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La police a expulsé vendredi matin des squatteurs qui occupaient un immeuble de l'avenue Matignon

Venues en nombre, les forces de l'ordre ont investi vers 07H20 le bâtiment de huit étages pour sortir les membres du Collectif Jeudi Noir qui s'étaient installés fin décembre dans l'immeuble de bureaux vide appartenant à l'assureur Axa. L'opération s'est terminée à vers 08H30.Les squatteurs n'opposaient qu'une résistance passive à leur expulsion.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Les militants de l'association Jeudi Noir occupent depuis fin décembre 2010 un immeuble de bureaux proche de l'Elysée. (AFP - Jacques Demarthon)

Venues en nombre, les forces de l'ordre ont investi vers 07H20 le bâtiment de huit étages pour sortir les membres du Collectif Jeudi Noir qui s'étaient installés fin décembre dans l'immeuble de bureaux vide appartenant à l'assureur Axa. L'opération s'est terminée à vers 08H30.

Les squatteurs n'opposaient qu'une résistance passive à leur expulsion.

Sur Twitter, une vidéo de l'évacuation circule. Une photo des membres de Jeudi Noir dans le camion de police est également visible sur la plate-forme de micro-blogging. Ils étaient en route vers le commissariat du onzième arrondissement de Paris.

"C'était juste un contrôle d'identité qui s'est fait dans les règles de l'art. On a tous été libérés. On retourne prendre nos affaires cet après-midi", a déclaré un membre de Jeudi Noir à la chaîne iTélé en sortant du commissariat. "La suite, c'est d'abord ce soir (vendredi), à 18H00, une 'dépendaison de crémaillère' devant le 22, avenue Matignon. Puis un peu de repos, et très vite une nouvelle action pour réquisitionner des logements", a déclaré à l'AFP Elise Aubry, membre du collectif.

4000 m² innocupés depuis 2006
La justice avait décidé mardi l'"expulsion immédiate et sans délai" de l'immeuble proche de l'Elysée.

Leur action d'occupation visait à dénoncer "le scandale qu'est cet immeuble de près de 4000 m2 inoccupé depuis 2006", a déclaré la députée PS de la Moselle Aurélie Filippetti qui soutient l'association. L'élue a demandé mardi au ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux de ne pas faire évacuer cet immeuble.

"Nicolas Sarkozy reçoit les riches donateurs de l'UMP au Bristol et ce sont des mal logés de l'avenue Matignon qui règlent l'addition!", a dénoncé Aurélie Filippetti.

Le tribunal d'instance du VIIIe arrondissement de Paris a estimé mardi que l'occupation de l'immeuble de bureaux de l'avenue Matignon constituait un "trouble manifestement illicite".

Les squatteurs avaient dit qu'ils résisteraient
Les occupants, "pas surpris", ont entrepris de résister aux forces de l'ordre. "On va barricader bien comme il faut", a réagi Elise Aubry, une squatteuse de 27 ans. Les vitres ont déjà été recouvertes de cartons et des portes ont été entreposées près de la porte d'entrée. Au cas où.

"J'ai le coeur serré", poursuit-elle, visiblement abattue: "Il n'y a pas d'urgence à expulser, et il y a des gens qui sont là et qui n'ont pas de logement." Une trentaine de personnes sans logement (étudiants, chômeurs, jeunes travailleurs précaires) sont installées dans ce bâtiment, au coeur de Paris.

En octobre, le squat de la place des Vosges à Paris, déjà organisé par Jeudi noir avait été évacué à l'aube, dès le lendemain d'une décision judiciaire similaire.

Les premières réactions

Groupe PCF/parti de Gauche du Conseil de Paris
"En plein hiver, à deux pas de l'Elysée, le seul crime de ces jeunes précaires est de ne pas pouvoir suivre le train d'enfer de la spéculation immobilière parisienne. Quelques semaines après la publication du rapport de la Fondation Abbé-Pierre qui souligne une crise du logement jamais égalée, cette décision s'apparente à une provocation. Les élus du Groupe communiste et élus du parti de gauche apportent tout leur soutien au collectif Jeudi Noir".

Jean-Paul Huchon, président PS de la région Ile-de-France, et Emmanuelle Cosse, vice-présidente chargée du logement (Europe Ecologie-Les Verts): "Il est aberrant d'expulser des jeunes précaires en plein coeur de l'hiver alors même que ce bâtiment est inoccupé depuis plusieurs années et que la crise du logement frappe particulièrement les étudiants et les jeunes." Ils "demandent au gouvernement d'augmenter significativement la taxe sur les logements vacants pour les communes de plus de 200.000 habitants et d'instaurer un droit d'expropriation des logements en état de vacance anormalement longue".

Les jeunes socialistes
"Cette nouvelle condamnation (...) n'est qu'un révélateur de l'inaction du pouvoir en place face à un problème qui gangrène la France. Alors qu'il manque 2,5 millions de logements en France, le gouvernement refuse toujours de mettre en application la loi de réquisition des logements vides et d'engager un vaste plan de construction de logements. Le Mouvement des Jeunes Socialistes demande la mise en place de l'encadrement des loyers, la multiplication par quatre des amendes pour les communes ne respectant pas les 20% de logements sociaux et la réquisition par les préfets ou les tribunaux des logements inoccupés".

Cécile Duflot, secrétaire nationale d'Europe Ecologie Les Verts: Jeudi noir "se voit une fois de plus criminalisé et sous la menace d'une expulsion imminente par une intervention policière. Le gouvernement ne prend même plus de gant avec sa jeunesse. Il expulse des jeunes précaires, au coeur de l'hiver, mais se garde bien de proposer les solutions pérennes en matière de logement (...) La jeunesse française est aujourd'hui condamnée à la débrouille, au canapé des copains, au squat ou à la rue, sans que quiconque ne sourcille dans l'équipe du président Sarkozy."

NPA: "Les raisons invoquées pour justifier l'expulsion ne sont que des prétextes pour traquer un collectif qui pose de façon concrète le scandale des immeubles vacants alors que le mal-logement ou l'absence de logement est toujours une cruelle réalité." Le parti d'Olivier Besancenot "réaffirme sa solidarité avec les militants de Jeudi noir et dénonce une décision judiciaire qui s'inscrit tout-à-fait dans le cadre de la loi Loppsi 2".

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