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La Cour de cassation a rejeté mercredi la demande de dépaysement du dossier formulée par le procureur général.

L"avocat de deux prostituées et celui du directeur du Carlton ont fait savoir mardi qu"ils allaient s"opposer à une telle mesure. Le parquet général de la Cour de cassation a lui aussi recommandé que les juges lillois ne soient pas dépaysés.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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L"avocat de deux prostituées et celui du directeur du Carlton ont fait savoir mardi qu"ils allaient s"opposer à une telle mesure. Le parquet général de la Cour de cassation a lui aussi recommandé que les juges lillois ne soient pas dépaysés.

Les juges lillois resteront en charge de l'enquête sur l'affaire de proxénétisme présumé au Carlton de Lille. C'est ce qu'a décidé mercredi la Cour de cassation. L"enquête sur cette affaire a été déclenchée à Lille au début de l"année 2011. Les prostituées impliquées dans l"affaire y ont trouvé "des enquêteurs et des magistrats qui les ont écoutées sans avoir un jugement de valeur dans la façon de leur parler ou de les regarder", alors que "ce n'est pas toujours le cas", selon Me Didier Bouthors, avocat spécialisé. Il entend invoquer cet argument mercredi devant la Cour de cassation pour plaider contre le dépaysement du dossier.

D"autre part, Me Gérald Laporte, avocat de deux prostituées qui se sont constituées partie civile, entend également invoquer le fait que ces clientes n"ont pas été notifiées de la requête de dépaysement du parquet, datée du 25 octobre. Pour le conseil, elles auraient dû l"être en tant que partie civile, ce qui rend la requête de dépaysement irrecevable.

Craintes d"une « perte de temps considérable »

Selon leurs témoignages et ceux de mis examen, les jeunes femmes ont participé à des parties fines avec Dominique Strauss-Kahn, le commissaire de police Jean-Christophe Lagarde et deux hommes d'affaires nordistes, ainsi qu'à des voyages à Washington pour rendre visite à l'ex-patron du FMI. "Si on dépayse, le dossier va dormir pendant 6 à 8 mois parce que le magistrat devra en prendre connaissance. Or pour elles il n'y a rien de plus angoissant que l'attente, cela ne leur permettra pas de se reconstruire", a argué Me Laporte.

C'est aussi l'argument développé par Frank Berton, qui défend Francis Henrion, directeur de l'hôtel Carlton et propriétaire de l'Hôtel des Tours, à Lille, deux établissements où des prostituées auraient travaillé. "Il va y avoir une perte de temps considérable", estime cet avocat qui se dit "persuadé" que "c'est un moyen d'enterrer le dossier". Le procureur demande ce dépaysement au motif que l'implication supposée de M. Lagarde et d'un avocat pourrait mettre en péril "l'impartialité et la sérénité de la justice". Or, Me Berton fait remarquer que M. Lagarde a été suspendu de ses fonctions et n'a pas le droit de venir dans le Nord.

Au total huit personnes ont été mises en examen dans cette affaire, principalement pour proxénétisme aggravé en bande organisée, dont un avocat et M. Lagarde. Cinq d'entre elles (deux propriétaires et un chargé d'affaires d'hôtels lillois ainsi que deux chefs d'entreprise nordistes) ont été incarcérées.

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