La Croix-Rouge reconnaît des dépassements de temps de travail, "pour sauver des vies"
Après les conclusions d'un rapport de l'inspection du travail, l'association risque près de trois millions d'euros d'amende. Sans compter la rémunération due aux salariés et leur indemnisation au titre du préjudice subi.
Mauvaise passe pour la Croix-Rouge. La célèbre association s'est rendue coupable de 3 800 infractions à la législation sur le temps de travail en 2014 dans son siège parisien, selon un rapport de l'inspection du travail, révélé, dimanche 31 mai, par Le Parisien / Aujourd'hui en France.
Ce rapport "de 206 pages" pointe le temps de travail excessif des 480 salariés du siège parisien de l'association (14e arrondissement), dont le contrat de travail prévoit 37 heures hebdomadaires pour les non-cadres, selon le quotidien.
Sur les 3 800 infractions constatées en 2014, "environ 3 300 concernent des journées de travail supérieures à dix heures", d'autres portent sur "des dépassements de la durée hebdomadaire maximale" (48 heures selon la loi), écrit le journal. Les inspecteurs du travail pointent également une "privation du repos quotidien minimal", soit onze heures entre deux périodes travaillées.
La Croix-Rouge s'explique
L'association a réagi, dimanche, assurant que cette situation est liée à sa mission, "sauver des vies". "Nos missions demandent une grande mobilisation et disponibilité de nos salariés et bénévoles, quelle que soit l'heure du jour ou de la nuit" et "malheureusement, l'urgence ne prévient pas", explique la Croix-Rouge.
"Loin de confondre activité salariée et bénévolat", la Croix-Rouge travaille "pour trouver des solutions" permettant "à la fois de continuer d'assurer les missions pour lesquelles la population a besoin de nous, tout en protégeant nos salariés", assure-t-elle. Elle évoque un "rendez-vous avec le ministère du Travail pour apporter des réponses efficaces et durables à cette question".
Une facture qui pourrait s'élever à 11 millions d'euros
Les infractions constatées sont sanctionnées de 750 euros chacune par le Code du travail, ce qui représente une amende de plus de 2,8 millions d'euros. En incluant la rémunération due aux salariés et leur indemnisation au titre du préjudice subi, la facture pourrait atteindre 11 millions d'euros pour la Croix-Rouge, selon Le Parisien.
Interrogé par le quotidien, le délégué CFE-CGC, syndicat majoritaire, Eric Laurent assure que "cela fait seize mois que nous alertons la direction sur les dérives en matière d'heures supplémentaires".
"On n'a pas affaire à un problème de sous-effectif, on est en face d'une inorganisation totale du travail", ajoute le syndicaliste, qui cite des "demandes récurrentes de dernière minute, demande de refaire le travail, travail inutile. Les gens sont épuisés. Certains commencent à 7 heures et terminent à 20 heures".
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