Le racisme anti-musulman a fortement augmenté en 2011
La Commission nationale consultative des droits de l'homme a rendu public son rapport annuel réalisé avant les tueries dans le Sud-Ouest. Il note une hausse de l'intolérance pour la deuxième année de suite.
Dans son rapport annuel rendu public mardi 27 mars, la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) révèle "une augmentation de la méfiance à l'égard des musulmans" et "un rejet croissant des étrangers, perçus de plus en plus comme des parasites, voire comme une menace". Ainsi, pour 51% des personnes interrogées lors d'un sondage réalisé à la fin 2011 par l'institut CSA auprès de 1 033 personnes, "les musulmans forment un groupe à part dans la société", soit un chiffre en hausse de 6 points par rapport à 2009. Et 72% pensent que "les Français musulmans sont des Français comme les autres", une proportion en baisse de 7 points.
Cette commission destinée à assurer un rôle de conseil et de proposition auprès du gouvernement distingue le "racisme", en baisse de 2,4%, "l'antisémitisme", en recul de 16,5%, et le "racisme antimusulman" qui, lui, croît de 33,6%.
• Mise en garde contre toute "stigmatisation" après le drame de Toulouse
Selon la commission, il est encore "trop tôt" pour analyser les conséquences des tueries perpétrées par Mohamed Merah. "Mais il est à craindre que cet événement attise les amalgames, les haines de tous bords, parce qu'il y a un terreau propice à cela", a précisé Sabrina Goldman, pour la Licra, membre de la CNCDH. Et la commission de mettre en garde contre toute "stigmatisation".
• Une intolérance en hausse
Dans son rapport annuel, l'institution relève un "paradoxe" : le nombre d'actes à caractère raciste, antisémite et xénophobe a légèrement diminué, mais l'intolérance a augmenté. "Pour la deuxième année consécutive, la tolérance recule, les sentiments xénophobes se diffusent", s'alarme ainsi la commission.
Par ailleurs, ajoute le rapport, "on assiste à une dangereuse banalisation des propos racistes". Internet "contribue grandement" à ce phénomène, qui "s'alimente également de l'instrumentalisation dans le discours politique de certaines thématiques (identité nationale, immigration, religion-laïcité)".
Pour Marc Leyenberger, qui préside la sous-commission Racisme, discriminations et groupes vulnérables de la CNCDH, cette hausse de l'intolérance constitue une nouveauté : "Pendant vingt ans, on a assisté à un lent recul des préjugés à l'égard de l'autre, mais, depuis deux ans, cette tendance est stoppée."
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