L'intermédiaire franco-libanais Ziad Takkiedine a été entendu mercredi par le juge Renaud van Ruymbeke
Une audition qui a lieu dans le cadre de l'enquête sur le volet financier de l'affaire Karachi.
Cette affaire vise un financement supposé de la campagne présidentielle, en 1995, du candidat de droite, Edouard Balladur, par des commissions frauduleuses en marge d'un marché de vente de sous-marins au Pakistan.
Selon le site payant Médiapart, un témoin, entendu le 8 septembre par la police, a affirmé que s'était rendu à plusieurs reprises dans le milieu des années 1990 en Suisse pour y retirer des fonds remis à Paris à Nicolas Bazire, alors directeur de la campagne d'Edouard Balladur. M.Takkiedine était accompagné dans ces déplacements de Thierry Gaubert, ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy à la mairie de Neuilly et au ministère du Budget, précise Mediapart. Nicolas Sarkozy était porte-parole de cette campagne.
L'homme d'affaires est soupçonné d'avoir joué un rôle clef dans la vente de sous-marins Agosta au Pakistan en 1994 et de frégates à l'Arabie Saoudite la même année. Deux contrats qui sont au centre de l'enquête des juges d'instruction Renaud van Ruymbeke et Roger Le Loire. Il dément être intervenu dans le contrat pakistanais mais reconnaît avoir joué un rôle dans le contrat Sawari II avec l'Arabie Saoudite.
L'homme d'affaires est présenté par plusieurs témoins comme un intermédiaire imposé par le cabinet de l'ancien ministre balladurien de la Défense François Léotard peu de temps avant la conclusion au Pakistan du contrat de vente de sous-marins. Un intermédiaire par lequel sont passés 33 millions d'euros de commissions occultes pour le contrat pakistanais et 200 millions en marge du contrat saoudien, selon une mission d'information parlementaire et des éléments des procédures judiciaires publiées dans la presse.
Les juges pensent que cet argent a pu revenir en partie financer la campagne d'Edouard Balladur. Campagne qui a utilisé, selon la police, plusieurs millions d'euros en espèces.
Selon L'Express, Ziad Takieddine serait proche du secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, et de l'ancien ministre Brice Hortefeux "au point de les inviter, en famille, dans sa propriété, du Midi".
Le site d'information Mediapart prête à l'homme d'affaires un rôle d'intermédiaire sur divers dossiers, judiciaires et économiques, entre le pouvoir français actuel et le régime de Mouammar Kadhafi avant la guerre qui a renversé son régime. Total a confirmé avoir versé à l'homme d'affaires libanais près de 10 millions de dollars pour racheter des droits d'exploitation en Libye, mais c'était une opération courante et aucunement secrète, a fait savoir la compagnie pétrolière française.
Les biens de Ziad Takieddine ont été gelés le 4 août dernier dans le cadre d'un litige avec sa femme, Nicola Johnson, avec laquelle il est en instance de divorce. Le juge Van Ryumbeke a fait convoquer cette dernière pour un interrogatoire par la police, et elle a remis des documents aux enquêteurs.
Une autre enquête est ouverte sur un attentat ayant tué en 2002 au Pakistan 11 Français travaillant sur le contrat de sous-marins, et qui pourrait avoir un lien avec la corruption.
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