Les Etats-Unis ont gardé à Guantanamo pendant des années des centaines de personnes innocentes ou peu dangereuses
Parallèlement, ils ont libéré des dizaines de prisonniers "à haut risque", selon des documents révélés lundi par WikiLeaks.
Le site internet a donné à plusieurs médias occidentaux des documents militaires relatifs aux dossiers de 779 personnes détenues depuis 2002 dans la prison de Guantanamo, sur la base navale américaine de l'île de Cuba.
Certains d'entre eux étaient retenus sur la foi de renseignements souvent incorrects, notamment quand ils avaient été obtenus de détenus malades ou peu fiables ou encore après des aveux extorqués sous la torture, selon le New York Times.
Comme par le passé, WikiLeaks a fourni ces documents à plusieurs médias : le New York Times, le Daily Telegraph, la radio américaine NPR, El Pais, Le Monde, Der Spiegel et La Repubblica. Ces textes confirment une situation déjà largement décrite par la presse internationale.
De nombreux mineurs sans rapport avec les talibans enfermés à Guantanamo
Selon Le Monde, "nombre de mineurs se sont retrouvés à Guantanamo alors qu'ils n'avaient absolument aucun lien avec les talibans".
"Sur les 779 détenus qui ont séjourné à Guantanamo, plusieurs dizaines étaient encore adolescents à leur arrivée. Les rapports d'interrogatoire révélés par WikiLeaks et consultés par Le Monde révèlent que beaucoup de ces jeunes ne comprenaient pas ce qu'ils faisaient là, et que dans certains cas, leurs interrogateurs étaient du même avis.", écrit .
200 détenus à haut risque libérés
A l'inverse, environ 200 détenus, qui avaient été définis comme à "haut risque" parce qu'ils pouvaient constituer une "menace future contre les Etats-Unis ou contre les intérêts des Etats-Unis" ont été libérés ou extradés vers des pays tiers, selon le New York Times.
Au moins 150 prisonniers innocents
Parmi les 779 détenus, au moins 150 étaient des Afghans ou des Pakistanais innocents, arrêtés et transférés à Guantanamo. Ils l'étaient sur la base de renseignements collectés dans des zones de guerre, parfois pris pour une autre personne ou qui se trouvaient simplement au mauvais endroit au mauvais moment.
Dans des dizaines de cas, des hauts officiers américains indiquent qu'"il n'y a pas de fondement à l'extradition" du détenu à Guantanamo. Dans au moins deux cas, selon NPR, les responsables de la prison ont même écrit que des innocents étaient maintenus en détention. Mais il fallut plusieurs mois à ces "innocents" pour rentrer dans leur pays.
Washington déplore la publication de ces documents
Le gouvernement américaine a déploré la publication "malheureuse" de ces documents et s'est défendu en expliquant avoir "fait tout ce qu'il pouvait pour agir avec le plus grand soin et la plus grande application dans le transfert des détenus de Guantanamo".
La prison de Guantanamo accueille actuellement 172 détenus. Le gouvernement américain espère en rapatrier ou envoyer dans des pays tiers une petite centaine, en juger 33 pour "crimes de guerre" et prévoit d'en garder 48 indéfiniment derrière les barreaux sans procès.
La Maison Blanche a réitéré début avril son engagement à fermer à terme la prison de Guantanamo, malgré la décision d'y juger les cinq accusés des attentats du 11 Septembre 2001 et non devant un tribunal de droit commun à New York.
Leur procès pour "crimes de guerre" devant un tribunal militaire d'exception à Guantanamo avait commencé au printemps 2008 avant d'être suspendu sine die par Barack Obama, le soir même de sa prise de fonction, une décision symbolique saluée sur sa gauche.
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