Les nouvelles armes militantes pour appâter l'électeur
Vidéos virales et web-séries fleurissent sur internet pour cette campagne présidentielle. Pendant que les mobilisations classiques, comme le porte-à-porte, sont réinventées.
Comment exister dans le ronron de la campagne, attirer l'attention des électeurs et des médias ? Depuis le début de la course à l'Elysée, pour ne pas se laisser gagner par la lassitude, les équipes des candidats se creusent la tête, en ligne ou sur le terrain, pour inventer des formes de mobilisation originales, au-delà des traditionnels tracts et affiches. Avec plus ou moins de réussite.
• UMP et PS s'affrontent à coups de vidéos virales
Entre les deux principaux candidats, les piques assassines se multiplient à travers des vidéos publiées sur internet. Leurs équipes de campagne s'en donnent à cœur joie, critiquant avec délectation l'inconstance de l'un ou le flou de l'autre. Caricatural, certes, mais efficace. Du côté de l'UMP, on publie régulièrement le "Kikadikoi", une courte animation censée mettre en évidence les incohérences dans les déclarations du camp Hollande et ridiculiser les socialistes.
Au PS, on a opté pour un format très visuel. Chaque vendredi, le "Mot-à-Mot" s'appuie sur l'actualité pour délivrer un "résumé graphique d'une semaine de campagne". En fait, une seule cible : Nicolas Sarkozy, son bilan et ses propositions. Pour illustrer le propos, le clip parodie des repères visuels bien connus. Par exemple, dans cet épisode, des titres de films célèbres.
• La web-série, fil rouge de Jean-Luc Mélenchon
Dès le mois de novembre, le Front de gauche a lancé "En marche", la web-série de Jean-Luc Mélenchon. Objectif : raconter, de l'intérieur, la réalité de la campagne mais en utilisant une narration plus proche de la fiction. Le succès ne se dément pas. Le 19e épisode, consacré à sa "prise de la Bastille", a été visionné près de 50 000 fois. Une façon de s'adresser "à un public plus jeune, moins politisé", expliquait au Monde l'entourage du candidat lors du lancement de la web-série.
• Les "experts", relais pédagos de Nicolas Sarkozy
Cette fois, il s'agit de faire de la pédagogie. Parlementaires et dirigeants de l'UMP ont été appelés à la rescousse pour expliquer, dans des vidéos d'à peine plus d'une minute, tel ou tel volet du programme de Nicolas Sarkozy. "Ces experts sont membres éminents de commissions parlementaires, ont produit des rapports qui font référence, ont une expérience professionnelle en lien avec le sujet qu’ils abordent", précise la porte-parole du candidat, Nathalie Kosciusko-Morizet. Malheureusement, les intervenants ne sont pas tous très à l'aise devant la caméra et les sujets abordés souvent techniques. Résultat : ces vidéos ont du mal à dépasser quelques centaines de visionnages.
• Quand le PS réinvente une valeur sûre : le porte-à-porte
L'équipe de François Hollande a beaucoup communiqué sur sa vaste opération de porte-à-porte. Le 7 avril, le PS s'est targué d'avoir toqué à l'entrée de 2 292 698 domiciles. Mais cette année, les militants sont invités à employer des techniques de persuasion venues des Etats-Unis. Inutile de perdre son temps à tenter de convertir des électeurs de droite, mieux vaut cibler ceux de gauche tentés par l'abstention pour les inciter à se rendre aux urnes, explique notamment Le Monde.fr. Dans le guide destiné aux "mobilisateurs de terrain", il leur est en outre conseillé de ne pas se lancer dans des débats interminables : pas plus de cinq minutes par foyer ! Et pour donner envie à ses militants d'aller frapper aux portes, le PS semble prêt à tout.
• Le "stand-up", ou la prise de parole en place publique
C'est une initiative imaginée par Arnaud Montebourg, qui l'avait mise en œuvre pour son propre compte durant la primaire socialiste. L'orateur déplie son stand à l'improviste sur une place publique ou dans une rue commerçante, bref, là où il est sûr de trouver du monde. Après une courte prise de parole, vient l'échange avec le public, massé en arc de cercle. Désormais, le député de Saône-et-Loire a mis son idée au service de François Hollande. Il était à Cachan (Val-de-Marne) le 31 mars. Ce même jour, d'autres figures du PS, comme Najat Vallaud-Belkacem ou Malek Boutih, se sont prêtées à l'exercice dans leurs fiefs électoraux respectifs.
• Procurations : les partis prennent les électeurs par la main
Vous ne pouvez pas vous rendre aux urnes le 22 avril ou le 6 mai, et vous ne connaissez personne pour aller voter à votre place ? Les partis politiques, à qui il n'aura pas échappé que le scrutin se tient au beau milieu des vacances scolaires, proposent de vous mettre en relation avec d'autres électeurs (du même bord). Au PS, qui a lancé le site Procuration2012.fr, on comptabilise déjà plus de 16 000 demandes. Reste à trouver des personnes de confiance à qui confier ces procurations. L'UMP a ouvert un site similaire. Et des formulaires sont disponibles sur les sites de François Bayrou, de Marine Le Pen, ou de Jean-Luc Mélenchon. Chaque voix compte !
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.