Le Groupe d'information et de soutien des immigrés prépare un recours en annulation du texte devant le Conseil d'Etat
"Le président Nicolas Sarkozy a été le premier à désigner expressément les Roms. Cette circulaire traduit son discours politique", a déclaré dimanche Stéphane Maugendre, qui préside le Gisti.
"On est dans la provocation à la discrimination", a-t-il estimé.
Le chef de l'Etat a organisé le 28 juillet une réunion à l'Elysée sur les "problèmes que posent les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms". "Avec la circulaire du ministère de l'Intérieur, on joint le geste à la parole.
On vise un groupe de personnes en raison de leur appartenance à une communauté" a encore noté Stéphane Maugendre qui a précisé que le Gisti préparait un recours devant le Conseil d'Etat "pour que la circulaire soit annulée". Actuellement, l'ONG "examine" le document pour voir "s'il constitue une infraction pénale".
Dans une interview au journal La Croix à paraître lundi, l'ancien ministre des Affaires étrangères Alain Juppé estime que la polémique autour de l'expulsion de Roms n'est "pas bonne pour l'image de la France", tout en jugeant que c'est "injuste" et que la position du gouvernement français a été "caricaturée".
L'ex-premier secrétaire du PS François Hollande a quant à lui estimé dimanche que la circulaire du ministère de l'Intérieur du 5 août ciblant expressément les campements de Roms était "à la fois immorale et illégale".
"Cette circulaire est absolument contraire à de nombreux textes juridiques français, européens et internationaux, et contrevient à plusieurs droits fondamentaux reconnus par l'Union européenne et la France et notamment le principe de non-discrimination", a jugé de son côté le député européen Harlem Désir (PS), dans un communiqué.
La circulaire du ministère de l'Intérieur cible expressément les Roms
En préambule, cette circulaire datée du 5 août 2010 et signée par Michel Bart, le directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur, rappelle aux préfets les "objectifs précis" fixés par le président Nicolas Sarkozy, soit "300 campements ou implantations illicites (qui) devront avoir été évacués d'ici trois mois, en priorité ceux des Roms ".
"Il revient donc, dans chaque département, aux préfets d'engager (...) une démarche systématique de démantèlement de (ces) camps" dit encore le texte, cité par l'AFP.
"Réalisation minimale d'une opération importante par semaine"
"Les préfets de zone s'assureront, dans leur zone de compétence, de la réalisation minimale d'une opération importante par semaine (évacuation /démantèlement / reconduite), concernant prioritairement les Roms ", poursuit la circulaire qui est accompagnée d'un tableau type.
La circulaire faisait suite aux décisions prises par Nicolas Sarkozy fin juillet, qui visaient déjà les Roms . "J'ai demandé au ministre de l'Intérieur de mettre un terme aux implantations sauvages de campements de Roms, ce sont des zones de non-droit qu'on ne peut pas tolérer en France", avait affirmé Nicolas Sarkozy.
"La France n'a pris aucune mesure spécifique à l'encontre des Roms ", assurait Eric Besson jeudi
Face aux critiques du Parlement européen sur les récentes reconduites à la frontière, Eric Besson a assuré jeudi dans un communiqué que "la France n'a pris aucune mesure spécifique à l'encontre des Roms ".
"Les Roms ne sont pas considérés en tant que tels mais comme des
ressortissants du pays dont ils ont la nationalité", a-t-il affirmé en assurant que la France "ne met en oeuvre aucune expulsion collective". En contradiction donc avec la circulaire envoyée aux préfets et citée ci-dessus.
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