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L'héritière de l'Oréal a été jugée dès le mois de mars dans "l'impossibilité de pourvoir seule à ses intérêts"

Constat établi par la juge des tutelles de Courbevoie, a rapporté mercredi une source judiciaire. Entre temps, un avocat de l'héritière de L'Oréal fait l'objet depuis mercredi d'une enquête.La fille de Mme Bettencourt, Françoise Meyers, s'inquiète à nouveau d'irrégularités et de la reformation d'un "cordon sécuritaire" autour de sa mère.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Liliane Bettencourt le 20-11-2002 (AFP - Joël Saget)

Constat établi par la juge des tutelles de Courbevoie, a rapporté mercredi une source judiciaire. Entre temps, un avocat de l'héritière de L'Oréal fait l'objet depuis mercredi d'une enquête.

La fille de Mme Bettencourt, Françoise Meyers, s'inquiète à nouveau d'irrégularités et de la reformation d'un "cordon sécuritaire" autour de sa mère.

La juge des tutelles de Courbevoie (Hauts-de-Seine) estimait au mois de mars que "les facultés cognitives de Mme Liliane Bettencourt (étaient) nettement altérées par une maladie cérébrale". Pour autant, elle ne concluait pas encore en mars à une mise sous protection qui peut prendre la forme d'un placement sous tutelle.

Cette procédure de mise sous protection relancée à plusieurs reprises par Françoise Bettencourt-Meyers est toujours en cours, malgré la réconciliation survenue entre les deux femmes fin 2010 et un protocole annonçant leur retrait mutuel de toutes les procédures de justice.

Suspicion sur l'influence d'un avocat de Liliane Bettencourt
En dépit de cet accord, Françoise Bettencourt-Meyers s'est tournée mardi vers la juge des tutelles pour s'inquiéter de l'influence qu'elle juge néfaste de personnes dans l'entourage de sa mère et plus particulièrement celle de son avocat Me Pascal Wilhelm, selon une source proche du dossier, confirmant une autre information du Monde.

Le bâtonnier de Paris, Jean Castelain, a indiqué mercredi avoir lancé une "enquête déontologique" pour "éclairer" le rôle de l'avocat de Liliane Bettencourt, Me Wilhelm, dans les récents investissements de la milliardaire. L'enquête interne devrait déterminer si Me Wilhelm - qui fut aussi l'avocat de Patrice de Maistre, ex-gérant de fortune de Liliane Bettencourt, lui-même mis en cause dans le passé - est ou non en situation de conflit d'intérêt.

Me Pascal Wilhelm dispose d'un "mandat de protection future" le désignant par avance comme le gestionnaire des affaires de la milliardaire en cas d'incapacité. Le mandat a été prévu après l'accord signé entre Françoise Bettencourt-Meyers et sa mère. Cet avocat est aussi celui d'une société de l'homme d'affaires Stéphane Courbit, spécialisé dans les paris en ligne et les médias, où Liliane Bettencourt vient d'investir 143 millions d'euros.

De son côté, Françoise Bettencourt-Meyers estime qu'un "nouveau cordon sécuritaire" se reconstitue autour de sa mère, "au détriment de sa famille", "laissant craindre de nouvelles dérives contraires aux intérêts de Liliane Bettencourt", a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.

Une perquisition mardi au domicile de Mme Bettencourt
Mardi matin, un juge d'instruction des policiers et des médecins experts se sont présentés au domicile de la milliardaire. Le juge bordelais Jean-Michel Gentil, accompagné de policiers et de cinq médecins experts, est arrivé à 8h chez l'héritière de L'Oréal, âgée de 88 ans, pour vérifier son état de santé. Tous sont restés une bonne partie de la matinée. Des perquisitions auraient été effectuées dans la foulée chez son médecin traitant et dans une clinique, a-t-on encore indiqué.

L'héritière de L'Oréal avait décliné deux convocations du juge d'instruction bordelais Jean-Michel Gentil. Une première fois, arguant d'une mauvaise chute, elle avait fait savoir qu'elle ne pouvait se rendre à une convocation le 26 mai. Le lendemain, le juge Gentil lui avait envoyé un huissier à son domicile, pour la convoquer le 6 juin.

Jean-Michel Gentil voulait l'entendre comme témoin, dans le cadre de l'information qu'il mène contre X pour trafic d'influence commis par un particulier, trafic d'influence passif commis par une personne investie d'un mandat électif public, financement illicite de parti politique ou de campagne électorale, notamment.

Dans un courrier en date du 3 juin, Liliane Bettencourt avait réitéré l'impossibilité médicale pour elle de se rendre à ce rendez-vous. Elle a fait connaître par ailleurs sa préférence pour une audition à domicile, à Neuilly, et de disposer des facilités dont peuvent bénéficier les personnes malentendantes.

S. Courbit: Mme Bettencourt "parfaitement informée"
Liliane Bettencourt était "parfaitement informée" de l'investissement réalisé par son avocat, Me Wilhem, dans une société de Stéphane Courbit, indique ce dernier dans une interview jeudi au Figaro.fr. Ce dernier laisse ouverte la "sortie" de la milliardaire de la société.

"Liliane Bettencourt m'a expliqué qu'elle désirait investir pour ses
petits-fils. L'un fait des études de commerce, l'autre d'audiovisuel. Nous avons même évoqué la possibilité qu'ils effectuent un stage chez nous", explique-t-il. "Le deuxième rendez-vous a eu lieu il y a quelques semaines", ajoute-t-il.

Pour Stéphane Courbit, "il n'y a pas de conflit d'intérêts": Pascal Wilhelm, explique-t-il, "est l'un des avocats qui travaillent pour le groupe, tout comme le cabinet Bredin-Prat, cabinet de Françoise Bettencourt-Meyers".

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