"Le drapeau français est assez large pour respecter chacun dans ses différences", a-t-il déclaré dans son discours
C'est la première fois qu'un chef du gouvernement assistait à une telle cérémonie. Le ministre de l'Intérieur et des Cultes, Brice Hortefeux, n'était pas présent, selon le maire PS d'Argenteuil.
Dans son discours d'inauguration, François Fillon s'en est pris à la burqa, qualifiée de "caricature" de l'islam.
M. Fillon a notamment évoqué le "droit à l'indifférence" des Français musulmans ainsi que la "bravoure" de ceux qui sont "tombés au service de la France". Cette communauté est "trop souvent l'objet d'agressions que nous ne pouvons pas tolérer", a-t-il poursuivi. Il a révélé qu'en 2009, "30 % des violences racistes", des menaces pour la plupart, avaient été commis contre des musulmans.
"L'ennemi de la cohésion nationale, c'est le clanisme, le communautarisme, l'intégrisme religieux", a dit François Fillon. "Quand on combat l'intégrisme, ce n'est pas l'islam que l'on stigmatise", a-t-il ajouté.
La burqa "caricature" de l'islam
Le premier ministre a évoqué explicitement la burqa, "caricature" de l'islam.
"Il ne faut pas s'y tromper: en renvoyant une image sombre et sectaire, les personnes qui dissimulent leur visage au prétexte de leur foi sont consciemment ou non les opposantes à l'islam de France que vous avez contribué à construire", a dit François Fillon à propos du port du voile intégral.
"L'islam de France, l'islam que vous vivez au quotidien n'a rien à voir avec cette caricature qui abaisse les lumières de votre foi", a-t-il ajouté. "Il n'a rien à voir avec cet extrémisme qui méprise votre adhésion pleine et entière au principe laïc et républicain de la France et c'est pour cela que vous devez vous dresser au premier rang contre ce détournement du message religieux". "C'est à vous les premiers de faire gagner l'intelligence contre l'obscurantisme, de faire gagner la tolérance contre l'intolérance", a ajouté le premier ministre, dont le discours a été salué par des applaudissements et des youyous, le long cri de joie que poussent les femmes au Moyen-Orient et au Maghreb.
Le ministre de l'Intérieur et des Cultes, Brice Hortefeux, n'assistait pas à la cérémonie, selon le maire PS d'Argenteuil, Philippe Doucet. Dans un communiqué, ce dernier a jugé que "cette visite (visait) à racheter la faute du gouvernement sur le mauvais débat à propos de l'identité nationale". L'élu avait précisé avant l'inauguration qu'il y assisterait "dans le cadre républicain".
Entre 5 et 6 millions de musulmans vivent en France. L'islam est la seconde communauté religieuse de l'Hexagone, derrière le catholicisme.
L'Hexagone compte entre cinq et six millions de musulmans, selon le ministère de l'Intérieur chargé des Cultes, dont 33 % se déclarent croyants et pratiquants, et 10 % pratiquants réguliers de la prière du vendredi en milieu de journée, le grand office hebdomadaire en islam. La France est le pays d'Europe qui abrite le plus grand nombre de musulmans.
La communauté la plus importante et la plus ancienne composant l'islam de France est la communauté algérienne: on estime à plus de 1,5 million de personnes le nombre de ses membres, de nationalité ou d'origine algérienne. Il y aurait un million de Marocains, 400.000 Tunisiens, 340.000 Africains subsahariens (du Sénégal et du Mali principalement), 313.000 Turcs, 70.000 musulmans d'Asie.
On compte sur le territoire français entre 1500 et 1800 mosquées et salles de prière, avec en fait quelques dizaines de vraies mosquées. Le plus grand et le plus ancien édifice religieux musulman est la grande mosquée de Paris (Ve) édifiée en 1922 hommage aux musulmans ayant combattu pour la France lors de la Première guerre mondiale.
En mai 2010, la première pierre de la grande mosquée de Marseille a été posée dans le nord de la ville. Elle comptera parmi les plus grandes mosquées de France avec une salle de prière de 2.500 m2. En 2006, il y avait 250.000 m2 de lieux de culte, et il en aurait fallu "plus du double", selon le Conseil français du culte musulman (CFCM).
La pratique religieuse comporte cinq obligations: le pèlerinage à la Mecque, la profession de foi, les prières quotidiennes, l'aumône et le jeûne du mois du ramadan. 80 % des musulmans assurent respecter le jeûne du ramadan et aller à la mosquée pendant cette période. Les spécialistes relèvent que la pratique religieuse est plus forte chez les immigrés récents. 43 % des musulmans nés en France se disent non pratiquants.
Les musulmans de France sont représentés par un seul organisme à caractère religieux, le CFCM. Créé en 2003 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, il est chargé des questions relevant du culte et représente les ifférentes organisations musulmanes pratiquantes en France, souvent regroupées par nationalités d'origine.
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