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Le virage à droite de Sarkozy dénoncé à l'étranger

Les propos du président candidat sur l'immigration et les accords de Schengen ont fait réagir en Europe et aux Etats-Unis. Principale accusation : celle de "courtiser l'électorat du Front national".

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Nicolas Sarkozy en meeting à Marseille, le 19 février 2012. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Le virage à droite de Nicolas Sarkozy dérange hors des frontières françaises. A commencer par Guy Verhofstadt, président belge du groupe libéral démocrate (ALDE) au Parlement européen. Après avoir lancé mardi 13 mars, en pleine session parlementaire, "Qui est le candidat de l’extrême droite ? Marine Le Pen ou Nicolas Sarkozy ?", il a de nouveau harponné Nicolas Sarkozy mercredi. Dans une tribune publiée sur le Huffpost.fr, il estime que quitter Schengen, c’est quitter l’Union européenne. Or, "quitter l'UE ? N'est-ce pas ce que veut l'extrême droite ?" s'est-il interrogé.

Malaise dans l’Union européenne. En menaçant de quitter l’espace Schengen, en faisant campagne pour une politique migratoire restrictive, en se saisissant du thème de la viande halal, l’idole des conservateurs européens a déçu. Même Angela Merkel, supporter en chef du président candidat au lancement de sa campagne, a pris ses distances.

Son ministre des affaires étrangères, Guido Westerwelle, a subtilement rappelé que les accords de Schengen étaient un "bien précieux". Et la chancelière, qui devait initialement assister à des meetings électoraux du président candidat, n’est plus apparue au côté de son poulain depuis leur déclaration croisée sur France 2, le 6 février. Nicolas Sarkozy a finalement assuré qu’elle viendrait en France "à un moment ou un autre" pour "parler de l’Europe", mais ne participerait pas à des meetings.

"Etes-vous sûre que vous voulez ce type, Mme Merkel ?"

Aurait-elle suivi les conseils de la presse allemande ? L’hebdomadaire Die Zeit (article en allemand) a demandé à la chancelière, la semaine dernière : "Etes-vous sûre que vous voulez ce type, Mme Merkel ?", jugeant que Nicolas Sarkozy montrait son "côté hideux" lorsqu’il affirmait que la viande halal était une préoccupation majeure des Français.

Le quotidien de gauche Die Tageszeitung, sous la plume de l’éditorialiste Rudolf Balmer, a observé, après le discours de Villepinte sur l’immigration et les accords de Schengen : "Nicolas Sarkozy a encore fait quelques pas vers la droite. Encore un peu, et il va tomber dans les bras de Marine Le Pen." Et de questionner à son tour : "Angela Merkel va-t-elle continuer à affirmer qu’elle soutient son Nicolas quoi qu’il advienne ?"

La presse américaine aussi

Outre-Atlantique aussi, les dernières déclarations de Nicolas Sarkozy dérangent. Le 8 mars, Bruce Crumley, blogueur pour le magazine Time, taxait le candidat de "xénophobie", décrivant son "imitation de Marine Le Pen" comme "un effort cynique et désespéré pour gagner le soutien de l’extrême droite".

Mais c’est le quotidien économique The Wall Street Journal qui a frappé plus fort encore, en surnommant le président sortant "Nicolas Le Pen", dans un éditorial qui a fait grand bruit en France, mais que le premier intéressé n’a pas souhaité commenter. Le New York Times juge aussi sévèrement "la pêche aux électeurs d'extrême droite" de Nicolas Sarkozy. Pour le quotidien américain, sa campagne prend une tournure "un peu désespérée et plus que moche".

Pour les politiques et médias français, rien de très nouveau. Mais la presse étrangère semble découvrir cette facette de Nicolas Sarkozy et, derrière elle, la main de Claude Guéant. Daniel Flynn, blogueur de l’agence Reuters, rappelle en effet que "Nicolas Sarkozy courtise l’électorat frontiste en reprenant les propos de son très droitier ministre de l’Intérieur, qui rejette le 'multiculturalisme' et estime que les écoles françaises ne devraient pas servir de viande halal."

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