La polémique sur les effets du Taser est relancée après la mort lundi d'un malien ayant reçu deux décharges à Colombes
Cet homme de 38 ans est mort d'une asphyxie, selon les premiers éléments de l'autopsie, dans la nuit de lundi à mardi après son interpellation au cours de laquelle "il y a eu usage de par deux fois".
Les forces de l'ordre étaient intervenues pour un différend entre l'homme et son co-locataire.
La préfecture avait auparavant donné "un malaise cardiaque" comme cause du décès.
Celui-ci relance le débat sur la dangerosité de cette arme. C'est la première fois en France qu'une utilisation du Taser coïncide avec la mort d'un homme, contrairement aux Etats-Unis et au Canada.
Olivier Besancenot lance une pétition
Dans une pétition qu'il a commencé à faire circuler mardi, Olivier Besancenot, porte parole du NPA, demande au ministre de l'Intérieur "un moratoire immédiat sur l'utilisation du pistolet Taser", rappelant le "lien étroit" entre son usage par la police et "le décès de plusieurs dizaines personnes aux Etats-Unis et au Canada".
Outre M. Besancenot, les premiers signataires étaient mardi le député Noël Mamère (Verts) et plusieurs élus de Colombes (Hauts-de-Seine), une municipalité gérée par la gauche.
Mardi matin, lors d'un point presse, le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a déclaré que "l'alternative au Taser dans le monde entier, c'est l'arme à feu, et là précisément il n'y a pas eu d'utilisation d'arme à feu". "Il n'y a pas d'autre alternative au Taser", a-t-il insisté.
IGS saisie, une autopsie demandée
Lundi soir vers 23h30, la police a été appelée à la suite d'un différend entre l'homme et son ami qui l'hébergeait, a-t-elle relaté. Lors du contrôle d'identité, l'homme a "pété les plombs" et est parti chercher un gros marteau pour frapper l'un des policiers au niveau de l'arme accrochée à la ceinture. Cet individu, décrit comme violent et de forte corpulence par une source policière, s'est alors enfui dans les étages de l'immeuble.
Il s'est débattu violemment et a blessé quatre des huit policiers venus le maîtriser. Les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes et d'un bâton de défense afin de le neutraliser, "sans succès".
Par deux fois, les policiers ont fait usage du Taser mais les décharges n'ont pas semblé avoir d'effet sur lui. Une fois maîtrisé, l'homme a été escorté dans l'ascenseur pour être emmené au commissariat, mais il a fait un malaise.
Les sapeurs-pompiers, déjà sur place pour soigner les policiers blessés, ont porté assistance à la victime. Malgré l'aide du Samu, l'homme n'a pas pu être réanimé.
Le syndicat policier Alliance a invoqué la "légitime défense" pour expliquer l'utilisation du Taser dans l'interpellation. De son côté, Brice Hortefeux a indiqué mardi midi que les policiers ont été "contraints d'utiliser" le Taser.
Le parquet de Nanterre a saisi l'Inspection générale des services (IGS, dite "police des polices") pour connaître les circonstances exactes de cette interpellation aux conséquences fatales. Une autopsie doit être pratiquée sur le corps.
La victime, arrivée en France en 2003, disposait d'une autorisation provisoire de séjour datant de 2006, qui n'était plus valable, et était sous le coup d'un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière en date du 17 mars 2010, selon une autre source policière.
Le Taser, une arme très controversée
Le directeur de Taser France, Antoine di Zazzo, déclarait mardi que "seule l'autopsie de cet homme permettra de dire si notre pistolet est responsable de ce décès". "A ce jour, dans le monde, le Taser n'a jamais tué quelqu'un", affirme-t-il.
Cette arme à impulsion électrique délivre un "dard", une onde électrique de 2 milliampères pour 50.000 volts, ce qui vise à bloquer le système nerveux et tétaniser la personne visée durant quelques secondes. Cette arme est donc censée servir à maîtriser des personnes, sans risque de les tuer. Le pistolet Taser a reçu un agrément officiel pour équiper police, gendarmerie et police municipale. Il demeure au centre d'une polémique depuis plusieurs années.
Au-delà de nos frontières, le Taser est très critiqué par des organisations comme Amnesty International, qui assure que ce pistolet s'avère extrêmement dangereux pour des personnes vulnérables comme les cardiaques, les toxicomanes et les femmes enceintes. L'organisation parle de centaines de morts aux Etats-Unis.
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