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"Les communistes s'engagent dans un pari suicidaire avec le PS"

Les communistes ont fait échouer au Sénat la loi de programmation budgétaire. Ils s'affirment de plus en plus comme des opposants au Parti socialiste. L'analyse de Gérard Grunberg, chercheur à Sciences Po.

Article rédigé par Héloïse Leussier - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, et Marie-George Buffet, le 18 juin 2010. (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

POLITIQUE - Rien ne va plus entre socialistes et communistes. Après avoir retoqué le projet de loi sur la tarification progressive de l'énergie, conduisant au rejet du texte avec les voix de la droite la semaine dernière, les sénateurs communistes ont rejeté la loi de programmation budgétaire en séance, mercredi 7 novembre. La tension est telle que le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a estimé le lendemain sur RMC que les communistes sont "maintenant clairement dans l'opposition". Gérard Grunberg, chercheur à Sciences Po et spécialiste de la gauche, nous explique ce divorce.

Francetv info : Les communistes s’affichent de plus en plus clairement comme des opposants au PS. Peut-on parler de rupture définitive au sein de la gauche ?

Gérard Grunberg : Oui, cela va plus loin qu'un simple désaccord provisoire. Les socialistes s’orientent vers une politique européenne et social-démocrate, avec de la rigueur budgétaire, ce que les communistes ne peuvent accepter. Le clivage européen prend le dessus au point que le PS et les communistes deviennent aussi éloignés l’un de l’autre que le FN et l’UMP à droite.

Pour moi, il n’y a plus de gauche, même si les socialistes et les communistes seront toujours tentés de trouver des arrangements pour les élections locales. C'est pourquoi la rupture avec les communistes ne sera jamais officialisée. Pour donner le change, Jean-Marc Ayrault reçoit d'ailleurs les dirigeants communistes à Matignon.

Les communistes vont-ils continuer à s’opposer au PS ?

Ils n’ont pas d’autre stratégie que d’adopter la ligne Mélenchon, clairement antisocialiste, car c’est pour eux le seul moyen de garder un espace politique. Ils vont donc continuer à se positionner contre le PS, d'autant que leurs militants n’accepteraient jamais une orientation social-démocrate. Mais les communistes s’engagent dans un pari suicidaire ; ils risquent d’être très gênés aux prochaines élections quand il s'agira de définir la ligne politique d'éventuelles listes communes, notamment pour les municipales de 2014

Cette rupture va-t-elle vraiment handicaper le PS ?

Les socialistes ne seront pas complètement empêchés dans leur politique car si, au Sénat, la gauche a besoin de l'appui des communistes pour être majoritaire, ce n’est pas le cas à l’Assemblée, où le PS a la majorité absolue. Or, c'est l'Assemblée qui a toujours le dernier mot pour l'adoption des lois. Mais les processus vont être plus longs et le PS va devoir batailler et surtout veiller à garder le soutien des écologistes.

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