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Le nombre de grévistes et de manifestants semble avoir été nettement plus important mardi que le 24 juin dernier

C'est ce qui ressort des chiffres donnés tant par les directions des entreprises que par les syndicats ou la police.La CFDT a évalué à 2,5 millions le nombre de manifestants (1,12 million selon la police) alors que la discussion sur le projet de réforme des retraites a débuté à l'Assemblée, le gouvernement ayant recours à la procédure d'urgence.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Manifestants à Paris lors de la journée sur la retraite (7/09/2010) (AFP/MIGUEL MEDINA)

C'est ce qui ressort des chiffres donnés tant par les directions des entreprises que par les syndicats ou la police.

La CFDT a évalué à 2,5 millions le nombre de manifestants (1,12 million selon la police) alors que la discussion sur le projet de réforme des retraites a débuté à l'Assemblée, le gouvernement ayant recours à la procédure d'urgence.

Les syndicats se retrouvent mercredi pour définir les suites de la mobilisation. Une nouvelle journée de mobilisation devrait être organisée.

Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault a estimé mardi, peu avant le début de la manifestation à Paris, qu'il y avait "beaucoup plus de monde que le 24 juin" et qu'il avait "espoir que le gouvernement prenne conscience que cette réforme ne peut pas passer". Même tonalité à l'UNSA qui affirme "pari gagné", le gouvernement doit "dire quelles concessions il veut faire". François Chérèque, de la CFDT, a lui fait état mardi, avant le début de la manifestation à Paris, de "la plus grosse mobilisation de ces dernières années".

Les chiffres de grévistes
La grève contre la réforme des retraites a été suivie mardi en France par 24,7% des fonctionnaires d'Etat, en hausse par rapport à la mobilisation du 24 juin, selon le ministère du Travail. Le taux de mobilisation est de 16,2% pour la fonction publique territoriale et de 17,76% pour la fonction publique hospitalière, précise-t-il dans un communiqué. Le taux de participation des fonctionnaires d'Etat était nettement plus bas lors de la précédente mobilisation du 24 juin, avec 18,71% de grévistes.

Même tendance à la RATP où la direction recense 22% de grévistes contre 18% le 24 juin dernier et à la SNCF (42,9% de grévistes selon la direction contre 39,8% en juin).

L'ampleur des manifestations
Comme toujours, les chiffres donnés par les organisateurs et la police sont extrêmement différents. Au total, 1.120.000 personnes ont manifesté en France dans 220 rassemblements, selon le ministère de l'Intérieur qui rappelle qu'il y en avait eu 797.000 le 24 juin dernier en 200 défilés et 1.130.000 le 13 mai 2003 avec 180 rassemblements. La CFDT parle, elle, de 2,5 millions de manifestants. Pour la CGT, qui parle de 2,7 millions de manifestants, il y a eu plus de manifestants qu'en 1995 et 2003, moins qu'au pic de 2009.

A Paris, la CGT a chiffré le nombre de manifestants à 270.000 (soit le double du chiffre avancé le 24 juin dernier). Preuve de l'importance du défilé, quatre heures après le début de la marche, les derniers manifestants s'ébranlaient. La préfecture a estimé le nombre de manifestants à 80.000 personnes. L'affluence a obligé les organisateurs à scinder le cortège en deux parcours différents, selon la CGT. Martine Aubry, Cécile Duflot ou Jean-Luc Mélenchon figuraient dans le défilé.

Marseille: 200.000 manifestants ont été recensés selon les syndicats, 27.000 selon la police (en hausse par rapport à juin)
Bordeaux: entre 40.000 et 100.000 manifestants, chiffre en hausse selon la police et les organisateurs
Rennes: 21.000 personnes, selon la police, à 48.000 selon la CFDT et la CGT, ont défilé, chiffres les plus élevés depuis 2006.
Lyon: entre 16 et 35.000 manifestants (contre 11 et 25.000 personnes en juin)
Toulouse: 110.000 personnes selon les organisateurs, 32.000 selon la préfecture (en juin, les chiffres étaient de 60.000 et 19.000).

Dans les manifestations
De Paris, à Lyon, Marseille ou Bordeaux, ont fleuri des pancartes évoquant la saga politico-financière mettant en scène depuis juin dernier la femme la plus riche de France, Liliane Bettencourt, et le ministre du Travail, Eric Woerth. A Paris, François-Marie Banier, un personnage central de l'affaire poursuivi pour "abus de faiblesse" de l'héritière de L'Oréal par la fille de la milliardaire, a fait une apparition à vélomoteur au coeur de la manifestation pour prendre des photos. "Je trouve ça très beau, c'est la vie de la France, ce n'est pas ce que vous lisez dans les magazines", a-t-il dit à iTélé.

A Bordeaux, une caricature de Liliane Bettencourt et d'Eric Woerth était accompagnée du slogan "les copains et les coquins". "Cette réforme est taillée pour rassurer les marchés financiers et pour plumer les retraités", proclamait une banderole de la manifestationn à Marseille.

A Paris, les manifestants ont largement utilisé l'affiche éditée par le syndicat Sud qui montre une photo de Liliane Bettencourt avec ce slogan: "Il n'y a plus d'argent pour les retraites, qu'ils disaient. Redistribution des richesses !" Des manifestants ont également fait un clin d'oeil au slogan commercial de L'Oréal, avec une pancarte montrant Eric Woerth affublé d'une casserole en cuivre et Liliane Bettencourt, avec cette phrase: "Défendons nos retraites, parce que nous le valons bien."

A Lyon, des pancartes visaient plus directement le président Nicolas Sarkozy et le volet d'éventuel financement illégal de l'UMP de l'affaire Bettencourt. "Il n'y a pas d'affaire Woerth, Il n'y a qu'une affaire Sarkozy", proclamait l'une d'elles. "Bettencourt à Sarkozy, 150.000 euros, c'est illégal", disait une autre.

La position du gouvernement
Le Premier ministre François Fillon a exhorté mardi les députés UMP à "tenir la ligne" sur le report à 62 ans (âge légal) et 67 ans (pension sans décote), points majeurs de la réforme des retraites, tout en promettant des "ouvertures en fin de semaine", notamment sur la pénibilité. Juste avant, lors du petit-déjeuner des responsables de la majorité à l'Elysée, le président de la République Nicolas Sarkozy avait expliqué à ses troupes, selon un participant, qu'il fallait "savoir être ferme" sur le coeur de la réforme et "attentif" sur la pénibilité, les polypensionnés et les carrières longues. Certains membres de la majorité plaident, comme l'opposition, pour des aménagements, notamment pour les femmes, du report de 65 à 67 ans permettant de bénéficier d'une retraite à taux plein.

L'objectif des syndicats
"Si nous ne sommes pas entendus, il y aura des suites à la mobilisation et aucune forme n'est rejetée", a averti mardi sur Europe 1 le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, prédisant alors une journée de grève exceptionnelle.

De son côté, Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, s'est déclaré prêt, mardi sur LCI, à "d'autres initiatives (...) dans l'unité d'action" syndicale si les manifestants dépassaient deux millions.

Quant à la CGC, elle suggère d'affecter une part des recettes de la TVA aux retraites. Le projet gouvernemental "ne garantit pas" le niveau des pensions car "il manque des financements importants", a jugé mardi sur RMC/BFM Danielle Karniewicz, la spécialiste retraites du syndicat CFE-CGC, qui demande "un bouclier retraites".

La position du PS
Le Parti socialiste français a réaffirmé mardi qu'il reviendrait sur la réforme des retraites présentée ce mardi et qu'il rétablirait l'âge légal de départ à 60 ans s'il revient au pouvoir. "Nous défendons la liberté pour les salariés de pouvoir partir à 60 ans, cela ne signifie pas de donner une retraite à taux plein pour tous les salariés à 60 ans, comme a voulu le faire croire le gouvernement", dit-elle dans un entretien publié par le Parisien. "Nous proposons par ailleurs que ceux qui souhaitent travailler au-delà de la durée de cotisation, qui est de 41 ans aujourd'hui, puissent le faire", ajoute-t-elle.

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