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L'enseignement de la philosophie va être testé au niveau national dès la classe de seconde à partir de la rentrée 2011

c "Avec le président de la République, nous avons décidé de renforcer l'enseignement de la philosophie" et d'"expériemnter un enseignement plus tôt, en seconde et en première", a déclaré le ministre de l'Education.Luc Chatel s'exprimait après l'ouverture de la Journée mondiale de la philosophie organisée à Paris par l'Unesco.
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Des lycéens passent l'épreuve de philosophie, le 17 juin 2010 au lycée La Fontaine, à Paris (AFP / Olivier Laban-Mattei)

c "Avec le président de la République, nous avons décidé de renforcer l'enseignement de la philosophie" et d'"expériemnter un enseignement plus tôt, en seconde et en première", a déclaré le ministre de l'Education.

Luc Chatel s'exprimait après l'ouverture de la Journée mondiale de la philosophie organisée à Paris par l' Unesco.

Tout d'abord à la rentrée prochaine, "les enseignants de philosophie pourront enseigner l'éducation civique, juridique et sociale" (ECJS), un cours dispensé en seconde, selon Luc Chatel, qui a cité des thématiques telles que la citoyenneté, les droits et devoirs pouvant être abordées sous l'angle philosophique.

Par ailleurs, le ministère va lancer une expérimentation nationale auprès d'établissements volontaires pour aborder la philosophie en seconde et en première, d'une part au travers des "enseignements d'exploration" (deux modules obligatoires au choix) et de l'accompagnement personnalisé (deux heures par semaine). Les professeurs de philosophie pourront aussi "intervenir de manière ciblée au sein des cours d'autres disciplines pour en éclairer la portée philosophique", selon un communiqué du ministère.

La mise en oeuvre de cet enseignement anticipé "ne modifiera absolument en rien" l'enseignement de la philosophie en classe terminale, que ce soit dans son statut et ses finalités ou dans ses programmes et ses horaires, assure Luc Chatel.

Ecole élémentaire: Chatel veut conserver les notes
Par ailleurs, le ministre de l'Education nationale a écarté l'idée de supprimer les notes à l'école élémentaire, estimant que la note peut "être utile" et rappelant que les élèves sont aussi évalués en fonction de l'acquisition des "connaissances" et des "compétences". A la question, "pour vous, pas question de supprimer les bulletins de notes dans l'immédiat ?", le ministre a répondu "non, on n'en est pas là".

Seine-et-Marne: une expérience en maternelle

Des séances de philosophie, menées à la maternelle du Mée-sur-Seine (Seine-et-Marne), ont permis d'initier les tout petits à la "diversité" et à la "citoyenneté", une expérience pionnière qu'"il est temps de développer", estime sa directrice Isabelle Duflocq.

Dans quelles conditions a débuté l'expérience conduite dans votre école ?

Elle a commencé en 2006. C'était une expérience innovante pour répondre à un projet construit par Jean-Charles Pettier. Ce professeur de philosophie à l'IUFM de Créteil a mis en place des fiches pédagogiques avec Bayard Presse, chez les P'tits philosophes de la revue Pomme d'Api, pour aider les enseignants de cours élémentaire, principalement d'école maternelle.

Au départ, il s'agissait d'être classe expérimentale pour tester ces outils et voir s'ils convenaient à un développement de la philosophie à l'école maternelle. En parallèle, il y a eu le tournage d'un film intitulé "Ce n'est qu'un début".

Les expériences de terrain sont nombreuses aujourd'hui. Mais en maternelle et avec des enfants aussi jeunes, nous sommes les premiers.

Qu'est-ce qui ressort de votre expérience ? Qu'est-ce que les enfants peuvent apprendre de la philosophie ?

Le premier apprentissage, c'est un apprentissage d'un cadre et d'outils: savoir être ensemble, attendre son tour, écouter l'autre, rebondir sur la question de l'autre, rester dans le sujet. Il y a aussi les apprentissages langagiers, passage obligé pour se faire
comprendre des autres.

Et puis, il y a l'apprentissage de la diversité et de la citoyenneté. On sent bien là que les enfants comprennent qu'ils ont des idées et que les autres, sur le même sujet, ont d'autres idées. Ils arrivent à échanger sans dire: "c'est n'importe quoi". Ce respect et cette découverte des idées de l'autre sont assez impressionnants. Cela se construit très jeune et cette expérience est d'une grande utilité pour la suite.

Ce que nous faisons à Mée-sur-Seine montre qu'il est possible d'utiliser cet outil pour les enfants de demain, avec des conditions d'encadrement. Il y a désormais suffisamment d'expériences et de retours de pays européens ou d'Amérique du Nord avec des recherches très intéressantes sur lesquelles on peut s'appuyer avec certitude.

L'annonce par le gouvernement d'un enseignement de la philosophie dès la seconde vous satisfait-il ?

Derrière, j'entends une volonté, une prise en compte des initiatives, une liberté de concevoir des projets dans un établissement qui peut se faire dans un cursus plus long que la terminale, et je dis bravo. Pour autant, je reste très attentive à la place des profs de philo qui ont besoin d'être reconnus.
(avec AFP)

L'enseignement de la philosophie en Europe

Allemagne
La philosophie n'est pas obligatoire dans la patrie de Kant, d'Hegel et de Nietzsche qui compte autant de systèmes éducatifs que de Länder, seuls décideurs en matière de programmes scolaires. Dans beaucoup de Länder, dont la Rhénanie du Nord-Westphalie (l'Etat région le plus peuplé d'Allemagne), il est possible d'étudier la discipline au lycée à partir de 15 ans. Dans certaines écoles, comme à Berlin, des questions philosophiques peuvent être abordées en cours d'"éthique".

Belgique
Il n'y a pas de cours spécifiques de philosophique dans les cycles d'enseignement obligatoires (primaire et secondaire). Cette matière est réservée à l'enseignement supérieur. Toutefois, les grands courants de pensée et les auteurs classiques sont généralement abordés dans les cours de "morale laïque" ou de religion obligatoires, à raison de deux heures par semaine, dans les écoles publiques primaires et secondaires.

Espagne
La philosophie est enseignée les deux dernières années du lycée avant le Bachillerato (équivalent du bac) soit à partir de 16 ans (trois heures par semaine en première, et quatre en terminale).

Italie
On y enseigne plutôt "l'histoire de la philosophie", lors des trois dernières années du lycée, donc, dès l'âge de 16 ans. Dans les lycées classiques et scientifiques, il s'agit d'une matière principale, qui requiert beaucoup de travail personnel. Elle figure aussi au programme de certains lycées techniques et professionnels mais de manière plus globale.

Portugal
La philosophie est au programme des 10e et 11e années du lycée (équivalent à la seconde et première) des filières générales. Il s'agit plutôt d'une initiation (trois heures hebdomadaires). En terminale, elle n'est enseignée que dans certaines filières.

Scandinavie (Suède, Norvège, Danemark et Finlande)
Les cours de philo ne sont pas obligatoires au lycée, mais sont proposés aux élèves des deux dernières années. L'enseignement de la "religion" et de l'"éthique" est en revanche obligatoire au lycée?

République tchèque et Slovaquie
Les fondements de la philosophie sont enseignés dans les lycées et dans les écoles secondaires dans le cadre de "l'éducation à la citoyenneté" ou "éducation civique". Avant 1989, ces programmes étaient fortement influencés par l'idéologie communiste.

Pologne

Dans certains lycées à profil littéraire, la philosophie est enseignée pendant deux ans, à raison d'une heure par semaine.

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