La France a célébré lundi la 5e Journée nationale contre l'esclavage avec plusieurs manifestations
"La France est aujourd'hui à l'avant-garde de la lutte contre l'esclavage moderne, fléau qu'elle est déterminée à combattre sans faiblir".
Cette déclaration de Nicolas Sarkozy a été lue lundi par le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, lors de la cérémonie officielle dans les jardins du Sénat à Paris.
En 2006, l'ancien Président Jacques Chirac avait fait du 10 mai une journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions.
L'association SOS Racisme a dénoncé "l'absence de personnalités politiques de premier plan - président de la République ou Premier ministre - (qui) nuit gravement à la solennité de cette cérémonie".
La date du 10 mai correspond à l'adoption de la loi Taubira
L'esclavage a été officiellement aboli en France en 1848. La date du 10 mai correspond à l'adoption définitive par le Sénat en 2001 de la loi Taubira reconnaissant à l'esclavage des populations d'origine africaine le caractère de crime contre l'humanité. Si la France a reconnu à l'esclavage le caractère de crime contre l'humanité, il n'en est pas de même pour d'autres pays européens.
La Fondation européenne du mémorial de la traite des Noirs, ainsi qu'un historien français, Louis Sala-Molins, et un responsable du musée afro-américain de Washington, John Franklin, ont ainsi annoncé récemment leur intention d'interpeller à ce sujet la Grande-Bretagne, le Danemark, les Pays-Bas, le Portugal et l'Espagne.
A Paris, une cérémonie devant le monument du général Alexandre Dumas
Autre temps fort de cette journée du 10 mai, une cérémonie de commémoration organisée place du général Catroux à Paris (XVIIe arrondissement), devant le monument au général Alexandre Dumas, père de l'écrivain, par l'association des amis du général Dumas, la ville de Paris, l'ambassade des Etats-Unis et l'Unesco a réuni quelques centaines de personnes
Le général Dumas, né esclave en Haïti, est "une figure majeure de la Révolution française" et un "symbole de l'abolition de l'esclavage ", a souligné l'écrivain Claude Ribbe, président de cette association. Ce mémorial, 5 m de haut, 5 tonnes, représentant des fers brisés, est le seul lieu de la capitale à évoquer la mémoire des esclaves. A cette occasion, l'armée française devait rendre les honneurs (Sonnerie aux morts, Marseillaise, Chant du Départ) au général Dumas, aux esclaves et à ses descendants.
Au programme de cette cérémonie figuraientt également la projection d'un documentaire de l'Unesco: "Les routes de l'esclave, une vision globale" évoquant la déportation massive des populations africaines et la présentation d'un spectacle mis en scène par le comédien d'origine guyanaise Stany Coppet, qui incarnera le 13 mai sur France 2 (à 23h50), le général Dumas, dans le film "Le diable noir" de Claude Ribbe.
A Nantes, un mémorial dédié à l'abolition de l'esclavage; à Bordeaux une cérémonie présidée par Alain Juppé
A Nantes, principal port négrier français du XVIIème au XIXème siècle, et qui se flatte d'être la première ville à avoir brisé le tabou sur son passé, la première pierre d'un mémorial dédié à l'abolition de l'esclavage a été posée lundi. Situé sur un quai de la Loire, où accostaient jadis les bateaux de la traite, le Mémorial de 7.000 m2, d'accès gratuit, ouvrira en septembre 2011. La romancière haïtienne Yannick Lahens a été conviée pour la pose de la première pierre.
A Bordeaux, le maire UMP Alain Juppé a présidé au parc Toussaint Louverture une cérémonie pour "dire la vérité" sur le passé de "port négrier" de la ville, évoquant cette "tache sur la mémoire de Bordeaux", cette histoire "honteuse, parfois occultée".
Une esplanade abritera un espace avec 2.000 plaques commémoratives des expéditions négrières, avant un passage à fleur d'eau à l'intérieur même du quai.
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