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Le "si je perds, j'arrête" de Sarkozy : un "coup de poker dangereux" selon la presse

Les éditorialistes reviennent vendredi matin sur les déclarations du président candidat. Ils estiment que le scrutin risque de se transformer en référendum pour ou contre lui. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Nicolas Sarkozy en meeting à Saint-Just-Saint-Rambert (Loire) le 8 mars 2012. (ERIC FEFERBERG / AFP)

Nicolas Sarkozy est-il en train d'abattre ses dernières cartes ? La presse estime en tout cas vendredi 9 mars que le président candidat se comporte en "joueur de poker" en annonçant la veille qu'il quittera la vie politique en cas de défaite à la présidentielle. 

Cette stratégie représente un "jeu dangereux", selon Pierre Fréhel, du Républicain lorrain, car elle "risque surtout de fournir à ses adversaires et à ses 'amis' de l'UMP une occasion formidable de se débarrasser définitivement de lui".

Le jeu du "Qui perd gagne"

Même avis du côté de Philippe Palat, du Midi Libre : Nicolas Sarkozy "joue gros et abat son va-tout" en transformant "définitivement ce scrutin en référendum pour ou contre lui" avec, "en filigrane l'audacieuse, égocentrique et irréversible équation : 'C'est moi ou le chaos'".

"La confession paraît trop honnête pour ne pas cacher la vérité", ajoute l'éditorialiste du Midi Libre. "Celle du subterfuge. Qui passe d'abord par un jeu de la vérité médiatisé, puis par un scénario de victimisation. D'attendrissement des masses pour mieux rebondir. Et faire ainsi la preuve du 'Qui perd gagne'."

Précédent avec De Gaulle

"Ce que l'on résumera un peu trivialement en un 'Votez pour moi ou je me casse', constitue un va-tout éperdu et même vaguement suicidaire", renchérit Jacques Camus dans La République du centre, estimant que "la manoeuvre n'a pas le même panache" que le général De Gaulle en la matière.

"Dans l'histoire de la Ve République, il n'y a qu'un exemple de départ annoncé en cas de défaite, celui du général de Gaulle avant son référendum de 1969 sur la régionalisation et la réforme du Sénat", rappelle Hervé Favre dans La Voix du Nord. Or "ces deux questions ont servi alors aux Français de prétexte pour renvoyer le grand homme àColombey."

"Tactique" ou "sincère"?

Daniel Ruiz, dans La Montagne, voit de toute façon dans les propos de Nicolas Sarkozy un "mauvais signal" car "tactique ou sincère, ce 'si je perds, j'arrête' va finir de caraméliser le moral des troupes majoritaires de plus en plus convaincues de la défaite."

"Ce quitte ou double ressemble bien plus à un nouveau défi", juge au contraire François Ernenweindans La Croix. "Devant tant de sondages défavorables, comment ne pas entendre là un appel à la mobilisation, adressé tout à la fois à lui-même et à son camp."

"Et s'il s'agissait en réalité d'un pessimisme volontairement surjoué?", s'interroge également Jean-Claude Souléry dans La Dépêche du Midi"'Si je perds, j'arrête!' C'est toujours ce que disent les joueurs de poker", avertit l'éditorialiste.

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