ont aussi disposé des autocollants fluo "halte au racket des éleveurs laitiers", et distribué des tracts pour sensibiliser les consommateurs, selon Frédéric Blondel, animateur de l'Association départementale des producteurs de lait (ADPL).

Dans un magasin Auchan de Saint-Martin-les-Boulogne, la direction a décidé de retirer les produits du groupe laitier pendant deux jours, selon l'AFP.

A Beauvais (Oise), des agriculteurs avaient déversé 20 tonnes de lisier lundi soir, afin de "mettre la pression", selon la FDSEA.

La semaine dernière, les producteurs ont bloqué durant quelques heures le siège social du groupe laitier Lactalis à Bourgbarré (Ille-et-Vilaine). Saisi en référé par Lactalis, le tribunal de grande instance (TGI) de Rennes a débouté lundi le groupe qui demandait que les éleveurs renoncent à leurs projets de blocages de sites de production.