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Le chef du service de chirurgie cardiaque du Centre hospitalier régional (CHR) Bon-Secours de Metz a été suspendu

Il pourrait être sanctionné pour de "graves irrégularités" ayant entraîné une surmortalité élevée parmi ses patients, a annoncé vendredi l'Agence régionale de santé.Outre la suspension du médecin, signifiée vendredi matin par la direction de l'hôpital, une procédure disciplinaire devant le Centre national de gestion a été lancée à son encontre.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Dr Pierre-Michel Roux, 2007 (AFP)

Il pourrait être sanctionné pour de "graves irrégularités" ayant entraîné une surmortalité élevée parmi ses patients, a annoncé vendredi l'Agence régionale de santé.

Outre la suspension du médecin, signifiée vendredi matin par la direction de l'hôpital, une procédure disciplinaire devant le Centre national de gestion a été lancée à son encontre.

Les pratiques du Dr Pierre-Michel Roux sont sévèrement mises en cause dans un pré-rapport rédigé par une mission d'expertise, qui souligne "des réalisations d'actes chirurgicaux multiples non validés, non indiqués voire franchement délétères, qui ne correspondaient à aucune recommandation sanitaire".

Cette mission avait constaté une surmortalité élevée des patients en 2009, conduisant l'ARS à fermer le service dès le 11 octobre. "Pour un même niveau de risques, la mortalité est trois fois moindre dans les autres centres hospitaliers français", a affirmé Jean-Yves Grall, directeur de l'ARS, précisant que cette surmortalité avait continué en 2010. Pour les opérations de remplacement de valves cardiaques, la mortalité est passée de 19% en 2009 à 21% en 2010 pour un niveau d'activité identique, alors que la moyenne nationale est de 6,9%.

Le Dr Roux avait justifié cette surmortalité par "la prise en charge de malades à très haut risque chirurgical". "Refuser d'opérer ces malades aurait en effet amélioré les statistiques (de mortalité) du service. Mais nous avons fait le choix d'opérer des patients et non des statistiques", avait-il déclaré.

M. Grall a jugé vendredi l'explication "inexacte", notant une série de dysfonctionnements: recours systématique à la chirurgie à l'exclusion d'autres traitements, multiplication des actes chirurgicaux lors d'une même opération conduisant à des interventions anormalement longues, importance des chocs sceptiques ou turn-over élevé des praticiens et absences de procédures communes. "Il n'y avait pas de justification collégiale à la réalisation d'interventions chirurgicales, pas d'évaluation bénéfice/risque", a déploré le directeur de l'ARS. Il a souligné que le service de chirurgie cardiaque fonctionnait de manière "autarcique, tant vis-à-vis de l'hôpital que de la communauté nationale des chirurgiens cardiaques".

Concernant l'activité libérale du chirurgien, les auteurs du pré-rapport ont constaté de "graves irrégularités, avec une opacité quant à la réelle information éclairée des patients", et des pratiques "non-réglementaires, voire illégales", selon M. Grall. Des devis relatifs aux dépassements d'honoraires "sont parfois rétroactifs et peu clairs, parfois avec des montants annoncés qui ne correspondent pas aux montants définitifs tels que déclarés aux organismes de sécurité sociale".

Par ailleurs, alors que le seuil minimal nécessaire pour maintenir le service avait été atteint en 2009, "les experts de la mission ont fait remarquer que l'ensemble de la dynamique était dans la recherche de l'accroissement de l'activité", a-t-il poursuivi.

Le service de chirurgie cardiaque devrait reprendre ses activités "dans les prochaines semaines avec une nouvelle équipe de praticiens qualifiés et reconnus", a indiqué le directeur de l'ARS, précisant que "les personnels de l'organisation ne sont pas en cause".

Les conclusions définitives de la mission d'expertise, à laquelle participent deux chirurgiens cardiaques et un anesthésiste, devraient être rendues dans deux mois.

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