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"Le drame de Toulouse n'a pas bouleversé la donne électorale"

Les Français continuent à considérer le chômage, le pouvoir d'achat ou encore l'école comme les sujets primordiaux de la campagne, souligne Brice Teinturier, de l'institut Ipsos.

Article rédigé par Ilan Caro - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des candidats à la présidentielle assistent, le 21 mars 2012, aux obsèques des trois militaires tués à Montauban (Tarn-et-Garonne) par le "tueur au scooter". (PASCAL PAVANI / AFP)

Une semaine après la tuerie de l'école juive Ozar Hatorah de Toulouse, un sondage Ipsos-Logica Business Consulting pour France Télévisions, Radio France et Le Monde réalisé les 23 et 24 mars, et publié mardi 27 mars, montre une relative stabilité des intentions de vote au premier tour. Pour Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos France, cet événement tragique n'a pas bouleversé l'équilibre des forces.

La tuerie de Toulouse a-t-elle eu un effet sur les intentions de vote ?

Brice Teinturier : A ce stade, le drame ne semble pas avoir bouleversé la donne électorale, puisque les niveaux des deux candidats principaux sont globalement stables par rapport à la semaine dernière : 28% (-0,5) pour François Hollande et 27,5% (=) pour Nicolas Sarkozy. Tout se passe comme si les électeurs considéraient que le chef de l'Etat s'était bien comporté durant cette séquence, sans pour autant modifier leur intention de vote ni inversé leurs attentes. Ils continuent en effet à considérer que les sujets primordiaux et dont on ne parle pas assez sont le chômage, le pouvoir d'achat ou encore l'école, davantage que la sécurité.

Malgré tout, cet événement a redonné de la présidentialité à Nicolas Sarkozy. Il crée aussi un petit ballon d'oxygène à Marine Le Pen (+1) après une chute dans l'enquête précédente. Il a enfin été préjudiciable à François Bayrou (-1,5), peut-être à cause de l'interprétation très immédiate et très politique qu'il a exprimée sur les motivations du tueur.

Ce drame peut-il tout de même avoir des effets à plus long terme ?

Le thème de la sécurité, jusqu'alors très absent, va s'en trouver relégitimé durablement sans toutefois s'imposer comme un sujet prioritaire. Cela redonne également plus de légitimité à Nicolas Sarkozy quant à son action passée sur ce terrain-là. Mais on devrait observer au fil du temps une atténuation de "l'effet Toulouse" et revenir progressivement à la véritable matrice de cette élection : la crise, le pouvoir d'achat, le chômage… Or, sur ce terrain, François Hollande a l'avantage.

Quant aux éventuels effets électoraux, restons prudents car il est encore un peu tôt pour tirer des conclusions définitives. Mais les premières indications vont bien dans le sens d'une absence de bouleversement électoral.

François Hollande doit-il s'inquiéter de sa baisse continue au second tour (-4 points en trois semaines) ?

Les résultats du second tour dépendront de ceux du premier tour et de ce point de vue, la photographie n'est pas encore figée. Il y a de la fluidité au sein des blocs, même si les blocs eux-mêmes sont assez stables. On observe dans notre enquête qu'au premier tour, le total de la gauche est en hausse de 1 point. Et pourtant, François Hollande, dans les intentions de vote de second tour, baisse de 2 points en une semaine, à 54%. La raison en est simple : les reports des électeurs de Marine Le Pen et de François Bayrou vers Nicolas Sarkozy s'améliorent alors qu'ils étaient particulièrement mauvais.

Du coup, ce score de 54% me paraît plus solide car il repose sur des matrices de report beaucoup plus cohérentes et proches de ce que l'on a pu observer lors des élections passées de la part des électeurs du MoDem et du Front national pour un candidat de la droite traditionnelle.

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