L'organisation dénonce le retour de maladies d'un autre temps, lié à la recrudescence de la pauvreté.
Conditions de vie dégradées, politique gouvernementale « plus sécuritaire que sociale » : Médecins du Monde est alarmiste sur l"état des soins dans le pays. L"organisation a appelé jeudi les candidats à la présidentielle de 2012 à prendre position sur cette question.
"Il y a bien, me semble-t-il, un réel décrochage, décrochage que nous qualifions, que je qualifie de krach sanitaire", a déclaré jeudi le président de Médecins du Monde, Olivier Bernard. L"organisation pointe du doigt la crise économique, ainsi que le système de santé, qui « ne protège plus les plus fragiles. » Autres facteurs mis en cause : la "crise de l'hébergement d'urgence", et la politique migratoire du gouvernement, qualifiée de "délibérément violente".
Entre 2008 et 2010, le nombre de consultations médicales a grimpé de 10% dans les centres de MDM, avec 24% des patients qui accusent un retard de soins et 45% d'entre eux qui auraient besoin d'un suivi d'au moins six mois pour des pathologies comme le diabète ou l'hypertension artérielle, précise l'organisation dans son rapport annuel sur l'état de santé des plus démunis.
MDM s'alarme de la réapparition de "populations (qu'elle) ne voyait plus", notamment les femmes enceintes, dont 8% vivent dans la rue. L'organisation dénonce aussi la dégradation des conditions de vie et d'accès aux soins de ses patients, dont 23% seulement ont un logement stable, et 12% sont des mineurs.
"La plupart des patients que nous voyons vivent dans une logique de survie" a déclaré Jean-François Corty, directeur des missions France de MDM. "Dans ces conditions de données médico-sociales (...) particulièrement alarmantes, il ne faut pas s'étonner du retour des épidémies d'une autre époque", a-t-il ajouté. Parmi ces "endémies de la misère", la rougeole, avec plus de 20.000 cas déclarés en France entre 2008 et 2011, et la tuberculose, "maladie de la pauvreté".
MDM déplore particulièrement l'accès "difficile" à l'aide médicale d'Etat, qui comprend désormais un "droit d'entrée" de 30 euros, la "remise en question" du droit de séjour aux étrangers malades, et les "expulsions répétées des lieux de vie sans proposition de relogement", un état de fait qui, déplore l'organisation, rend difficile son travail, et notamment ses campagnes de vaccination.
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