Le sénateur polynésien Gaston Flosse (divers droite) a été placé en détention provisoire lundi à Tahiti
Son rôle a été qualifié "de central" au sein d'un véritable "pacte de corruption" par le procureur José Thorel.
Il est soupçonné d'avoir bénéficié pendant 10 ans pour lui et son parti de versements d'anciens responsables de l'Office des Postes et Télécommunications et du groupe 2H, chargé de la publicité pour l'annuaire officiel de la Polynésie.
Il est également soupçonné d'avoir, en contrepartie, favorisé l'attribution à cette même société des régies publicitaires de l'office des Postes, de Air Tahiti Nui et de Tahiti Nui Télévision, la chaîne du Territoire.
Le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, s'est refusé mardi à commenter ce placement en détention. "La justice fait son travail, elle suit son cours et je n'ai pas à m'exprimer sur ce sujet",
a-t-il dit. "La justice est indépendante dans notre pays", a-t-il ajouté.
Soutenu par des dizaines de sympathisants
Gaston Flosse, 78 ans, a été accompagné à la prison de Nuutania, à Faaa, dans la banlieue de Papeete, par des dizaines de militants de son parti Tahoera'a Huiraatira et d'amis, vêtus de blancs qui priaient, chantaient des cantiques et lançaient des cris hostiles à la France et à sa justice.
Ces quelques 500 militants ont passé l'après midi sous les fenêtres du palais de justice de Papeete où Gaston Flosse a été interrogé d'abord pendant deux heures par le juge Philippe Stelmach. Il a ensuite comparu devant le juge des libertés et de la détention, qui a décidé son placement en détention provisoire.
"Nous avons dû faire sortir le sénateur par une porte de service pour éviter les débordements", a précisé le procureur José Thorel.
Les détenus de la prison surpeuplée de Nuutania ont accueilli M. Flosse aux cris: "le vieux lion est en prison" ou "bienvenue au vieux lion". Selon les deux avocats du sénateur, la détention de Gaston Flosse ne devrait pas dépasser deux semaines.
Immunité parlementaire levée par le bureau du Sénat
Le placement en détention du sénateur Flosse était possible depuis le 3 novembre et la levée de son immunité parlementaire, autorisée par le bureau du Sénat "à une large majorité", selon son président Gérard Larcher.
Saisi par la garde des Sceaux Michèle Alliot-Marie pour la troisième fois depuis juillet, le bureau du Sénat, composé de représentants de tous les partis, avait répondu cette fois-ci favorablement à la demande du procureur de lever l'immunité parlementaire de l'ancien homme fort de Polynésie, "pour une autorisation de placement en détention provisoire".
Les deux fois précédentes, le bureau du Sénat avait rendu un avis négatif, considérant que la justice n'avait pas été jusqu'au bout de l'ensemble des moyens à sa disposition, notamment une mise en examen.
Le Sénat avait autorisé en juillet une garde à vue de 48 heures de M. Flosse, mais rejeté les autres demandes coercitives du juge d'instruction Philippe Stelmach.
Entre-temps, l'ancien secrétaire d'Etat chargé du Pacifique-sud (1986-88) avait été mis en examen le 30 septembre pour corruption passive, recel d'abus de biens sociaux, et complicité de destruction de preuves.
Sénateur depuis 1998, Gaston Flosse a gardé son mandat malgré une condamnation à une peine d'inéligibilité confirmée en appel en septembre, dans le cadre d'une affaire de détournement de fonds publics.
Le Conseil constitutionnel a considéré que, même si la peine était désormais applicable, il fallait attendre la décision de la Cour de cassation sur le pourvoi introduit par l'élu polynésien.
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