Les familles des deux adolescents morts en 2005 à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) vont se pourvoir en cassation
Dans le même temps, les familles entendent déposer une citation directe contre les policiers pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui", a annoncé leur avocat, Me Mignard.
La cour d'appel a accordé un non-lieu aux policiers poursuivis dans l'affaire des deux jeunes morts électrocutés qui avait déclenché des émeutes en banlieues en 2005.
Les familles vont citer l'ensemble des policiers concernés par les faits, soit une quinzaine de personnes, devant le tribunal de grande instance de Bobigny, a précisé l'avocat.
Suivant l'avis du parquet, la chambre de l'instruction de Paris a infirmé l'ordonnance rendue en octobre par deux juges de Bobigny (Seine-Saint-Denis), qui avait ordonné un procès des policiers pour "non-assistance à personnes en danger".
Le 27 octobre 2005, deux adolescents, Zyed et Bouna, étaient morts électrocutés dans un transformateur EDF après une intervention de la police. Les gardiens de la paix mis en examen, une policière stagiaire qui était ce soir-là au standard téléphonique et un policier qui était sur place, s'étaient ensuite vus reprocher de n'avoir pas tenté de porter assistance aux adolescents en sachant qu'ils étaient entrés au péril de leur vie dans le transformateur. Ils nient toute responsabilité.
La mort de ces deux jeunes avait provoqué une vague de violences dans les banlieues françaises, qui avaient duré jusqu'au 17 novembre. Quelque 130 policiers et émeutiers avaient été blessés, 300 bâtiments et 10.000 véhicules avaient été incendiés.
Réactions
"C'est un parquet complètement dépendant du pouvoir politique. Le pouvoir politique a toujours une responsabilité dans un dossier ô combien surveillé !", a dénoncé Me Jean-Pierre Mignard, l'avocat des familles de Zyed et Bouna. Il a dit éprouver un "double sentiment de honte et de tristesse" après cet arrêt. "La justice s'est compromise dans un dossier dans lequel elle devait permettre la réunion du tribunal", a-t-il déclaré.
"Dès le premier jour, j'ai réclamé une enquête indépendante puis un débat contradictoire", a rappelé le maire PS de Clichy-sous-Bois, Claude Dilain. "Il n'aura pas lieu et je le regrette, même pour les policiers", a-t-il poursuivi. "Leur non-responsabilité aurait peut-être été plus clairement mise en évidence après ce débat", a-t-il estimé."Il peut y avoir des doutes avec ce non-lieu, parce qu'il n'y a pas eu de débat contradictoire et public". "Avec cette décision, cela va être dur de faire son deuil pour les familles", a souligné l'élu
"Le dossier a toujours été vide, il l'est aujourd'hui encore. La petite voix de la vérité judiciaire a fini par couvrir le tintamarre des leurres médiatiques", a déclaré l'avocat des policiers, Me Daniel Merchataux.
Alliance (second syndicat de gardiens de la paix), dans un communiqué, "exprime sa totale satisfaction à l'annonce de cette décision qui met un terme aux accusations infondées (...) à l'encontre de nos collègues dont le professionnalisme, l'honneur et l'intégrité sont (...) justement rétablis". Il "n'oublie pas", ajoute-t-il, "la douleur des familles de ces deux adolescents qui ont perdu la vie" dans cette affaire.
Pour le secrétaire général d'Unité police SGP-FO (premier syndicat), Nicolas Comte, "c'est avec soulagement pour nos deux collègues (...) que nous prenons acte" de cette décision, qu'il qualifie de "sage et mesurée", a-t-il déclaré. Pour son syndicat, dit encore M. Comte, "l'heure est à l'apaisement, au calme et au respect".
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