Le procès de 86 faucheurs volontaires, parmi lesquels José Bové, s'est ouvert lundi à Marmande (Lot-et-Garonne)
En nombre de prévenus, il s'agit du plus important procès de faucheurs anti-OGM jamais tenu en France. Ils sont poursuivis pour avoir détruit, en 2006, 9 hectares de maïs génétiquement modifié.
Devant le tribunal correctionnel de Marmande, José Bové a brocardé lundi le "système totalitaire des OGM" qui "s'impose à l'ensemble de l'agriculture".
Plusieurs dizaines de militants ont accompagné lundi matin les prévenus jusqu'au tribunal, aux cris de "OGM, non, non et non". Ils ont retrouvé devant le tribunal de Marmande une dizaine d'agriculteurs portant une banderole "Faucheurs = destructeurs, menteurs, imposteurs".
Le procès est prévu jusqu'à mardi et le jugement devrait être mis en délibéré. Les faucheurs encourent cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende.
Les prévenus plaident leur cause
Si les faucheurs n'avaient pas transgressé la loi "à visage découvert, sans attaquer les personnes et en assumant leurs responsabilités", "la France serait recouverte d'OGM ", a plaidé José Bové lundi devant le juge.
Depuis 1998, "nous avons mis sur la table de nombreux dossiers scientifiques" qui ont notamment "prouvé" que la dissémination des OGM pouvait se faire sur de longues distances, a souligné le député vert européen.
"Les OGM se disséminent": lorsqu'un champ conventionnel est "contaminé", c'est "irréversible", a encore affirmé l'ex-leader de la Confédération paysanne, déjà condamné pour des fauchages et qui encourt 10 ans de prison.
L'eurodéputé a aussi livré un vrai réquisitoire sur les rouages qui conduisent l'UE à mettre des OGM sur le marché sur la base de rapports scientifiques émis par les multinationales, tel le semencier Monsanto, qui commercialise le maïs OGM MON810 saccagé en 2006.
Interrogés tout l'après-midi par la présidente Aurore Blum, les autres prévenus ont justifié leur action par leur crainte face à une "pollution génétique" et un "hold-up planétaire sur l'alimentation".
Certains ont aussi mis en avant leur désir "d'alerter l'opinion" par une action de "résistance" et de "désobéissance civile", d'autres reconnaissant que ce type de procès pouvait servir de "tribune" à leur cause et "permettre de faire évoluer la loi".
Rappel des faits
Le 2 septembre 2006, entre 200 et 300 personnes avaient fauché une parcelle de maïs OGM MON810 du semencier américain Monsanto, cultivés à Grézet-Cavagnant (Lot-et-Garonne) par Claude Ménara, un des pionniers du maïs transgénique en Aquitaine.
L'eurodéputé Vert José Bové avait ensuite remis aux gendarmes des listes comportant les noms et adresses de plusieurs dizaines de participants revendiquant l'action, une pratique habituelle des "faucheurs volontaires".
"Nous allons plaider la relaxe", a déclaré à l'AFP Me Marie-Christine Etelin, une des trois avocates des 86 faucheurs. Selon elle ils ont agi "en état de nécessité" face à un "danger sanitaire", les parcelles de Claude Ménara "contaminant" les champs voisins.
Ce procès intervient alors que la culture des OGM en plein champ fait l'objet d'un moratoire en France depuis janvier 2008.
Une pétition anti-OGM à Bruxelles
Greenpeace vient de déposer à la Commission européenne une pétition signée par plus d'un million de citoyens de l'UE réclamant la suspension des autorisations de cultures et de commercialisation des OGM sur l'ensemble des 27.
Il y a deux semaines, les ministres allemand, espagnol, italien et français de l'Agriculture se sont opposés à la proposition de Bruxelles de laisser les Etats membres décider s'ils veulent cultiver ou non des OGM. Ils ont souhaité que les décisions continuent à être prises au niveau communautaire.
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