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Le PS impuissant face au cas Guérini

Mis en examen depuis début septembre, l'élu socialiste marseillais refuse de quitter ses fonctions. Et les demandes répétées du PS en ce sens ne changent rien.

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Jean-Noël Guérini au palais de justice de Marseille, le 8 septembre 2011. (SEGURAN / ZEPPELIN / SIPA)

Mis en examen le 8 septembre 2011 pour prise illégale d'intérêts, trafic d'influence et association de malfaiteurs dans une affaire de marchés publics présumés frauduleux, Jean-Noël Guérini s'accroche à ses fonctions. En dépit des demandes répétées de la direction du PS, le président socialiste du conseil général des Bouches-du-Rhône refuse toujours de quitter de son siège

Dès lors, qu'est-ce qui, aujourd'hui, pourrait contraindre Jean-Noël Guérini à la démission ?

"On n'est pas en URSS"

Jeudi 3 novembre, rue de Solférino, la direction du PS fait la moue. "Il refuse de démissionner, dont acte." Face aux journalistes, le porte-parole Benoît Hamon reconnaît son impuissance : "Aujourd'hui, devant son refus de démissionner, nous avons peu d'instruments." 

Il poursuit : "Nous lui avons dit et répété" que son maintien à la tête des Bouches-du-Rhône "gêne le Parti socialiste au regard des faits qui lui sont reprochés". Mais "nous ne pouvons pas obtenir de lui une démission s'il ne le souhaite pas". La direction du PS, "ce n'est pas le politburo, on n'est pas en URSS (…) Vous nous demandez quoi là ? Qu'on encercle le conseil général des Bouches-du-Rhône ?".

"Aucun moyen juridique de destituer Guérini"

Contacté par FTVi, Marcel Verpeaux, spécialiste de droit territorial, confirme qu'"il n'existe aucun moyen juridique de destituer Jean-Noël Guérini de son poste de président de conseil général". "Seul l'Etat pourrait entamer une procédure à son encontre, mais il faudrait pour cela qu'il soit en situation d'inéligibilité - donc condamné -, ou qu'il n'assume plus les fonctions qui sont les siennes, ce qui n'est pas le cas non plus."

"Qui peut l'obliger à se retirer de son poste de président ? Personne", résume dans Le Monde le socialiste Patrick Mennucci, maire du premier secteur de Marseille.

"La seule possibilité est en fait d'ordre politique", explique Marcel Verpeaux. Il faudrait que les conseillers généraux socialistes cessent de collaborer avec leur président. "Si le budget n'est pas voté, si rien ne passe plus et si le conseil général devient ingouvernable, Jean-Noël Guérini ne pourra pas rester à sa tête", confirme au Figaro Christophe Lantoine, collaborateur d'Arnaud Montebourg, l'un des premiers à avoir dénoncé le "système Guérini".

Les élus PS du conseil général pas prêts à lâcher Guérini

Porte-voix des opposants à Jean-Noël Guérini au sein du groupe socialiste, Marie-Arlette Carlotti a appelé son président à démissionner. La conseillère générale a même écrit une lettre à ses collègues socialistes pour les inviter à isoler Jean-Noël Guérini, estimant que celui-ci "met en danger le parti et l'institution". "Notre inaction nous disqualifierait définitivement aux yeux des électeurs", insiste-t-elle.

"Marie-Arlette Carlotti essaye d'exister à travers cette affaire, mais pour nous, il n'y a rien de changé. Il y a présomption d'innocence et l'enjeu national ne nous touche pas", balaye le président du groupe socialiste au conseil général, Mario Martinet, dans les colonnes de La Provence

Selon le quotidien, l'initiative de Carlotti n'a d'ailleurs pas connu le succès escompté. Seuls deux des 31 élus socialistes (les Marseillais Janine Ecochard et Michel Pezet) lui ont répondu favorablement.

Vendredi 4 novembre au matin, une réunion du groupe socialiste au conseil général devrait être l'occasion d'une nouvelle joute verbale entre les pro et les anti-Guérini. Mais pour l'instant, le président du département semble pouvoir dormir sur ses deux oreilles.

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