Cet article date de plus de treize ans.

La cour d'assises de Paris a annoncé jeudi le renvoi sine die du procès de l'Allemand Dieter Krombach

Accusé du meurtre de Kalinka Bamberski en 1982, le médecin allemand âgé de 75 ans n'est plus en état de comparaître suite à un malaise coronarien survenu ce week-end, a estimé la cour d'assises après expertise médicale.Le procès n'aura duré que quelques jours. L'audience s'était ouverte le 29 mars avant d'être suspendue lundi jusqu'à ce jeudi.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5 min
Dieter Krombach face à André Bamberski (Croquis de l'audience du 29 mars 2011 - Cour d'assises de Paris). (AFP/Benoit Peyrucq)

Accusé du meurtre de Kalinka Bamberski en 1982, le médecin allemand âgé de 75 ans n'est plus en état de comparaître suite à un malaise coronarien survenu ce week-end, a estimé la cour d'assises après expertise médicale.

Le procès n'aura duré que quelques jours. L'audience s'était ouverte le 29 mars avant d'être suspendue lundi jusqu'à ce jeudi.

Le procès reprendra dans son intégralité lors d'une autre session d'assises, avec un autre jury à une date qui n'est pas encore fixée, même si la présidente de la cour Xavière Siméoni a dit espérer que l'audience puisse se tenir avant la fin de l'année.

La cour d'assises de Paris attendait jeudi matin les résultats d'un nouveau rapport médical sur l'état de santé de l'accusé, admis dimanche à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière. Dieter Krombach a réintégré mercredi le service hospitalier de Fresnes.

Le procès de Dieter Krombach aurait dû prendre fin vendredi 8 avril.

Dès le 1er avril, le début de l'audience avait été retardé par la venue d'un médecin, alors que l'accusé se plaignait d'une douleur au genou. Dans le box des accusés, Dieter Krombach, qui se déplace à l'aide d'une béquille, apparaissaitt affaibli, souffrant selon ses dires de problèmes cardiaques.

Entendu par la cour il y a plusieurs jours, un expert médical chargé d'examiner l'accusé durant sa détention avait mis en doute la réalité des infarctus dont il disait avoir été victime.

Un doute de nouveau émis lundi par André Bamberski, le père de Kalinka, après la suspension d'audience: "Je suis le seul à avoir l'intégralité du dossier médical de Dieter Krombach. Ce dont je suis certain, c'est que tous ses problèmes de santé sont exagérés." Et d'ajouter: "Ses problèmes de coeur ont toujours été bidon. En tant que cardiologue, il sait très bien comment simuler ce genre de problème", a souligné André Bamberski, partie civile au procès.

Dieter Krombach, 75 ans, est accusé d'avoir tué Kalinka Bamberski, 14 ans, le 10 juillet 1982 à Lindau, en Bavière. L'adolescente y vivait avec sa mère, qui s'était remariée avec le médecin allemand.

Kombrach se dit innocent
Mercredi 30 mars, le cardiologue allemand Dieter Krombach a clamé son innocence et a dit qu'il souffrait de problèmes de mémoire. "Je veux souligner que je ne suis pas coupable et que je n'ai pas tué Kalinka, ni violé", a dit l'accusé en français.

La cour a jugé, dans une décision lue à l'audience, que le classement sans suite en Allemagne ne constituait pas un jugement définitif. La défense n'ayant obtenu gain de cause, le procès pouvait donc se poursuivre. Le médecin est accusé de l'avoir tuée et nie les faits. Il encourt la réclusion à perpétuité.

Dans la soirée du mercredi 30 mars, un premier témoin, Michael Heinze, a déposé à charge contre l'accusé, rappelant que sa soeur Monica Heinze, première épouse du docteur Krombach, était morte pour des raisons mystérieuses à l'âge de 24 ans, en 1969.

Michael Heinze a expliqué que sa soeur était battue et violée tout au long de son mariage par Krombach. L'accusé, interrogé sur ces accusations, les a niées, mais a reconnu qu'il faisait régulièrement des injections de "vitamines pour l'anémie" à son épouse, qu'il l'avait mise enceinte à l'âge de 15 ans, puis poussée à avorter.

Les avocats du Dr Dieter Krombach avaient plaidé la nullité mardi 29 mars, expliquant que leur client avait déjà été jugé en Allemagne (affaire classée) et parce qu'il avait été enlevé par le père de la victime, André Bamberski, afin qu'il soit jugé en France. L'avocat général, Pierre Kramer, n'avait pas soutenu ces demandes de nullité. Au premier jour du procès, mardi, Dieter Krombach s'est présenté dans le box de la cour d'assises de Paris appuyé sur une béquille. Il n'a pas eu un regard pour André Bamberski, 73 ans, qui le poursuit depuis 29 ans.

Entre les deux septuagénaires -ses deux ex-maris-, la mère de Kalinka a pris place sur le banc des parties civiles après des années en retrait vis-à-vis du combat mené par le père de l'adolescente. "Bien sûr elle a des doutes, elle veut que Dieter Krombach s'explique", a confié Me Alexandre Parra-Bruguière, son avocat. "Il s'exprimera si la justice s'exprime de manière très claire" sur les "lourdes irrégularités" qui, aux yeux de la défense, entachent la procédure, a fait valoir Me Philippe Ohayon, l'un des conseils du médecin allemand.

Condamné par contumace, Kombrach n'a jamais purgé sa peine
Krombach, qui a toujours clamé son innocence, a été condamné par contumace une première fois en France, en 1995, pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner" sur Kalinka Bamberski, alors âgée de 14 ans. En Allemagne, la condamnation n'a jamais été exécutée, malgré un mandat européen lancé en 2004.

Insupportable pour le père de l'adolescente, André Bamberski, qui traque depuis 29 ans le médecin allemand pour le faire juger en France et en sa présence. Après le premier procès de 1995, tenu en son absence, Dieter Krombach n'a jamais été inquiété par les autorités allemandes et a continué à vivre tranquillement dans son pays. De son côté, la justice allemande n'a jamais jugé les charges suffisantes pour le poursuivre et a classé l'affaire en 1987.

Le père de Kalinka a organisé le rapt de Krombach
Las d'attendre, André Bamberski, le père de Kalinka, a fait enlever Krombach le 17 octobre 2009 à son domicile de Scheidegg (Allemagne) par des hommes de main qui l'ont ensuite abandonné, ligoté, non loin du palais de justice de Mulhouse.

Un épisode rocambolesque qui a permis à la justice française d'incarcérer le Dr Krombach et d'organiser ce nouveau procès prévu pour se tenir jusqu'au 8 avril, afin de faire la lumière sur le mystérieux décès de Kalinka.

Kalinka a été retrouvée morte dans son lit
L'adolescente, qui était en parfaite santé, a été retrouvée morte dans son lit, au domicile de son beau-père où elle vivait avec sa mère, à Lindau, près du lac de Constance, le 10 juillet 1982. Lors de l'autopsie, des "substances visqueuses blanchâtres" avaient été découvertes dans son vagin ainsi que des traces de piqûres sur son bras, son thorax et sur ses jambes.

Dieter Krombach avait affirmé dans un premier temps avoir injecté une préparation à base de fer à Kalinka qui voulait bronzer plus vite. Dans un second temps, il a soutenu qu'elle souffrait d'anémie.

Selon André Bamberski, le dossier s'est enrichi, depuis l'arrestation de Dieter Krombach, de témoignages de femmes allemandes affirmant avoir été victimes d'abus sexuels de la part du médecin, condamné outre-Rhin en 1997 pour le viol d'une patiente.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.