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Le ministre du Travail, embarrassé depuis des semaines par l'affaire Bettencourt, s'exprimait mardi matin sur Europe 1

"Je n'ai pas de problème de morale, de déontologie, je n'ai aucune intention de démissionner", a-t-il dit lors d'un entretien sur Europe 1.Eric Woerth être entendu prochainement par la police pour s'expliquer sur les conditions d'embauche de sa femme par la société Clymène, en charge de faire fructifier la fortune de Liliane Bettencourt.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Le couple Woerth en mars 2010 arrivant à l'Elysée pour un dîner officiel. (AFP - Eric Ferferberg)

"Je n'ai pas de problème de morale, de déontologie, je n'ai aucune intention de démissionner", a-t-il dit lors d'un entretien sur Europe 1.

Eric Woerth être entendu prochainement par la police pour s'expliquer sur les conditions d'embauche de sa femme par la société Clymène, en charge de faire fructifier la fortune de Liliane Bettencourt.

"Je n'ai jamais demandé qu'on embauche ma femme", a-t-il martelé à plusieurs reprises mardi matin sur Europe 1. "Je n'ai jamais demandé quoi que ce soit qui concerne mon épouse."

Le ministre du Travail et son épouse doivent être prochainement entendus par la police dans le cadre de l'enquête sur les enregistrements pirates de Liliane Bettencourt. Ils devraient en particulier s'expliquer sur les soupçons de conflit d'intérêts entre son rôle en tant que ministre du Budget et l'embauche de sa femme dans la société Clymène, gérant la fortune de Liliane Bettencourt.

Le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre a affirmé lors de sa garde à vue qu'Eric Woerth, lorqu'il était ministre du Budget, lui avait "demandé de recevoir sa femme et ce pour essayer de la conseiller sur sa carrière", début 2007, selon un extrait du PV publié ce week-end dans Le Monde.

Lundi, déjà, Eric Woerth a répété n'avoir "jamais favorisé" l'embauche de son épouse pour gérer la fortune de Liliane Bettencourt. Les déclarations de Patrice de Maistre "ne me mettent pas en difficulté, ce sont les interprétations mensongères de certains titres de presse", a-t-il par ailleurs commenté.

Florence Woerth a été embauchée en novembre 2007 par Clymène, la société chargée de faire fructifier la richesse de Liliane Bettencourt, avant de quitter ses fonctions en juin. "Les mensonges et les amalgames de la presse cette semaine sont absolument scandaleux et ignobles, il y a vraiment des pros de l'amalgame", a estimé Eric Woerth lundi lors d'un déplacement dans les Yvelines. "On est totalement dans le surnaturel", a-t-il assuré, rappelant avoir lui-même demandé à être entendu dans cette affaire. "Je serai entendu prochainement par la justice comme je l'ai demandé."

L'audition de Maistre met Woerth dans l'embarras
Au cours de sa garde à vue, levée vendredi soir, Patrice de Maistre a assuré qu'Eric Woerth, alors minitre du Budget, lui avait "demandé de recevoir sa femme et ce pour essayer de la conseiller sur sa carrière", selon un extrait du PV d'audition publié par Le Monde. Florence Woerth, recrutée en novembre 2007 par Clymène, a quitté ses fonctions fin juin.

L'avocat du ministre, Me Jean-Yves Leborgne, a assuré aussitôt que l'embauche, "tout à fait normale" de Florence Woerth, ne "résultait pas d'une pression" du ministre et n'avait "aucune interférence" avec ses fonctions passées au Budget. Pour lui "il n'y a pas d'affaire Woerth".

Quelles suites judiciaires à présent ?
Sur le plan judiciaire, les déclarations de Patrice de Maistre pourraient conduire les enquêteurs à entendre prochainement le ministre et sa femme. Le parquet de Nanterre a confirmé lundi soir que les époux Woerth seront entendus par la police "dans de brefs délais". Cependant, aucune date n'a été avancée. Toute audition d'un ministre par la justice nécessite l'accord préalable du Conseil des ministres. Or, aucune demande d'autorisation n'était parvenue lundi matin, a dit Claude Guéant au Monde.

Procéduralement, une audition du ministre se ferait dans le cadre de l'enquête préliminaire sur le contenu des écoutes clandestines réalisées entre mai 2009 et mai 2010 chez Liliane Bettencourt qui suggèrent ce possible conflit d'intérêts mais aussi des opérations de fraude fiscale. Pour cette enquête, Liliane Bettencourt elle-même "sera entendue" par les enquêteurs à une date qui "n'a pas encore été fixée", a indiqué lundi le parquet.

L'Elysée soutient Eric Woerth
De son côté, le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant lui a renouvelé le soutien du président, déclarant lundi au Monde que "l'audition (de Patrice de Maistre, ndlr) telle que relatée par la presse, indique qu'il n'y a aucun délit".

Depuis plus d'un mois, Eric Woerth est englué dans l'affaire Bettencourt: la gauche le soupçonne de conflit d'intérêts entre ses ex-fonctions de ministre du Budget (2007-mars 2010) et celles de son épouse, au sein de Clymène. Trésorier de l'UMP depuis 2002 - il démissionnera fin juillet de ce poste -, il est en outre accusé de financement politique illégal par l'ex-comptable de Liliane Bettencourt, qui n'en apporte toutefois aucune preuve.

Dimanche dernier, la publication d'un rapport de l'Inspection générale des finances (IGF) l'avait dédouané de toute intervention dans le dossier fiscal de la milliardaire. L'exécutif et la majorité l'avait interprétée comme la fin des ennuis.

Eric Woerth et son épouse hués sur le Tour de France
Ce week-end, alors qu'Eric Woerth et son épouse Florence se sont accordés un "instant de détente", selon les termes du ministre du Travail, sur le Tour de France où ils ont suivi la 14e étape, à l'arrivée à Ax-Trois-Domaines (Ariège), le ministre s'est fait huer par le public quand il se trouvait sur le podium.

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