Le ministre de la Santé Xavier Bertrand a estimé mercredi que les laboratoires Servier devaient changer d'attitude
"Je l'avais dit le premier jour (...) : il faut une totale collaboration du groupe Servier", a déclaré le ministre sur i-Télé. Des victimes du Mediator avaient réclamé l'intervention du gouvernement contre le laboratoire qu'ils accusent de retarder les procédures.
Jacques Servier doit être auditionné par les députés ce mercredi soir.
Le fondateur et président du groupe pharmaceutique, doit être entendu à huis clos par la mission d'information de l'Assemblée nationale.
A la Une des journaux il y a quelques semaines semaines, le Mediator a refait parler de lui samedi dernier. Une patiente traitée avec cet anti-diabétique a fait une attaque cardiaque, juste après une expertise judiciaire, nécessitant son placement en coma artificiel.
"Je ne veux pas qu'après l'épreuve de la prise du Mediator et de ses conséquences pour nombre d'entre eux, il y ait ensuite ce qui pourrait être apparenté à l'épreuve de l'expertise judiciaire." "L'expertise est nécessaire mais les conditions de l'expertise doivent être précisées", a dit le ministre de la Santé.
"Sur tous ces sujets, je le dis au groupe Servier : il faut aujourd'hui changer d'attitude. Il faut prendre en compte la situation du Mediator, le nombre de personnes concernées, le drame que cela a constitué pour nombre d'entre elles", a-t-il ajouté.
La patiente est sortie du coma artificiel
Hospitalisée au CHU de Pontchaillou à Rennes, la patiente âgée de 57 ans, placée en coma artificiel, s'est réveillée mardi.
"On ne peut pas dire qu'il y a un lien de causalité direct", a déclaré la pneumologue Irène Frachon qui a mis au jour les dangers de l'anti-diabétique des laboratoires Servier. "Mais il y a une violence procédurière qui peut mettre les patients très fragilisés dans des situations extrêmement difficiles", a-t-elle a jouté.
Lors de l'expertise judiciaire, qui a eu lieu en présence notamment de son avocat, d'un expert judiciaire, d'un avocat des laboratoires Servier ainsi que d'un cardiologue mandaté par ces derniers, "un petit test d'effort", a été demandé à la patiente a relaté Mme Frachon. Mais la pneumologue a dénoncé "le délire procédurier du laboratoire" qui veut "écraser la volonté de réagir des malades par tous les moyens".
"Le tribunal, à la demande de la patiente, a ordonné une expertise judiciaire dirigée par un expert indépendant désigné par le juge. Cette expertise s'est déroulée dans des conditions normales et régulières d'examen et dans un climat serein vis-à-vis de la patiente", a assuré le producteur du Mediator dans un communiqué.
"Le cas de cette patiente est extrêmement complexe, ce qui explique la longueur de l'expertise", a réagi de son côté le laboratoire Servier. "La majeure partie de celle-ci a été consacrée à des questions posées à la patiente et à son avocat en raison de pièces médicales manquantes nécessaires à la compréhension du dossier médical", poursuit le groupe.
Le Mediator retiré du marché en 2009
Le Mediator, un coupe-faim longtemps prescrit comme anti-diabétique, est soupçonné d'avoir provoqué 500 à 2.000 décès entre 1976 et 2009, année de son retrait du marché.
Plusieurs centaines de plaintes ont déjà été déposées contre le groupe auxquelles se sont jointes l'assurance-maladie, la Mutualité française, ainsi que l'association UFC-Que Choisir, entraînant l'ouverture le mois dernier de deux informations judiciaires pour "tromperie" et "homicides involontaires".
Le groupe Servier s'est déclaré prêt à créer un fonds d'indemnisation doté dans un premier temps de 20 millions d'euros, mais les indemnisations sont soumises à des expertises judiciaires.
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