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Le meeting de plein air, incontournable de 2012

Le PS et le Front de gauche l'ont adopté depuis quelques semaines, Nicolas Sarkozy s'y met dimanche place de la Concorde. Pourquoi le rassemblement à ciel ouvert séduit-il tant les partis politiques ?

Article rédigé par Salomé Legrand
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des dizaines de milliers de militants, sympathisants du Front de gauche mais aussi simples curieux, sont venus écouter Jean-Luc Mélenchon place du Capitole à Toulouse, le 5 avril 2012, sous une pluie intermittente. (LANCELOT FREDERIC/SIPA)

Mélenchon sur la plage du Prado à Marseille samedi 14 avril, François Hollande au bois de Vincennes et Nicolas Sarkozy place de la Concorde, à Paris, dimanche 15. Presqu’autant que sur les sondages, les équipes de campagne des candidats à la présidentielle ont les yeux rivés sur la météo ! Discrètement initiée par Arnaud Montebourg avec ses stand-up durant la primaire socialiste, la pratique des meetings en plein air a la cote cette année, et tout particulièrement à une semaine du premier tour. FTVi vous explique pourquoi.

• Un coût moindre

En pole position parmi les bonnes raisons d’organiser des rassemblements à ciel ouvert : les économies. Pas de location de salle, dispositif sons et lumières restreint, l’extérieur a tout pour plaire aux trésoriers : "Un meeting de 5 000 personnes nous revient à moins de 20 000 euros au lieu de 40 000 pour une salle couverte", confie le secrétaire général de la campagne de François Hollande, Nacer Meddah, à Paris Match. Le trésorier du PS, Régis Juanico, compte même plus large dans La Croix : "On peut organiser un meeting en plein air pour 10 000 euros avec une sono et une estrade, quand la location d’une grande salle peut coûter 100 000 à 500 000 euros." 

D’ailleurs, François Hollande, qui a tenu une douzaine de ces réunions durant la campagne, n’est pas le seul à plébisciter la formule. Jean-Luc Mélenchon, qui n’avait pas prévu tant d’affluence dans ses meetings, a contracté un nouveau prêt mais surtout multiplié les rassemblements à ciel ouvert.

• Un symbole fort

Moins pragmatique et plus politique : l’héritage historique et la tradition. Des raisons invoquées d’abord par le secrétaire national du Parti de gauche et conseiller spécial du candidat du Front de gauche, Éric Coquerel, interviewé par La Croix : "Nous avons voulu mettre en œuvre le concept consistant à 'prendre des places [publiques]'Pour nous, c’est à la fois une référence au mouvement des indignés en Espagne et à la tradition de la gauche politique et syndicale de se mobiliser en extérieur."  

Côté PS, il s’agit aussi de reprendre la méthode Mitterrand, du temps où il était premier secrétaire du PS et sillonnait les fédérations avec des réunions en plein air. Une manière également de rompre avec l'habituelle image du candidat socialiste sur son fond bleu. "Cela permet à François Hollande d’être dans une relation plus directe avec les Français et de rassembler un public plus large, plus mêlé, car il y a une dimension conviviale qu’on ne retrouve pas dans les meetings", explique Bernard Cazeneuve, son porte-parole, à 20minutes.fr. Et Thierry Saussez, spécialiste de la com’ politique d’analyser pour le site internet : "Avec les chaînes d’info en continu et l’interdiction de la publicité politique, les grandes foules prennent une place inédite dans la campagne. Les placer dans des lieux familiers, au cœur de la cité, a tout son sens."

Et avec un peu plus de recul : "Dans l'histoire de la politique, la place publique est le meilleur endroit pour parler au peupleC'est une notion qui prend son sens durant la guerre de Cent ans, où des orateurs faisaient campagne pour que le peuple rallie les princes Armagnacs ou Bourguignons", précise Nicolas Offenstadt, médiéviste spécialiste de la place publique, interviewé par le site internet de TF1.

• Un comptage avantageux

"Ça permet surtout de raconter n’importe quoi sur l’affluence puisqu’on ne peut pas compter", grince-t-on chez ceux qui n’ont pas adopté la technique. "C'est de la pure communication, de simples effets de manche. On sait précisément combien de personnes peut contenir un Zénith, pas une place !", tacle Jean-François Martins, directeur de la communication de François Bayrou dans Le Figaro.

Interviewée par l’Express.fr, Marisol Touraine, chargée du pôle "questions sociales" dans l’équipe de François Hollande, réplique malicieusement : "L'avantage de ces réunions, c'est qu'elles permettent aux passants de s'arrêter et d'écouter ce que François dit. Ils sortent du boulot pour déjeuner et tombent sur son discours."

Plus festive, moins clivante, plus attractive pour le citoyen curieux, et moins chère, la réunion publique de plein air est donc le must do de la campagne version 2012. Aléas météo mis à part.

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