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La journée de mobilisation contre la réforme des retraites, la 4e depuis un mois, a atteint un record de participation

CGT et CFDT ont avancé le chiffre de 3,5 millions de manifestants dans la rue mardi, tandis que le ministère de l'Intérieur a évalué l'affluence à 1,23 million.Nouveauté par rapport aux précédentes journées de mobilisation, les jeunes, lycéens et étudiants, étaient en nombre dans les cortèges.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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"La retraite c'est la vie, pas la survie" pouvait-on lire sur le dos d'un très jeune manifestant du cortège parisien (AFP - Joël SAGET)

CGT et CFDT ont avancé le chiffre de 3,5 millions de manifestants dans la rue mardi, tandis que le ministère de l'Intérieur a évalué l'affluence à 1,23 million.

Nouveauté par rapport aux précédentes journées de mobilisation, les jeunes, lycéens et étudiants, étaient en nombre dans les cortèges.

Les manifestations de mardi ont rassemblé davantage de monde que les manifestations record "anti-crise" de mars 2009, qui avaient fait descendre dans la rue 3 millions de personnes selon les syndicats et 1,2 million selon la police.

Les grèves, dont certaines sont appelées à se poursuivre touchent des secteurs clés comme les raffineries.

Le 23 septembre et le 2 octobre, les manifestations avaient rassemblé en France entre un et trois millions de personnes, selon les estimations.

Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a annoncé mercredi que 61 personnes avaient été interpellées mardi et 45 mises en examen pour des faits présumés de violences, en marge des manifestations en France contre la réforme des retraites.

l'une des mesures phare de la réforme, le report de 65 à 67 ans de l'âge de départ à la retraite sans décote.

La mobilisation augmente, François Fillon maintient le cap
La CGT de Bernard Thibault
a revendiqué "des niveaux de participation inégalés". "Ce n'est pas un baroud d'honneur, la mobilisation monte d'un cran", selon le président de la CFTC, Jacques Voisin.

"Gouvernement et Parlement ont une lourde responsabilité: ils ne peuvent ignorer les manifestations", a mis en garde la CFDT de François Chérèque.

Le Premier ministre François Fillon a opposé une fin de non-recevoir : "nous sommes décidés à mener cette réforme à son terme", a-t-il répété excluant de nouvelles "concessions" alors que le Sénat a déjà voté les deux mesures phare de la réforme, recul à 62 ans de l'âge légal de départ et à 67 ans de l'âge de la retraite sans décote.

Le ministre du Travail Eric Woerth s'est déclaré mercredi "calme, serein, déterminé".
La journée d'action "était un mouvement fort", a-t-il estimé. "C'est une réforme qui est forte, donc qu'il y ait des manifestations fortes, ce n'est pas surprenant", a-t-il dit.
Il a fait valoir que, s'agissant des grèves dans la Fonction publique, il y avait eu "moins de monde qu'en 2003" et a rappelé que cette année là, il y avait eu "neuf journées de grèves reconduites, c'était le cas aussi en 2007 pour les régimes spéciaux".

La numéro un du PS Martine Aubry a dénoncé l'"entêtement" du gouvernement "qui ne mène nulle part, sauf à des risques d'affrontement", appelant l'exécutif à "faire preuve de responsabilité".

L'entrée en scène des lycéens et des étudiants
Des milliers de lycéens et étudiants ont rejoint bruyamment les cortèges à Paris comme en province. "Sarko, t'es foutu, la jeunesse est dans la rue", scandaient à Toulouse des centaines de jeunes. 357 lycées (sur 4.302 en France), ont été touchés, voire bloqués par la contestation, selon le ministère de l'Education.

Dans toute la France, ils étaient "plus de 150.000 jeunes dans la rue", selon l'Unef, premier syndicat étudiant. 90.000 lycéens ont défilé, selon l'UNL, leur première organisation.

La présence des jeunes - qui ravive le souvenir de la mobilisation de 2006 contre le CPE- inquiète le gouvernement. François Fillon a qualifié d'"irresponsable" la "tentation de l'extrême gauche et d'une partie du PS" de "mettre des jeunes de 15 ans dans la rue".

Une mobilisation en hausse partout en France
A Paris, les deux cortèges parisiens - entre Montparnasse et La Bastille - ont vu défiler quelque 330.000 manifestants selon l'intersyndicale, 89.000 selon la police. Un record là aussi.

Des participations en hausse, parfois jamais atteintes auparavant, ont été relevées dans plusieurs grandes villes, comme à Rennes (22.000 personnes à 60.000), Nantes (de 39.000 à 95.000), Rouen (de 23.500 à 75.000), Grenoble (de 14.000 à 72.000), Lyon (de 18.500 à 45.000).

Entre 30.000 et 145.000 personnes ont défilé a Toulouse, où l'intersyndicale a prévu une nouvelle journée d'action jeudi, avant celle programmée au niveau national samedi.

A Marseille, les manifestants étaient entre 24.500 selon la police et 230.000 selon les syndicats. Le Syndicat Unité SGP Police / Force Ouvrière a accusé la hiérarchie des Bouches-du-Rhône de sous-estimer le chiffre et de "ridiculiser" ainsi la police.

A Bordeaux on a recensé 35.000 à 130.000 manifestants, à Montpellier 12.000 à 70.000, à Caen 26.000 à 50.000, à Nancy 10.000 à 45.000, à Clermont-Ferrand 15.000 à 35.000.

A Roanne (Loire), les syndicats ont appelé à manifester tous les jeudis, samedis et mardis. En 1995, Roanne avait été une ville symbole de la contestation de la réforme Juppé de la Sécu, avec des manifestations quotidiennes pendant quatre mois.

A Caen, la police et des manifestants ont échangé pendant une heure des gaz lacrymogèes et des projectiles divers. Un jeune a été blessé par un tir de grenade lacrymogène.

A Saint-Nazaire, des échauffourées se sont également produites et une douzaine de personnes ont été interpellées.

Les transports et les raffineries fortement touchés par la grève
La grève a été forte dans deux secteurs stratégiques : la SNCF et le pétrole. Onze des douze raffineries en métropole étaient touchées par des grèves, parfois partielles.

La SNCF a recensé 40,4% de grévistes (+3 points que le 23 septembre), et la CGT 53,75%, en hausse de près de cinq points.

Même la tour Eiffel n'a pas été épargnée et a dû fermer à cause de la grève d'une partie du personnel.

Une nouvelle journée de mobilisation prévue pour samedi 16 octobre
Pour la première fois, la poursuite des arrêts de travail est à l'ordre du jour
. A la RATP, des assemblées générales ont largement reconduit la grève pour mercredi, selon la CGT. La direction de la RATP prévoit trois trains sur quatre et un trafic "quasi normal" pour les bus et le tramway, précise un communiqué mardi soir.

Les cheminots devant se réunir mercredi pour parler des suites, la SNCF prévoit des perturbations du trafic identiques à celles de mardi.

La CGT du groupe Total, majoritaire, a appelé à la grève reconductible. Elle a déjà été votée dans les terminaux pétroliers du Havre.

Des arrêts de travail ont aussi affecté l'Education nationale (de 22,13% à plus de 45% de grévistes selon les sources) et la Poste, mais plus faiblement (de 16,5% à 30%).

Alors que des derniers sondages révèlent l'appui de 69% de la population au mouvement, les syndicats ont programmé une nouvelle journée de protestation samedi que Bernadette Groison (numéro un de la FSU) prédit encore plus large.

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