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Le démontage des panneaux signalant les radars fixes est suspendu mais M. Guant confirme qu'ils seront "bien enlevés"

Un moratoire a en effet été décidé pour permettre aux spécialistes départementaux de la sécurité routière de se réunir, ce qui demandera "quelques jours et quelques jours seulement", a précisé le ministre de l'Intérieur, mardi soir sur France 2.Quant aux radars pédagogiques, ils seront implantés "de façon aléatoire", a-t-il dit.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Claude Guéant, ministre de l'Intérieur, en direct sur France 2, le 24 mai 2011. (F2)

Un moratoire a en effet été décidé pour permettre aux spécialistes départementaux de la sécurité routière de se réunir, ce qui demandera "quelques jours et quelques jours seulement", a précisé le ministre de l'Intérieur, mardi soir sur France 2.

Quant aux radars pédagogiques, ils seront implantés "de façon aléatoire", a-t-il dit.


Les radars pédagogiques "ne seront pas implantés comme les panneaux qui signalent les radars fixes, aujourd'hui à distance fixe des dits radars fixes, c'est 400 mètres", a dit M. Guéant. "Ils seront implantés de façon aléatoire, parfois à plusieurs kilomètres en amont, ils seront aussi en des endroits où il n'y a pas de radars", a-t-il précisé.

"Aucun changement de cap", assure Claude Guéant
"S'agissant des panneaux qui signalent la présence de radars fixes, je confirme qu'ils seront bien enlevés", a souligné mardi soir le ministre. "Il a été décidé que les spécialistes de la sécurité routière au plan départemental se réuniraient pour déterminer les points sur lesquels les radars pédagogiques seraient installés. Effectivement, cela demande quelques jours et quelques jours seulement", a-t-il expliqué.

Le ministre a précisé qu'il n'y avait "aucun changement de cap" et que la sécurité routière restait une "grande cause nationale".

Lors de la réunion hebdomadaire à huis clos du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Claude Guéant a affirmé que "36 panneaux ont déjà été démontés" à travers la France et qu'"il n'y en aura pas un de plus avant concertation locale".

"Il y aura toujours un radar pédagogique avant un radar fixe mais il y aura aussi des radars pédagogiques qui ne seront pas suivis de radars fixes", a-t-il ajouté, sous les applaudissements des députés UMP.

Les députés UMP se targuaient mardi d'avoir remporté leur bras de fer avec le gouvernement sur la sécurité routière en obtenant un moratoire sur le démontage des panneaux signalant les radars fixes, qui sanctionnent les excès de vitesse, et le remplacement, à terme, de chaque panneau par un "radar pédagogique".

Ces radars calculent la vitesse des automobilistes et l'affichent sur des panneaux lumineux ou indiquent la mention "trop vite".

M. Guéant s'est également engagé à ce qu'aucune modification législative en matière de sécurité routière ne soit décidée avant de connaître, dans plusieurs mois, les conclusions de la mission d'information parlementaire sur les causes des accidents de la route, lancée le matin même.

"Fillon a dû manger son chapeau"
"Je suggère que Guéant et Fillon se rencontrent pour harmoniser leurs positions. La politique du gouvernement est totalement illisible...", n'a pas manqué d'ironiser le député villepiniste Jean-Pierre Grand, après la victoire des députés frondeurs.

"Fillon a dû manger son chapeau", jubilait un proche du numéro un de l'UMP Jean-François Copé.

Il n'y a "aucune divergence" entre les deux hommes sur la suppression, in fine, des panneaux, a du même coup tenu à souligner l'entourage du ministre de l'Intérieur.

Fillon affichait sa fermeté
Peu avant l'annonce par Guéant de la suspension des panneaux, le Premier ministre François Fillon avait en effet déclaré aux députés UMP qu'il "ne reviendrait pas sur la fin de la signalisation systématique des radars".

"Tous ceux qui ont des propositions en matière de sécurité routière doivent être entendus", avait-il lancé néanmoins à sa majorité frondeuse lors de cette réunion hebdomadaire à huis clos.

De son côté, le porte-parole du gouvernement François Baroin avait assuré sur Europe 1 que la volonté du gouvernement de lutter contre l'insécurité routière "ne sera pas fragilisée par une quelconque initiative parlementaire" et qu'il serait "sans faiblesse" dans l'application des mesures.

Pour sa part, le patron de l'UMP Jean-François Copé avait souhaité mardi que "les choses s'apaisent", soulignant que sur le fond il y a "unanimité" sur cette question.

73 députés en colère
Soixante-treize députés UMP avaient écrit lundi au Premier ministre pour exprimer l'exaspération de milliers d'électeurs contre des mesures du gouvernement en matière de sécurité routière, comme la suppression des panneaux prévenant des radars fixes et l'interdiction des avertisseurs de radars.

Les mesures dénoncées avaient été annoncées à l'issue d'un Comité interministériel sur la sécurité routière réuni en urgence le 11 mai, en réaction à une forte hausse du nombre de morts sur les routes au premier trimestre (+10%) et en avril (+20%).

Outre la fronde des députés UMP, elles ont provoqué la colère d'associations d'automobilistes et de fabricants de radars.

Le courrier des députés frondeurs
Dans le courrier au Premier ministre initié par le député des Bouches-du-Rhône, Richard Mallié, les 73 signataires UMP avaient assuré avoir reçu "en l'espace de quelques jours", des milliers de courriels pour condamner les décisions" du Comité interministériel sur la sécurité routière.

Parmi les députés protestataires, on comptait des membres du collectif de La Droite populaire, comme Philippe Meunier, Jacques Myard et Christian Vanneste, mais aussi des élus sarkozystes comme Alain Gest et Arnaud Robinet et l'ancien ministre Alain Marleix.

"A l'heure où les yeux du monde sont braqués sur l'ancien directeur général du FMI, les Français semblent de plus en plus agacés du comportement de leurs élites et notamment des politiques", déclaraient-ils dans ce courrier. "Nous insistons sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une simple 'mauvaise humeur' passagère mais bien d'une profonde exaspération", prévenaient les signataires.

Si l'augmentation depuis le début de l'année du nombre de décès sur la route est "dramatique", "ne cédons pas aux sirènes des ayatollahs qui souhaiteraient, à les écouter, un monde sans voiture", plaidaient-ils en espérant que François Fillon étudierait avec "bienveillance" ces "remarques".
Pétition d'Auto Plus
L'hebdomadaire Auto Plus a lancé lundi une pétition contre l'interdiction des avertisseurs de radars et la suppression des panneaux prévenant de la présence de radars fixes sur le bord des routes.

Le magazine, qui publie par ailleurs la liste des 100 radars fixes qui "flashent le plus", appelle ses lecteurs à se "mobiliser" s'ils ne sont "pas d'accord avec la décision du gouvernement de supprimer les différents modes d'avertissement de la présence de radars automatiques", panneaux ou avertisseurs.

Dans un communiqué, l'Association française de la presse de l'automobile (Afpa) dit également "soutenir le mouvement de protestation des automobilistes qui va en s'amplifiant, face à une mesure qui paraît essentiellement électoraliste et budgétaire".

L'Afpa, qui se dit "loin de toute considération populiste ou d'une quelconque récupération politique", appelle les pouvoirs publics à "des discussions" qui "permettront d'atténuer la brutalité et la technocratie des décisions".

L'association 40 millions d'automobilistes a estimé lundi que le déploiement d'un millier de "radars pédagogiques" annoncé dimanche par le ministre de l'Intérieur Claude Guéant était une mesure "incohérente" et "insuffisante" pour "compenser" le retrait des panneaux annonçant la présence de radars fixes.

Mission d'information annoncée sur les causes des accidents
Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer (UMP), a annoncé mardi l'installation d'une mission d'information sur les "causes des accidents de la route et la prévention routière". Cette mission, dont le principe avait été acté la semaine dernière, a été décidée en conférence des présidents. Elle sera composée de 32 membres, dont 17 députés UMP et 11 PS.

Interrogé sur le fait de savoir si cette mission allait infléchir la position du gouvernement sur la sécurité routière, M.Accoyer a estimé que "le gouvernement est décidé" et qu'il "était indispensable que le gouvernement réagisse" face à la hausse du nombre de morts sur les routes. Cette mission d'information, qui sera mise en place très prochainement, a été demandée par le président des députés UMP, Christian Jacob, a précisé M.Accoyer.

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