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Les associations de défense de l'environnement ont dénoncé, lundi à Binic, en Bretagne, "l'indécence" de l'Etat

Elles l'accusent de "double jeu" dans la lutte contre ces algues responsables, selon elles, de "l'échec de la politique de l'eau".Le ministre de l'Agriculture et la secrétaire d'Etat chargé de l'Ecologie ont visité une unité de méthanisation, à Plélo, puis ont inauguré un centre de traitement des algues vertes à Lantic (Côtes d'Armor)
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Des engins traitent des algues vertes dans le site de traitement des algues vertes de Lantic, le 19 juillet 2010. (AFP - Damien Meyer)

Elles l'accusent de "double jeu" dans la lutte contre ces algues responsables, selon elles, de "l'échec de la politique de l'eau".

Le ministre de l'Agriculture et la secrétaire d'Etat chargé de l'Ecologie ont visité une unité de méthanisation, à Plélo, puis ont inauguré un centre de traitement des algues vertes à Lantic (Côtes d'Armor)

"En un an, je considère que des efforts importants ont été accomplis et que des résultats commencent à venir", a affirmé le ministre de l'Agriculture. "On demande aux agriculteurs de changer de cap mais si on veut changer les pratiques, il faut accompagner les agriculteurs", a poursuivi Bruno Le Maire. "L'agriculture doit rester une force et un atout pour la Bretagne. Je suis là pour défendre les milliers d'emplois qu'elle représente (...) Notre problème n'est pas de nous battre entre nous mais de nous battre contre la concurrence, l'Allemagne, la Chine, le Brésil. Nous devons travailler ensemble", a dit le ministre.

Chantal Jouanno s'est réjouie que le ramassage des algues vertes sur la côte soit effectué "dans les 24H", comme le préconisent les autorités sanitaires.

Des associations se sont exprimées avant l'inauguration de ce centre de traitement des algues vertes, dont la prolifération problématique en été est favorisée par la pollution des eaux, principalement d'origine agricole.

Pour Jean-François Piquot, porte-parole d'Eau et Rivières de Bretagne, cette usine de traitement est "le symbole même de l'échec de la lutte contre les algues vertes". "En cette période de crise, où tous les budgets sont réduits, personne ne devrait se glorifier d'avoir dépensé 5 millions d'euros, sortis de la poche du contribuable, pour traiter les algues vertes", ont souligné les associations.

L'Etat "reste maître de l'art du double jeu, a déclaré Michel Guillemot, président de "Halte aux marées vertes". Là même où il devrait cessser tout accroissement de cheptel, il laisse ses préfets autoriser des extensions d'élevage".

Sur place, les ministres se sont heurtés au scepticisme des agriculteurs. "Les scientifiques disent qu'il faut descendre entre 5 et 10 mg de nitrates dans l'eau pour supprimer les algues vertes. C'est une utopie", s'est exclamé l'un d'eux en s'inquiétant des coûts. "On est dans un marché européen. Nous, on est plus victimes que coupables, on part des boulets aux pieds" à cause des mesures environnementales, a dit un autre. Pour Bruno Le Maire, "l'environnement et l'agriculture sont deux choses parfaitement conciliables". "Il faut une agriculture durable, acceptée par la société. C'est aussi votre intérêt économique", a-t-il dit en appelant les producteurs à "concilier compétitivité, rentabilité et respect de l'environnement". "On est prêt à vous soutenir (...) On va réussir à s'en sortir, mais on le fera collectivement. (...) On doit se serrer les coudes" face à "la concurrence, l'Allemagne, la Chine, le Brésil", a-t-il ajouté. "Le défi est devant nous. On peut le relever. Même les 10 mg. Pas dans cinq ans, bien sûr, il faudra du temps", a renchéri Mme Jouanno.

Les algues vertes doivent être ramassées fraîches et traitées vite
Les algues vertes doivent être ramassées "fraîches", dans les 24 heures qui suivent leur arrivée sur les plages, et traitées rapidement, a indiqué le 15 juillet dernier l'Agence de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses).

Le ramassage des algues fraîches est le seul à même de dispenser les travailleurs de "contraintes lourdes de protection", note l'agence, qui souligne qu'il doit s'écouler moins de 48 heures entre le ramassage et le début du traitement.

Lorsqu'elles sont en état de putréfaction avancée, ces algues dégagent de l'hydrogène sulfuré, gaz très toxique qui peut provoquer des irritations des yeux, des voies respiratoires, voire, en cas de concentration élevée, des troubles neurologiques ou même entraîner un arrêt cardiaque.

"La problématique majeure est d'abord pour les professionnels", a expliqué Dominique Gombert, directeur santé environnement travail de l'Anses. "Pour la population générale, la recommandation est de ne pas s'approcher des dépôts d'algues dans la mesure où il n'est pas évident, a priori, de savoir si c'est une algue de 12 heures, 24 heures ou 36 heures", ajoute-t-il.

Environ 70.000 tonnes d'algues sont ramassées chaque année en Bretagne.

Un plan sur 5 ans
Après l'émoi suscité par le décès d'un cheval intoxiqué par des algues vertes sur une plage des Côtes d'Armor, l'été 2009, le gouvernement a présenté en février 2010 un plan de cinq ans dont le principal volet porte sur la collecte et traitement des algues.

Il prévoit une prise en charge par l'Etat du ramassage en 2010 dans la limite de 700.000 euros et la création de trois plates-formes de compostage dans les Côtes d'Armor pour traiter, à partir de 2011, "l'ensemble" des algues ramassées.

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