Les déclarations se multiplient sur la prime aux salariés évoquée par le gouvernement
La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a déclaré lundi à ce qu'elle n'était pas favorable à ce qu'une telle prime, qui concernerait des entreprises versant des dividendes aux actionnaires, soit assortie d'un montant "obligatoire".
La veille, le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a annoncé qu'il pourrait y avoir une loi "avant l'été".
De son côté, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, a défendu l'idée de la prime qui relève du "vieux projet gaullien" de l'intéressement et de la participation des salariés. "Il est normal de partager la richesse, les fruits du travail de chacun, donc on partage les bénéfices entre les salariés et les actionnaires", a-t-il estimé.
Un montant sans caractère obligatoire, selon Christine Lagarde
"Je ne pense pas qu'on puisse donner [à ce dispositif] un caractère obligatoire dans son montant", a déclaré Christine Lagarde.
"Ce à quoi nous réfléchissons actuellement, c'est la chose suivante : un mécanisme d'exonération de charges sociales (...) pour que les entreprises puissent payer des primes exceptionnelles à leurs salariés, à titre négocié", a-t-elle précisé. "C'est très important de mon point de vue que les montants, les modalités, la façon dont tout cela s'organise, soit négocié entre d'une part les patrons et d'autre part les représentants des salariés", a dit Christine Lagarde.
Plusieurs formes de primes envisagées par Xavier Bertrand
Pour son collègue Xavier Bertrand, "il faut une partie législative pour dire 'si les dividendes augmentent, il faut une prime pour les salariés'". "Ce que je propose, c'est que le principe soit obligatoire (...) et que les modalités précises soient discutées dans les entreprises".
Ce pourrait être "une prime directe" ou "une prime d'intéressement" ou encore une "prime de participation" par exemple, a-t-il dit. "On peut imaginer des exonérations, fiscales pour l'entreprise et sociales pour les salariés, à hauteur de 1000 euros", a-t-il encore suggéré.
Cette mesure concernerait "les entreprises dans lesquelles il y a des dividendes qui progressent", a-t-il ajouté, tout en précisant : "On sait pertinemment que celles qui sont principalement concernées sont les grandes entreprises". Pour "les autres entreprises, il faut que ce soit les salaires qui bougent", a précisé le ministre.
Parisot rassurée par Lagarde
La patronne du MEDEF, Laurence Parisot, a jugé "rassurants" les propos de la ministre. La semaine dernière, elle avait estimé que le projet gouvernemental était "incompréhensible" et souligné que "70% des entreprises en France ne distribuent pas de dividendes". A ses yeux, la prime est "dangereuse pour l'emploi" .
De son côté, la Chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCIP) a fait savoir que cette prime suscitait "un sentiment d'incompréhension des chefs d'entreprises".
Jeudi, le ministre du Budget, François Baroin, avait indiqué qu'il était désormais "acté" qu'une loi de finances rectificative en juin comprendrait des mesures pour que "les salariés profitent pleinement et mieux de l'augmentation" des bénéfices.
"Un tour de passe-passe" pour le PCF
Le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, a qualifié lundi de "tour de passe-passe" le projet gouvernemental. "L'affaire sent l'arnaque à plein nez. (...) Nicolas Sarkozy tente de nouveau d'exister dans un domaine où il a particulièrement échoué: celui du pouvoir d'achat des Français", a-t-il ajouté.
Samedi, le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, a accusé le gouvernement "d'alimenter [avec son projet de prime] d'alimenter une forme de populisme".
Si cette mesure voit le jour, "il va y avoir beaucoup de déçus", a-t-il dit. "Quelles sont les entreprises qui redistribuent des dividendes ? Cela représente quoi ? 15, 20 % des salariés dans notre pays. Ca veut dire qu'il y a 80 % qui ne l'auront pas", a-t-il poursuivi.
La semaine dernière, Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, avait déjà dénoncé une forme de "compensation dans la communication politique" en référence à la réforme de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF). "Le 'travailler plus pour gagner plus' se fait laminer par les faits depuis des années et je considère qu'on entre dans la période où les enchères montent pour obtenir des voix aux prochaines élections. M. Baroin semble fixer le prix du bulletin de vote à 1.000 euros", avait-il ajouté.
"Les arbitrages vont avoir lieu dans les jours qui viennent", a précisé Xavier Bertrand.
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