Cet article date de plus de treize ans.

La juge a décidé lundi le maintien en détention du président du FMI, suivant l'avis du parquet de New York

Dominique Strauss-Kahn, 62 ans, est accusé d'avoir agressé samedi une femme de chambre dans la suite qu'il occupait à l'hôtel Sofitel de Manhattan.Il devait être conduit lundi à la prison de Rikers Island à New-York où il bénéficiera d'une cellule individuelle.La prochaine comparution devant la justice de DSK a été fixée au vendredi 20 mai.
Article rédigé par France2.fr avec agences
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 9min
Dominique Strauss-Kahn, au côté de son avocat, comparaît dans un tribunal de New York, lundi 16 mai 2011. (AFP)

Dominique Strauss-Kahn, 62 ans, est accusé d'avoir agressé samedi une femme de chambre dans la suite qu'il occupait à l'hôtel Sofitel de Manhattan.

Il devait être conduit lundi à la prison de Rikers Island à New-York où il bénéficiera d'une cellule individuelle.

La prochaine comparution devant la justice de DSK a été fixée au vendredi 20 mai.

Les avocats de la défense ont rejeté lundi l'ensemble des accusations. Ils ont également proposé la libération du directeur général du Fonds monétaire international contre le versement d'une caution d'un million de dollars et la remise de son passeport à la justice.

La juge Melissa Jackson a refusé en évoquant un risque de fuite du patron du FMI.

Paupières tombantes, visage défait, Dominique Strauss-Kahn a écouté sans réaction la juge ordonner son placement en détention provisoire et refuser sa libération.

Les arguments du parquet

Le parquet a fait valoir que les rapports préliminaires des experts corroborent les accusations de la plaignante et que si l'accusé retournait en France, il ne serait pas possible de le faire revenir aux Etats-Unis.

DSK fait l'objet de sept chefs d'accusation, dont acte sexuel criminel et tentative de viol et de séquestration.

L'acte sexuel criminel, qui recouvre une fellation forcée en droit américain, correspond en droit français à un viol. Le terme de viol ne recouvre en droit américain que la seule pénétration vaginale forcée.

Le parquet a aussi indiqué qu'une enquête était ouverte sur une autre affaire sexuelle dans laquelle Dominique Strauss-Kahn aurait pu être impliqué.

Au-delà du choc politique provoqué en France par son interpellation, le patron du FMI, qui nie les faits, risque jusqu'à 70 ans de prison.

Ses avocats ont annoncé qu'il rejetait toutes les charges, allait plaider non-coupable et entendait se défendre "vigoureusement".

L'un d'eux, Ben Brafman, a déclaré qu'il était "très probable" que Dominique Strauss-Kahn serait disculpé. Ses avocats ont assuré qu'il coopérait pleinement avec les enquêteurs, ajoutant que la personne avec laquelle DSK a déjeuné samedi témoignerait qu'il n'a pas fui l'hôtel.

La femme de chambre désigne formellement DSK
Une employée d'un hôtel Sofitel où il était descendu à New York s'est plainte d'avoir été agressée par DSK alors qu'il sortait nu de sa douche.

Agée de 32 ans, cette femme qui travaille au Sofitel depuis trois ans et "donne entière satisfaction", selon la direction de l'hôtel, l'a formellement identifié dimanche lors d'une présentation parmi plusieurs autres personnes, a annoncé la police.

Des traces de griffures auraient été trouvées sur le torse de Dominique Strauss Kahn, qui a accepté dimanche des examens supplémentaires qui ont été pratiqués sur sa personne et dont les résultats devraient être connus dans les prochains jours. Des traces d'ADN (du sperme ?) sont également en cours d'exploitation.

Selon le New York Post (un tabloïd), qui cite ses voisins et collègues, cette immigrée africaine d'1m80, mère célibataire, qui a au moins une fille de 16 ans, se trouverait actuellement "en état de choc". "La direction de l'établissement nous a demandé de ne pas lui poser trop dequestions parce qu'elle est très affectée", selon une employée sous couvert d'anonymat. La jeune femme n'a pas d'antécédent judiciaire et ne semble pas avoir jamais rencontré Dominique Strauss-Kahn précédemment, selon la presse américaine.

De son côté, la police ne faisait aucun commentaire et se refusait à révéler l'identité de la victime présumée..

Anne Sinclair, épouse de Dominique Strauss-Kahn, a affirmé dimanche dans un communiqué qu'elle ne croyait "pas une seule seconde aux accusations portées contre (son) mari" et ne doutait "pas que son innocence soit établie".

Le récit des faits, selon la police
Les faits dont est accusé Dominique Strauss-Kahn se seraient produits samedi en milieu de journée à l'hôtel Sofitel situé près de Times Square.

Selon un porte-parole de la police, la victime est entrée dans la suite 2806, croyant qu'elle était vide pendant que DSK prenait une douche. "Il s'est approché d'elle par derrière et l'a touché de manière inconvenante. Il l'a forcée à accomplir un acte sexuel", a affirmé le porte-parole.

M. Strauss-Kahn a ensuite fourni lui-même les renseignements qui ont permis à la police de l'interpeller à l'aéroport Kennedy de New York en appelant son hôtel pour qu'on lui fasse porter un téléphone portable qu'il avait oublié, selon la police.

La procédure judiciaire américaine
Suivant la procédure pénale américaine, l'audience préliminaire, qui intervient habituellement dans un délai de 24 heures après l'établissement des charges, est la première comparution d'un accusé devant la justice. A cette occasion, l'accusé présente le choix de sa défense, soit il plaide coupable, soit il plaide non coupable des faits qui lui sont reprochés. DSK plaidera non coupable.

Le président du tribunal procède alors à la lecture des chefs d'accusation qui, dans le cas de Dominique Strauss-Kahn, sont au nombre de sept, dont acte sexuel criminel et tentative de viol et de séquestration.

L'accusation et la défense font alors valoir des arguments sur le maintien en détention du prévenu ou sa remise en liberté, le plus souvent contre une caution.

Si l'accusé plaide non coupable, le bureau du procureur procède à une présentation des éléments de preuve préliminaires devant un jury de 23 membres réunis à huis-clos. C'est ce jury qui détermine officiellement les chefs d'inculpation contre le prévenu.

Lire aussi:

Un économiste reconnu

Dominique Strauss-Kahn, 62 ans, en dehors d'être directeur général du Fonds monétaire international (FMI) depuis 2007, est un économiste reconnu.

Candidat à l'investiture socialiste en 2006, il fut largement devancé par Ségolène Royal, finalement battue par Nicolas Sarkozy. Lequel, une fois à l'Elysée, a ensuite à soutenu sa candidature au FMI. "Pour éloigner un rival potentiellement dangereux", susurrèrent alors certaines mauvaises langues...

DSK, comme il est surnommé, vante un "socialisme du réel", "celui d'une gauche efficace au temps de la mondialisation", qui ne se résigne pas pour autant "au pragmatisme et à l'ordre établi".

Pour la présidentielle de 2012, Dominique Strauss-Kahn, tenu à un strict devoir de réserve du fait de ses fonctions au FMI, caracolait jusque là en tête des sondages depuis des mois. Et ce aussi bien dans les enquêtes sur l'investiture par les socialistes à la primaire d'octobre que dans celles sur les intentions de vote pour le premier tour de la présidentielle.

Né le 25 avril 1949, professeur d'économie et avocat d'affaires, ancien ministre de l'Economie de Lionel Jospin formé à HEC et à Sciences Po Paris, ce polyglotte puise dans son passé d'enseignant pour expliquer des concepts compliqués. Son allure élégante et décontractée lui a souvent valu l'étiquette de dilettante, récusée par ses proches.

Jouant de son image et de son aisance, il ne dédaigne pas les pages mondaines des magazines, se montrant volontiers en compagnie de sa troisième épouse, l'ex-journaliste de télévision Anne Sinclair.

Jeune économiste engagé au PS, il est élu pour la première fois député en 1986. Il a été réélu en juin 2007, avec un score de plus de 55 %, député de la
circonscription populaire de Sarcelles (Val-d'Oise), mandat qu'il a abandonné en devenant le patron du FMI.

Il entre pour la première fois au gouvernement en 1991 comme ministre délégué (puis à part entière) à l'Industrie et au Commerce extérieur. Il sera de 1997 à 1999 ministre de l'Economie et des Finances, menant à Bercy une politique "réformiste", pilotant le dossier du passage à l'euro ou l'ouverture du capital de France Telecom. Il avait été contraint de démissionner en novembre 1999 à la veille d'une mise en examen dans le dossier de la MNEF. Fin 2001, il a été lavé de tout soupçon.

En dépit de la crise de 2008 (quand on lui avait reproché une liaison avec l'une de ses subordonnées au FMI), il a peaufiné au fil des mois une stature internationale de premier plan. Depuis son départ à Washington, ses amis se sont organisés pour préparer son atterrissage sur la scène nationale et sa candidature à la primaire socialiste.

Le dépôt des candidatures s'ouvre le 28 juin. Auparavant, Dominique Strauss-Kahn devrait assister fin mai au G8 de Deauville et s'atteler avec l'Union européenne à élaborer un nouveau plan de sauvetage de la Grèce. Devrait...

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.