Les futurs adversaires de François Hollande
C'est maintenant que "les ennuis commencent". En citant Léon Blum, le président élu a probablement pensé aux visages de ceux qui s'opposeront à lui et à son programme. Et ils sont nombreux.
C'est maintenant que "les ennuis commencent" selon François Hollande, repris par Rue89. En citant Léon Blum, le nouveau président élu a probablement pensé aux visages de ceux qui s'opposeront à lui et à son programme. Et ils sont nombreux.
• Les politiques
Depuis le 6 mai, 20h20, et le retrait de Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé est devenu la nouvelle figure tutélaire de l'UMP. C'est lui qui mènera la bataille pour les législatives. Et François Hollande sera dans son viseur à chaque occasion qui lui sera donnée. C'est-à-dire tous les jours. Mais le secrétaire général de l'UMP n'est pas seul : il a appelé son parti à l'unité et décrété une organisation "très collective" pour reconquérir l'Assemblée nationale.
Au côté de Jean-François Copé, les têtes d'affiche du parti ne vont pas désarmer de si tôt. François Fillon, Xavier Bertrand, Nadine Morano, Valérie Pécresse, Jean-Pierre Raffarin ou Laurent Wauquiez seront présents au front, tout comme "la relève", avec Nathalie Kosciusko-Morizet et Guillaume Peltier.
Plus à droite, Marine Le Pen n'épargnera évidemment pas le nouveau président. Mais avec une stratégie différente : démontrer que les programmes PS et UMP étaient les mêmes. Car l'objectif officiel, c'est de devenir "la véritable opposition".
Jean-Luc Mélenchon, enfin, n'est pas vraiment un adversaire. Il a bien souhaité le 6 mai "le meilleur à François Hollande" mais pourrait s'avérer un ami encombrant. Le chef du Front de gauche a déjà prévenu qu'il comptait sur une nouvelle majorité "véritablement ancrée à gauche". Son intransigeance en fait un allié qui pourrait en cas de désaccord politique se retourner contre le locataire de l'Elysée.
Celui qui ne posera pas de problème : Nicolas Sarkozy, désormais devenu "un Français parmi les Français", s'est retiré de la vie politique, d'après son entourage.
• Les dirigeants étrangers
La plupart des chefs d'Etat ont appelé François Hollande pour le féliciter. Angela Merkel, la première à l'avoir joint le 6 mai au soir, est aussi la première à lui avoir mis des bâtons dans les roues. La chancelière allemande a fait savoir dès le lendemain que le pacte européen budgétaire n'était pas renégociable. C'est pourtant l'une des promesses phares du programme socialiste. Le sommet européen du 23 mai s'annonce déjà tendu…
Car tout le monde est d'accord pour retrouver la croissance, comme le prône nouveau président français, mais pas n'importe comment. Pour Mario Draghi, le patron de la Banque centrale européenne, cela passe par des réformes structurelles, comme une libéralisation du marché du travail, explique Le Figaro.fr, et non des plans de relance considérés comme coûteux pour les dettes publiques. L'affrontement avec les autorités financières européennes semble inévitable.
Au niveau mondial, comme le souligne Le Point, Barack Obama risque de voir d'un mauvais œil le départ anticipé des troupes françaises d'Afghanistan, prévu par le projet socialiste. Les sommets du G8 et de l'Otan, organisés aux Etats-Unis entre le18 et le 21 mai, s'annoncent là encore animés. Rien n'est encore défini vis-à-vis d'Israël, mais la position de François Hollande en faveur de la reconnaissance d'un Etat palestinien pourrait ouvrir un nouveau front conflictuel pour la future équipe du Quai d'Orsay.
Enfin, Recep Erdoğan a dû applaudir des deux mains l'éviction de Nicolas Sarkozy, avec qui il entretenait des relations très difficiles. Mais il pourrait rapidement déchanter. Le Premier ministre turc espère en effet que la pénalisation de la négation du génocide arménien, source de lourdes tensions entre Paris et Ankara, ne revienne pas sur la table. Sauf qu'en avril, François Hollande s'est dit favorable à un tel texte, déclarant aux Arméniens de France que leur "histoire ne sera jamais oubliée parce qu'elle ne pourra plus être contestée".
Celui qui ne posera pas de problème : Mario Monti, le chef du gouvernement italien, compte sur le nouveau président français pour relancer le thème de la croissance en Europe.
• Les grands patrons et les grandes fortunes
Depuis son accession au pouvoir en 2007, sa proximité avec les grands patrons français a été fortement reprochée à Nicolas Sarkozy, notamment par le candidat socialiste. Vincent Bolloré, Arnaud Lagardère, Martin Bouygues, Serge Dassault, Maurice Lévy ou encore Bernard Arnault comptent parmi les proches de l'ancien président.
Et l'annulation de la TVA sociale, l'intensification des taxes visant les plus fortunés ne devraient pas faciliter le futur dialogue entre François Hollande et les têtes d'affiche du CAC40. L'instauration d'un écart maximal de rémunération de 1 à 20 dans les entreprises publiques, 26e engagement du projet socialiste, ne doit pas non plus amuser Henri Proglio, le patron d'EDF.
Conséquence directe de la future imposition de 75% pour les revenus annuels dépassant 1 million d'euros, les stars du sport risquent de pointer l'Élysée du doigt. Christophe Jallet, joueur du PSG, avait déjà fait part de son mécontentement pendant la campagne. D'autres pourraient rapidement se faire connaître, l'application de cette mesure étant programmée pour cet été.
Celui qui ne posera pas de problème : Pierre Bergé, l'homme d'affaires et riche mécène a officiellement soutenu la campagne de François Hollande, comme il l'avait fait en 2007 pour Ségolène Royal.
• Les partenaires sociaux
Leur rôle au cours de la campagne a suscité de nombreuses réactions, notamment dans le camp de Nicolas Sarkozy, vent debout contre les "corps intermédiaires". François Hollande a lui salué leur engagement. Il faut dire que de nombreuses organisations syndicales ont appelé à voter pour lui et pour son intention de "revaloriser le dialogue social".
Mais le pouvoir acquis pourrait changer la donne. La CGT n'a pas salué l'élection de François Hollande et la perspective du changement de dirigeants à la tête de ce syndicat laisse augurer un possible "raidissement" de sa ligne directrice.
Certains dossiers pourraient ainsi s'avérer être de véritables sacs de nœuds pour le nouveau gouvernement. Les salariés d'Arcelor-Mittal de Florange, en Moselle, ont reçu des assurances par le candidat Hollande pendant la campagne. Tout comme ceux de PSA Aulnay, le soir du débat d'entre-deux-tours. Ils comptent bien se rappeler au bon souvenir du désormais président.
Même interrogation concernant le Medef, comme l'explique Michel Noblecourt sur son blog du Monde. Sa patronne, Laurence Parisot, a bien adressé de "sincères félicitations" dès le 6 mai à François Hollande, mais ce dernier avait refusé de la rencontrer pendant la campagne. Elle venait en effet de qualifier le travail de Nicolas Sarkozy d'"extraordinaire". Lundi 7 mai, elle a assuré que son organisation "n'est pas partisane", tout en exprimant ses préoccupations sur le recrutement de nouveaux fonctionnaires et l'augmentation de la fiscalité sur les sociétés.
Celui qui ne posera pas de problème : Difficile à dire. Certains syndicats ont salué la victoire de François Hollande, mais à l'image de Jean-Claude Mailly, de Force ouvrière, ils pourraient se montrer exigeants et attendent désormais "un dialogue social normal, c'est-à-dire dans le respect du rôle des interlocuteurs".
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