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La choucroute donne des gaz à une station d'épuration alsacienne

Retour sur une expérience inédite, lancée il y a plus d'un an. A Krautergersheim (Bas-Rhin), une station d'épuration révolutionnaire produit de la chaleur et de l'électricité grâce au jus de choucroute.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Une technicienne analyse le jus de choucroute à Meistratzheim, près de Krautergersheim (Bas-Rhin).  (FREDERICK FLORIN / AFP)

Bienvenue à Krautergersheim (Bas-Rhin), capitale autoproclamée de la choucroute. A deux pas de la ville, une station d'épuration révolutionnaire a fait son apparition il y a un peu plus d'un an. Le jus de choucroute, plat typique de la région, y arrive par citernes, et la fermentation du chou permet de produire de la chaleur et de l'électricité.

Petit détour par une station pionnière dans l'utilisation du jus de choucroute, qui remplace deux stations d'épuration devenues obsolètes.

Le jus de choucroute est-il inoffensif ?

L'usine est installée au beau milieu des champs, dans le bassin de l'Ehn, qui concentre 70% de la production française de choucroute. Mais cette activité produit un déchet acide, corrosif et très chargé en composants organiques.

Une photo prise à Meistratzheim, près de Krautergersheim (Bas-Rhin), montre un bassin de décantation d'une usine de traitement des eaux usées, le 31 janvier 2013. (FREDERICK FLORIN / AFP)

En période de pointe, les effluents des choucrouteries peuvent représenter l'équivalent des eaux usées de 140 000 habitants" en termes de pollution à traiter, explique Clément Ritter, un porte-parole de la Lyonnaise des Eaux, qui exploite le site. Et mine de rien, les cours d'eau de la région avaient un peu de mal à digérer la choucroute.

Comment ce produit est-il recyclé ?

Pour tirer le meilleur de ce jus, il a fallu innover. "On a trouvé des bactéries capables de consommer, en quelques heures, 90% des composants organiques du jus. Et en plus, elles produisent par méthanisation un biogaz d'une excellente qualité", précise Clément Ritter. Tout se déroule dans une sorte de réacteur, dressé derrière les bassins d'épuration où sont traitées les eaux usées du secteur.

Quelle est l'ampleur de cette activité ? 

Le biogaz de choucroute est extrait et mélangé à celui produit par les boues d'épuration. Cette recette inédite est ensuite utilisée pour produire la chaleur nécessaire à plusieurs installations de la station, et même de l'électricité revendue au réseau EDF.

Un technicien verse du jus de choucroute dans une usine de traitement des eaux usées, à Krautergersheim (Bas-Rhin), le 31 janvier 2013. (FREDERICK FLORIN / AFP)

"Il nous arrive d'avoir du surplus grâce au biogaz, que l'on transforme alors en électricité, quand l'activité choucroutière est au plus haut", explique le directeur du site, Jérôme Fritz. Au total, le biogaz produit pendant un an correspond à la consommation d'énergie de 1 500 personnes.

Les choucroutiers sont-ils gagnants ? 

Même si ce jus génère désormais de l'énergie, les choucroutiers n'en restent pas moins facturés pour pouvoir le déposer dans la nouvelle station. "On économise sur les frais de transport, parce qu'avant, on devait apporter notre jus jusqu'à la station de Strasbourg", explique Jean-Luc Meyer, dont l'entreprise est située à deux minutes de tracteur de la nouvelle station.Mais surtout, "on passe d'un statut de pollueur à une image qui est plus associée au développement durable et ça, c'est bon pour la profession", se réjouit ce gérant de la principale choucrouterie de la zone, qui produit plusieurs milliers de m3 de jus par an.

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