Le ministère de l'Education nationale réfléchit à de nouvelles suppressions de poste d'enseignants de 2011 à 2013
Parmi les pistes, l'augmentation de la taille des classes. Les syndicats, mécontents, accusent le gouvernement d'abandonner "toute ambition éducative".
En mai, le ministère a entamé avec les recteurs d'académie un "dialogue" pour élaborer d'ici le 15 juin un "schéma d'emplois 2011-2013" visant à supprimer des postes de professeurs.
Selon des documents internes, révélés sur le site du Café pédagogique ( www.cafepedagogique.net), le ministère demande aux recteurs de "quantifier les marges de manoeuvre par académie", "sans dégrader les performances globales" du système éducatif, en proposant une douzaine de pistes de travail.
En primaire, il prône d'augmenter le nombre d'élèves par classe, de diminuer la scolarisation des deux ans en maternelle, de déplacer la formation continue des enseignants notamment pendant les vacances, de recourir aux non-titulaires pour les remplacements courts et de supprimer en partie ou totalement les postes d'enseignants dits "Rased" spécialisés contre l'échec scolaire.
A l'école élémentaire (six-onze ans), la suppression d'environ "un millier d'emplois" d'intervenants extérieurs en langue vivante et d'assistants étrangers est évoquée, ce qui "devrait être sans conséquence sur l'enseignement des langues", selon le ministère.
En collège, le ministère propose d'augmenter la taille des classes et de fermer ou regrouper les petits établissements, et dans les lycées de "rationaliser" l'offre éducative et la carte des formations.
La taille des classes n'aurait pas "d'effet avéré" sur les résultats scolaires
Alors que jusqu'à présent le gouvernement assurait que les suppressions de postes (plus de 40.0000 depuis 2008) se faisaient sans toucher aux enseignants devant classe, donc à "taux d'encadrement constant", les pistes de réflexion 2011-2013 suggèrent pour la première fois que ce pourrait ne plus être le cas.
"Hors cas ou situations spécifiques, les études et expériences les plus récentes indiquent que la diminution des effectifs dans les classes n'a pas d'effet avéré sur les résultats des élèves et que les très petites écoles ne s'avèrent plus toujours performantes", écrit le ministère aux recteurs au chapitre "augmentation de la taille des classes dans le 1er degré".
A peine publiées dans la presse, ces "hypothèses" ont été qualifiées d'"inacceptables et insupportables pour l'avenir des élèves" par le SNUipp-FSU, principal syndicat du primaire.
"On ne cherche même plus à augmenter les performances globales et on accepte que dans certains secteurs ou certaines zones géographiques, la performance se détériore", a déploré à l'AFP son secrétaire général, Gilles Moindrot.
Pour la fédération syndicale Unsa Education, qui fait l'hypothèse - non confirmée à ce stade par le ministère - de 16.000 nouvelles suppressions de postes en 2011, "les contradictions n'arrêtent pas" le gouvernement : "d'un côté, il déplore l'échec scolaire ou la violence ; de l'autre, il les aggrave".
"La recherche d'économies budgétaires broie désormais toute ambition éducative pour notre pays", a jugé son syndicat de l'enseignement scolaire, le SE-Unsa.
Le 6 mai, le Premier ministre, François Fillon, avait annoncé la poursuite jusqu'en 2013 de la politique de non remplacement d'un départ à la retraite sur deux dans la fonction publique de l'Etat.
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