Les cinq points sur lesquels le candidat Sarkozy a attaqué le PS
S'il ne se déclarera candidat que "fin janvier, fébut février", Nicolas Sarkozy a multiplié les attaques à l'égard des socialistes, jeudi soir, à l'occasion de son grand oral sur la crise.
Nicolas Sarkozy l'a assuré, jeudi 27 octobre, sur TF1 et France 2 : il indiquera aux Français sa décision de briguer ou non un second mandat présidentiel "fin janvier, début février". Car le chef de l'Etat dit ne pas vouloir "empoisonner les Français et ne pas leur faire perdre du temps avec des ambitions qui peuvent être les [siennes] et qui ne les intéressent pas à la minute où l'on parle".
Mais à l'occasion de son grand oral sur la crise économique, Nicolas Sarkozy, dont personne ne doute qu'il sera candidat à sa succession l'an prochain, a tout de même attaqué sous plusieurs angles son principal rival, le Parti socialiste.
• Les promesses d'embauches dans l'Education nationale
Nicolas Sarkozy a directement critiqué la proposition faite par François Hollande de rétablir 60 000 postes dans l'Education nationale. "Quand j'entends dire qu'il faut embaucher 60 000 enseignants de plus : mais où est-ce qu'on va trouver l'argent ?", s'est interrogé le chef de l'Etat. "Sans demander une réforme, simplement pour faire plaisir à des organisations syndicales qui le demandent... Où est-ce qu'on va trouver l'argent ? C'est l'argent des Français !", a-t-il fustigé.
"La seule politique possible" aux yeux de Nicolas Sarkozy, c'est "moins d'enseignants, mieux payés, mieux formés, mieux considérés, mieux respectés". Un vœu qu'il avait déjà formulé durant la campagne de 2007. Mais le mois dernier, un rapport de l'OCDE soulignait que le salaire des enseignants français s'est dégradé entre 2000 et 2009, et qu'ils sont moins bien payés que leurs voisins.
• Les retraites
Déjà arc-bouté contre la réfome quand elle était discutée en 2010, le Parti socialiste promet, dans son projet pour 2012, de rétablir l’âge légal de départ à 60 ans pour 41 annuités de cotisations, et l’âge de départ sans décote à 65 ans. "Une protection" pour "ceux qui ont commencé à travailler tôt ou exercé des métiers pénibles", justifie le programme.
Pour Nicolas Sarkozy, cette réforme était "nécessaire" et nous aurait "évité les baisses des salaires et des pensions" qui ont été adoptées en Espagne, au Portugal ou en Italie. C’est "de la gestion rigoureuse", a-t-il ajouté dans un sourire, distinguant ces mesures d’une vraie politique "de rigueur".
• La régle d’or budgétaire
C’était sa proposition phare de l’été : inscrire le retour à l’équilibre budgétaire dans la Constitution grâce à un certain nombre de règles. La gauche s’y est toujours opposée, dénonçant une "opération politicienne". Une attitude très critiquée par le chef de l'Etat qui a profité de l’émission pour la remettre sur le tapis. Tout en soulignant que "tout le monde aurait intérêt [à l'instauration de la règle d'or], l'opposition qui apparaîtrait comme plus responsable, la majorité comme plus ouverte et la France qui aurait des débats plus élevés."
D'ailleurs, l'accord conclu jeudi Bruxelles prévoit que les pays membres de la zone euro transposent les règles d'équilibre du Pacte de stabilité dans leur législation d'ici à la fin 2012.
• Les 35 heures
Vieil angle d'attaque de la droite contre le PS, les 35 heures ont une nouvelle fois été évoquées par Nicolas Sarkozy. Qualifiées de "chose étrange" que les Français ont été "les seuls dans le monde" à mettre en place, "les 35 heures ont ruiné la compétitivité du pays", selon le chef de l'Etat. Elles ont été "une folie payée par les ouvriers et les employés" et ont été une "catastrophe économique et sociale".
Si la France possède en effet la durée conventionnelle hebdomadaire du travail la plus basse en Europe, il faut néanmoins souligner que la durée effective n'est pas plus faible qu'ailleurs. Selon une étude de l'Insee parue en 2010, avec 1 559 heures passées au bureau par an, le Français se situe au niveau de la moyenne des principaux pays de l'UE étudiés par l'Insee (1 564 heures), et au-dessus de la moyenne allemande (1 432 heures).
Les économistes s'accordent par ailleurs à dire que dresser un bilan des 35 heures est peu ou prou impossible. Selon l'Insee, elles ont abouti à la création d'environ 350 000 emplois entre 1998 et 2002 et ont accru la productivité horaire de 4 à 5 %. D'après une enquête de la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques, les bénéficiaires de 35 heures estiment en outre que la loi leur a permis de "mieux concilier la vie familiale avec la vie professionnelle". Et selon un sondage de juin 2008, huit salariés sur dix disaient leur attachement aux RTT.
• Les propositions du PS sur les banques
Les socialistes proposent de séparer les banques de dépôt, qui gèrent l’argent des épargnants, des banques d’affaires, qui investissent en Bourse ? Le président de la République se dit "sceptique" !
Au détour d’une explication sur le fonctionnement des banques qui se voulait très pédagogique, il a taclé cette proposition du programme du PS. "On aurait des banques avec 100 % de risques, et des banques avec 0 % de risques, je ne suis pas sûr que cela soit le meilleur moyen."
Et pas question de laisser passer une éventuelle nationalisation des banques. Alors que seule Ségolène Royal soutenait cette proposition durant la primaire socialiste, et qu'Arnaud Montebourg préfèrait parler de "mise sous tutelle", Nicolas Sarkozy fait mine de prendre la suggestion au sérieux. "La dernière fois qu'on a nationalisé les banques françaises, ça a été une catastrophe !", s'indigne-t-il. Il fait alors référence à la loi de nationalisation du 13 février 1982 votée sous le premier septennat de François Mitterrand, dont il suggère que François Hollande est l'héritier. Une idée pourtant pas si bête, si l'on en croit de nombreux économistes, comme Philippe Brossard, Gérard Horny, Marc Fiorentino ou Eric Benhamou.
Après les heures d'antenne attribuées à la primaire socialiste, Nicolas Sarkozy aura donc eu l'attention des deux principales chaînes jeudi soir. De quoi rééquilibrer un peu les temps de parole. Et offrir la meilleure des tribunes à celui qui n'est toujours pas candidat.
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