L'opération de repêchage des corps des passagers du vol Rio-Paris d'Air France a débuté mercredi
Un premier corps a été remonté jeudi, selon la Direction générale de la gendarmerie mais "des incertitudes subsistent quant à la faisabilité technique de la remontée des corps" à cause du temps d'immersion.
Les raisons du crash, survenu au large du Brésil le 1er juin 2009, pourraient être connues après décryptage de la 2e boîte noire repêchée lundi.
Près de deux ans après l'accident de l'Airbus A330-203 d'Air France au large du Brésil, le mystère entourant cette catastrophe, qui a fait 228 morts, va peut-être être levé grâce au repêchage des deux boîtes noires de l'appareil par les enquêteurs français. La première, Flight Data Recorder, enregistreur des paramètres du vol, avait été repêchée dimanche.
Comme la première boîte noire (également en bon état apparent), la seconde, Cockpit Voice Recorder, a immédiatement été placée sous scellé judiciaire dans un container rempli d'eau pour la conserver dans son état actuel. Elle restera ainsi immergée jusqu'à son dépouillement au BEA au Bourget, près de Paris, qui commencera d'ici huit jours.
"Si on arrive à lire les deux enregistreurs, on arrivera à comprendre ce qui s'est passé", a commenté le directeur du BEA, Jean-Paul Troadec. Cela dépendra du phénomène de corrosion qui a pu endommager une partie des données rendant leur récupération plus compliquée.
A ce jour, l'accident reste inexpliqué. Les enquêteurs ont déterminé que la défaillance des sondes de vitesse, dites Pitot (fabricant Thales) était l'une des causes de la tragédie. Mais ils estiment que ce dysfonctionnement (givrage à haute altitude) ne peut expliquer à lui seul le crash. Les enquêteurs avaient localisé début avril les débris de l'appareil à 3.900 mètres de profondeur, non loin de la dernière position connue de l'avion, avant de lancer la semaine dernière les ultimes investigations.
Pour respecter la continuité territoriale imposée par la justice française, les enregistreurs vont être récupérés par la Marine nationale, transiteront par Cayenne avant d'être convoyés à Paris par un avion français.
Le directeur du BEA a précisé que "toutes les pièces qu'ils souhaitaient repêcher" avaient été identifiées. Leur repêchage va démarrer "très prochainement".
Le rôle des boîtes noires
Les boîtes noires qui enregistrent toutes les données d'un vol, y compris les conversations dans le cockpit, ont un rôle clef pour déterminer les causes d'un accident aérien. Elles révèlent les causes d'un accident dans 90% des cas, selon Robert Galan, pilote et auteur de l'ouvrage "On a retrouvé les boîtes noires" paru en 2008.
Ces enregistreurs, introduits dans l'aviation à partir des années 1960, se trouvent à l'intérieur de boîtes métalliques particulièrement solides, conçues pour résister à des chocs extrêmement violents, à des feux intenses et à de longues immersions en eau profonde.
D'un poids de 10 kilos chacune, elles sont en fait orange avec des bandes blanches réfléchissantes afin de les retrouver plus facilement. Le terme "noir" fait allusion au fait que leur contenu est protégé et inaccessible aux non-initiés.
Un avion commercial possède réglementairement deux boîtes noires appelées DFDR (Digital flight Data Recorder) et CVR (Cockpit Voice Recorder). Le DFDR contient l'enregistrement seconde par seconde de tous les paramètres du vol de l'avion (vitesse, altitude, trajectoire...). Le CVR, l'enregistreur de vol "phonique", comprend les conversations, mais aussi tous les sons et annonces entendus dans la cabine de pilotage. Une analyse acoustique poussée permet même de connaître le régime des moteurs.
Les boîtes noires sont protégées par un coffret d'acier blindé d'environ 7 kilos, pouvant résister à une immersion d'un mois à 6.000 mètres de profondeur ou à un incendie d'une heure à 1.100 degrés centigrades. Elles sont équipées d'une balise qui se déclenche en cas d'immersion et émet un signal à ultrason toutes les secondes pendant une durée d'au moins 30 jours consécutifs, sur une distance de 2 km environ. Elles peuvent être exploitées des mois après leur immersion comme ce fut le cas du Boeing 737 d'Adam Air qui s'était abîmé en Indonésie en 2007. Les enregistreurs avaient été retrouvés 240 jours après l'accident.
Restent que les recherches ont souvent un coût élevé. Celles menées pour retrouver les boîtes noires du Rio-Paris auront coûté plus de 35 millions d'euros. Un montant record pour la France réparti entre l'Etat, Airbus et Air France.
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