Le déficit des retraites atteindra au moins 70 milliards d'euros en 2050, selon le Conseil d'orientation des retraites
Telle est l'hypothèse la plus favorable, selon le Monde.
"Si aucune mesure n'était prise, le besoin de financement cumulé des retraites à l'horizon de 2050 atteindrait 2 600 milliards d'euros. Un chiffre à rapprocher du montant de la dette publique à la fin 2009 : 1 489 milliards d'euros", écrit
Calendrier
Le ministre du Travail Eric Woerth a détaillé lundi l'agenda de la réforme. La concertation va se poursuivre avec les partenaires sociaux avec des réunions thématiques jusqu'en mai (sur la pénibilité, l'emploi des seniors, les mécanismes de solidarité pour la retraite, le pilotage du système), puis la préparation d'un "document d'options" du gouvernement sur la table en mai.
Le document sera ensuite rediscuté dans des groupes de travail. "Nous allons en juin, entre mi-juin et fin-juin, mettre un projet de texte sur la table. En juillet, il y aura un Conseil des ministres, en septembre on va poursuivre la discussion à l'Assemblée nationale", a-t-il expliqué.
Eric Woerth a par ailleurs ajouté qu'il allait écrire à toutes les formations politiques "pour élargir la discussion". Des entretiens bilatéraux avec les syndicats de fonctionnaires sont prévus "la semaine prochaine", a-t-il ajouté. "Etre fonctionnaire, ce n'est pas être salarié du privé, il est normal que les règles de retraites ne soient pas exactement les mêmes", a-t-il dit.
Il s'est dit ouvert aux propositions des partenaires sociaux, sauf une. "Il y a un sujet sur lequel évidemment le gouvernement n'est pas ouvert, c'est l'augmentation des prélèvements", a-t-il dit. Interrogé sur l'idée d'un prélèvement sur une catégorie de la population, évoquée par l'Elysée, il a répondu: "Il peut y avoir ici ou là un certain nombre de points de recettes qui peuvent être acquis, puisque tel type de profession, tel type d'assiette semblerait comme ne contribuant pas suffisamment au système de solidarité". "Mais la clé de la réforme, ce n'est pas l'augmentation générale des impôts, parce que cela, c'est la diminution générale du niveau de vie", a-t-il insisté.
L'Elysée avait évoqué en fin de semaine dernière la possibilité de créer un "prélèvement spécifique sur une catégorie de population" pour aider à financer les retraites. La petite phrase présidentielle intervient en pleine polémique sur le bouclier fiscal, qui plafonne le montant des impôts payés par les plus riches. Les syndicats reprochent au gouvernement de focaliser les débats sur les efforts à demander aux salariés.
Les déclarations syndicales et patronales
"Ce n'est pas le début de la concertation, c'est le début de la confrontation", a estimé le dirigeant de Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly. A ses yeux, il n'y a "rien à négocier" concernant l'âge du départ à la retraite ou la durée des négociations. Il a insisté sur le fait qu'"il n'y a pas d'urgence sur les retraites", si ce n'est "pour donner des gages aux marchés financiers".
"Nous avons demandé (...) que le gouvernement programme une réunion avec l'ensemble des acteurs autour d'une même table, à savoir syndicats de salariés et organisations patronales", a dit le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault. Mais, a-t-il critiqué, "ce n'est pas au stade actuel dans les intentions du gouvernement". "Ce qui voudrait dire que le gouvernement refuse de créer les conditions d'un vrai débat sur l'avenir des retraites dans notre pays, qu'il joue en quelque sorte la montre avec quelques réunions techniques en attendant la fin du mois de juin" lorsque l'avant-projet de loi serait communiqué aux acteurs sociaux peu avant le conseil des ministres.
Pour la CGT, a poursuivi son secrétaire général, "il est hors de question d'être mis devant le fait accompli".
La CFDT n'a "jamais nié qu'il faille rentrer dans un débat pour faire évoluer notre système des retraites", a déclaré le secrétaire général de la confédération, François Chérèque, mais "le calendrier que nous propose le gouvernement nous semble trop court pour aller au fond des sujets". Selon lui, il présage d'une réforme se limitant à changer les paramètres de l'âge, ce qui risque "d'accentuer les inégalités" du système. Il a cité "ceux qui ont commencé à travailler jeunes, ceux qui ont un métier pénible, les inégalités entre les hommes et les femmes et ceux qui ont des parcours dans la précarité".
Un sondage
A part la CFE-CGC, les syndicats ont fait des 60 ans un symbole à ne pas toucher. Ils sont en phase avec l'opinion. Selon une étude RTL-Harris Interactive diffusée dimanche, 80 % des personnes sondées jugent "nécessaire" de réformer le système, mais une majorité (56 %) ne sont pas prêts à cotiser plus longtemps et 60 % pensent qu'il ne faut pas reculer l'âge de départ.
Le Conseil d'orientation des retraites (COR) doit bientôt fournir au débat sa toile de fond, en livrant les nouvelles projections financières pour l'ensemble du système de retraites sur les prochaines décennies. Mais la publication des données prévue mercredi, pourrait être repoussée à mai, a indiqué dimanche sur RTL Laurence Parisot (Medef).
-> Le Conseil d'orientation des retraites
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