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Les paysans ne sont pas "coupables" de la prolifération des algues vertes sur les plages bretonnes, selon N. Sarkozy

Alors que les algues vertes prolifèrent sur les côtes bretonnes en ce début d'été, le chef de l'Etat a jugé jeudi "absurde de désigner des coupables, de montrer du doigt des agriculteurs qui ont fait d'énormes progrès en la matière (...) et qui ne sont pas coupables de choix économiques qui ont été faits il y a bien longtemps".
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Des algues vertes échouées sur la plage de Plouha (Côtes-d'Armor) le 6 mai 2011 (AFP - DAMIEN MEYER)

Alors que les algues vertes prolifèrent sur les côtes bretonnes en ce début d'été, le chef de l'Etat a jugé jeudi "absurde de désigner des coupables, de montrer du doigt des agriculteurs qui ont fait d'énormes progrès en la matière (...) et qui ne sont pas coupables de choix économiques qui ont été faits il y a bien longtemps".

Les agriculteurs, premières victimes, dit Sarkozy
"Il y aura toujours les intégristes qui vont protester et on n'entend qu'eux. (...) Plus c'est excessif, plus on leur donne la parole", a estimé Nicolas Sarkozy, en déplacement sur la presqu'île de Crozon (Finistère) pour parler protection du littoral et du domaine maritime. "Opposer agriculture et environnement, ça n'a pas de sens, parce que les agriculteurs sont les premières victimes du non-respect des règles environnementales", a-t-il déclaré.

Dans le même temps, il a promis que l'Etat continuerait les actions de ramassage des algues vertes qui polluent les côtes bretonnes. "C'est capital pour l'activité du tourisme. L'Etat sera présent aux côtés des collectivités" territoriales, a-t-il poursuivi.

Le gouvernement a lancé en février 2010 un plan national de lutte contre les marées vertes à la suite de la mort d'un cheval, intoxiqué par des effluves toxiques, sur une plage bretonne à l'été 2009. Ce plan prévoit une enveloppe de 134 millions d'euros sur cinq ans pour nettoyer et préserver les zones les plus touchées. Ce fléau est provoqué par les rejets de nitrates liés à l'utilisation d'engrais azotés par l'agriculture intensive.

Des risques pour la santé humaine
Un fléau qui a tendance à s'accentuer. Au 30 juin, près de 25.000 m3 d'algues vertes ont été ramassés en Bretagne, près du double par rapport à juin 2010. La semaine dernière, la plate-forme de traitement de Lantic (Côtes-d'Armor), saturée, a dû momentanément fermer ses portes.

Le phénomène pourrait présenter des risques pour la santé humaine. L'Agence de sécurité sanitaire de l'environnement (ANSES) recommande de ramasser les algues vertes le plus rapidement possible après échouage pour éviter la putréfaction. Elle conseille aussi de doter les personnels impliqués d'un détecteur de sulfure d'hydrogène. Lors de leur putréfaction, ces algues entraînent "des dégagements importants" de gaz, "notamment de sulfure d'hydrogène", rappelle l'ANSES.

Méthanisation: en avant toute
Pour agir sur le long terme, Nicolas Sarkozy a expliqué qu'il fallait "réduire le flux d'azote de façon ambitieuse en associant les agriculteurs à ce mouvement". A ses yeux, "il faut privilégier les appels à projets, notamment sur les unités de méthanisation" auxquelles il "croit beaucoup". La méthanisation consiste à valoriser les déchets organiques comme le lisier, largement utilisé dans l'agriculture, dans un réacteur où ils sont transformés en biogaz, susceptibles de produire de la chaleur ou de l'électricité.

"Le plus grand service que les agriculteurs bretons peuvent se rendre à eux-mêmes, à leur environnement et à la Bretagne, c'est de s'engager massivement dans la méthanisation, qui permettra de protéger l'environnement et en même temps de dégager des sources de revenu complémentaires pour les agriculteurs", a estimé M. Sarkozy.

Réaction de l'association Eau et Rivières de Bretagne
"En laissant croire que la méthanisation du lisier, qui ne
supprime pas l'azote, permettrait d'éradiquer les marées vertes, le président de la République abuse l'opinion et rend un bien mauvais service à la protection du littoral", a souligné l'association Eau et Rivières de Bretagne dans un communiqué.

"Ce n'est pas en industrialisant davantage l'élevage breton que l'on répondra aux enjeux environnementaux et sociaux", ajoute l'association.

A la veille de la visite de Nicolas Sarkozy dans le Finistère, Eaux et Rivières de Bretagne avait dénoncé un projet d'assouplissement de la réglementation sur les épandages d'azote agricole contenu dans les déjections animales (notamment de porcs), à l'origine de nitrates. Nicolas Sarkozy n'y a pas fait allusion jeudi.

"Personne ne peut comprendre qu'au moment où des millions d'euros vont être investis à l'amont des baies à marées vertes pour réduire les fuites de nitrates vers les eaux, que le gouvernement s'apprête à relever les seuils d'épandage et à décourager la culture de l'herbe", écrit dans une lettre ouverte le président de l'association, Jo Hervé.

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