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Les autorités égyptiennes ont hébergé et transporté le Premier ministre et sa famille pendant les fêtes de fin d'année

En pleine tempête sur les vacances tunisiennes de la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie, un communiqué de Matignon, publié à la suite d'informations du Canard Enchaîné à paraître mercredi, précise que François Fillon a emprunté un avion "de la flotte gouvernementale" du pays pour une excursion à Abou-Simbel.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Michèle Alliot-Marie et François Fillon à l'Assemblée nationale en janvier (AFP PHOTO/JACQUES DEMARTHON)

En pleine tempête sur les vacances tunisiennes de la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie, un communiqué de Matignon, publié à la suite d'informations du Canard Enchaîné à paraître mercredi, précise que François Fillon a emprunté un avion "de la flotte gouvernementale" du pays pour une excursion à Abou-Simbel.

Dans l'édition du 9 février, l'hebdomadaire satirique révèle que le Premier ministre français s'était rendu à la fin de l'année 2010 en famille en vacances en Egypte, à Assouan.

Un communiqué de Matignon publié "dans un souci de transparence" avant même la parution en kiosque de l'hebdomadaire mercredi, apporte plusieurs "précisions" sur ce voyage, effectué du 26 décembre 2010 au 2 janvier 2011.

François Fillon, invité d'Hosni Moubarak en décembre

"Le Premier ministre a été hébergé lors de ce séjour par les autorités égyptiennes. Le Premier ministre, toujours à l'invitation des autorités égyptiennes, a emprunté un avion de la flotte gouvernementale égyptienne pour se rendre d'Assouan à Abou Simbel où il a visité le temple", indique le texte de Matignon.

"Il a également effectué une sortie en bateau sur le Nil dans les mêmes conditions" c'est-à-dire en tant qu'invité.

Pour ce qui est du voyage entre Paris et Assouan, c'est "un Falcon 7X" du gouvernement français qui a été utilisé comme le veut l'usage habituel pour le Premier ministre.

"S'agissant d'un déplacement privé, son billet et celui des membres de sa famille lui sont facturés, sur ses deniers personnels, au tarif établi par l'armée de l'air, conformément à la règle qu'il s'est lui même fixée et qu'il applique à chaque déplacement privé", poursuit le communiqué qui ajoute que "lors de ce voyage en Egypte, le Premier ministre a rencontré le président Hosni Moubarak, le jeudi 30 décembre 2010, à Assouan".

Plus que jamais solidaire de sa ministre des Affaires étrangères
Michèle Alliot-Marie, sur la sellette pour son récent voyage en Tunisie, a obtenu mardi le soutien de François Fillon et de Nicolas Sarkozy, qui écartent donc à ce stade l'hypothèse de sa démission.

Devant les députés UMP réunis au même endroit un peu plus tôt, le Premier ministre, qui a lui aussi dû s'expliquer mardi sur les conditions de son voyage en Egypte, partiellement pris en charge par les autorités locales, avait déclaré que le chef de la diplomatie française avait le soutien de l'exécutif.

"Je voudrais dire à Michèle tout mon soutien. Elle a le soutien du président de la République et du Premier ministre", a dit François Fillon, selon plusieurs participants.

L'opposition réclame quant à elle la démission de la ministre accusée d'avoir utilisé par deux fois le jet privé d'un homme d'affaires tunisien lors de ses vacances en Tunisie fin décembre, peu avant la chute du régime de Zine Ben Ali.
Michèle Alliot-Marie a ensuite dû se justifier elle-même à nouveau mardi, lors des questions d'actualité à l'Assemblée.

"C'est par honnêteté et par éthique que j'ai admis que passer mes vacances entre Noël et le premier de l'An en Tunisie et accompagner un ami dans son avion constituaient a posteriori une maladresse au regard des événements qui se sont déroulés depuis", a-t-elle dit, ajoutant "la polémique, ça suffit. J'ai répondu avec franchise et honnêteté à tout. Je ne répondrai plus à rien."

"On ne peut s'empêcher de faire le lien entre cette impunité totale pour les ministres et puis l'opprobre qui est jetée sur ceux qui sont chargés dans ce pays d'appliquer la justice", a souligné pour sa part Alain Vidalies, vice-président et porte-parole du groupe socialiste à l'Assemblée, en référence à la fronde des magistrats, accusés de dysfonctionnement par Nicolas Sarkozy dans le cadre de l'affaire Laëtitia.

Martine Aubry "consternée"
La dirigeante du PS s'est dite mardi "consternée" par les informations sur les vacances du Premier ministre français François Fillon, invité par le président Moubarak en Egypte, estimant qu'on "voit jour après jour combien le gouvernement avait "perdu le sens de l'esprit public".

Robert Badinter : "ça ne m'émeut pas"

Le sénateur PS Robert Badinter a dit mardi que le prêt d'un avion du président Moubarak à François Fillon pour faire une excursion en Egypte ne "l'émeuvait pas". "Un avion est mis à sa disposition où le président Moubarak l'invite à prendre place pour aller faire cette excursion. Très franchement, ça ne m'émeut pas", a déclaré l'ancien garde des Sceaux de François Mitterrand.

Xavier Bertrand évoque des "règles de sécurité"
Pour le ministre du Travail et de la Santé, Xavier Bertrand (UMP), "es Français savent bien (...) qu'il y a des règles de sécurité particulières. (Le Premier ministre) ne peut pas prendre un avion comme tout le monde. Il ne peut pas justement se comporter comme tout touriste. Ce n'est tout simplement pas possible". "Il y en a marre des polémiques à répétition. Marre aussi d'une opposition qui passe son temps en permanence à dresser une sorte de rideau de fumée par rapport aux problèmes des Français", a-t-il poursuivi.

Bayrou: les vacances de "l'appareil d'Etat"
A Noël, "vous aviez tout l'appareil d'Etat français qui se trouvait exactement dans la même situation, dans les mêmes circonstances, j'allais presque dire dans les mêmes avions, dans les mêmes privilèges", a affirmé le président du Mouvement démocrate. Selon lui, avec de telles pratiques "un, notre parole est moins libre, et deux l'image de la France auprès des opinions publiques des pays en question se trouve singulièrement écornée, singulièrement affaiblie". "Il faut que tout cela change. Hélas, j'ai l'impression que depuis des années non seulement, cela ne s'arrange pas mais cela s'aggrave", a-t-il poursuivi.

A voir :
>> "Un gouvernement qui décolle à plein tube !", titre en Une le Canard Enchaîné du 9 février

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