Les cinq astuces du gouvernement pour préparer les Français à la rigueur
Face à la dégradation de la situation économique, l'exécutif prépare le terrain avant un nouveau serrage de ceinture. Passage en revue de ses arguments.
Comment préparer le terrain avant un nouveau tour de vis ? C'est l'exercice périlleux auquel se prêtent François Hollande et son gouvernement ces dernières semaines. Face à la dégradation de l'économie, aux mauvaises perspectives de croissance et aux déficits toujours aussi difficiles à résorber, cinq principaux arguments sont brandis par la majorité pour justifier la rigueur qui s'annonce.
1"C'est l'héritage des années Sarkozy"
L'argument est régulièrement répété au détour d'interviews. La morosité économique actuelle découle de mauvais choix opérés lors du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Cet argument a été martelé notamment par Jean-Marc Ayrault devant l'Assemblée nationale, le 19 février. Alors que les déclarations gouvernementales sur les prévisions de croissance alimentent des procès en "amateurisme", le Premier ministre réplique : "5,2% de déficit, c'est ce que vous nous avez laissé."
2"Il ne fait pas beau tous les jours"
Une croissance plus faible que prévu, des recettes prélevées en 2013 qui vont disparaître en 2014 mais qu'il faudra bien compenser… Au-delà des explications, le gouvernement se réfugie derrière la mauvaise conjoncture : comme la météo, ce sont des éléments sur lesquels on n'a pas de prise. Conclusion de Jérôme Cahuzac, ministre du Budget : "Je ne m'engage pas à ce qu'il fasse beau tous les jours."
3"Ce ne sont que des économies"
Evitons les termes qui fâchent : taxation, imposition et autres gros mots économiques. Le gouvernement emploie un vocable simple, proche du bas de laine des Français : les "économies".
4"2014 ne sera pas pire (mais pas mieux)"
Jérôme Cahuzac a admis qu'il faudrait trouver 6 milliards d'euros de recettes supplémentaires l'an prochain, ne serait-ce que pour compenser des rentrées d'argent attendues en 2013 mais qui ne se renouvelleront pas. En 2014 comme en 2013, il faudra garder le cap, confirme le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici : "Une économie qui s'endette est une économie qui s'appauvrit." Mais le gouvernement veut rassurer : 2014 ne sera pas pire que 2013.
5"Les impôts ne visent personne en particulier"
Lors de son discours au Salon de l'agriculture, François Hollande a expliqué que la réduction du déficit public se ferait par des économies, et "subsidiairement par des prélèvements supplémentaires". Quant à savoir qui sera touché, les membres du gouvernement restent évasifs. On ira chercher les 6 milliards d'euros "dans la poche des uns, des autres, de tout le monde ou de vous peut-être", a éludé Jérôme Cahuzac face à Jean-Pierre Elkabbach, sur Europe 1.
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