L'avocat général au procès du "gang des Barbares" en appel a requis jeudi des peines plus lourdes pour 8 des 17 accusés
Ceux-ci sont jugés pour la séquestration et la mort en 2006 d'un jeune juif, Ilan Halimi.
Le parquet a réclamé entre 1 an et 20 ans de réclusion, et un acquittement.
Tout au long d'un réquisitoire de près huit heures, l'avocat général a cherché à établir la responsabilité des accusés dans plusieurs projets d'enlèvement fin 2005-début 2006, dont celui, retentissant, d'Ilan Halimi.
Ilan Halimi, 23 ans, avait été séquestré trois semaines à Bagneux (Hauts-de-Seine) en 2006 avant d'être tué par Youssouf Fofana. Condamné, lors du premier procès en 2009, à la perpétuité pour ce crime antisémite. Ayant renoncé à faire appel, ce dernier était absent du box à Créteil.
Comme en première instance, la peine la plus lourde (20 ans de réclusion) a été requise contre Jean-Christophe Soumbou et Samir Aït-Abdelmalek. Le premier aurait notamment participé à l'enlèvement d'Ilan Halimi. Le second a notamment trouvé le lieu de la séquestration, dans une cité HLM de Bagneux.
D'autres acteurs-clés de l'affaire Halimi voient, eux, leurs réquisitions aggravées. 18 ans de réclusion (contre 15 en première instance) sont ainsi demandés contre le seul accusé jugé avec la circonstance aggravante de l'antisémitisme. Marc (1), mineur au moment des faits, est soupçonné d'avoir été un des geôliers d'Ilan Halimi et de lui avoir infligé des actes de torture.
Nabil Moustafa, l'autre geôlier présent pendant les trois semaines de séquestration, connaît le même sort: 16 ans sont requis pour sa participation contre 13 en première instance. Egalement mineure au moment des faits, Clara (1), la jeune fille ayant servi à appâter Ilan Halimi, voit elle aussi ses réquisitions alourdies: 12 à 13 ans sont demandées à son encontre, contre 10 à 12 lors du premier procès.
L'avocat général a en revanche allégé les réquisitions pour cinq accusés, dont Jérôme Ribeiro, le geôlier qui a quitté le lieu de séquestration au bout de quelques jours. Dix ans (12 en première instance) ont été demandés contre lui.
Après ce réquisitoire très attendu, chacun a campé sur ses positions de part et d'autre du prétoire.
Côté parties civiles, "les réquisitions ont montré l'utilité d'un procès en appel", a estimé Me Francis Szpiner, l'avocat de la famille Halimi. "Elles ont été pour un réconfort pour Mme Halimi[la mère d'Ilan, NDLR] parce qu'elle a eu le sentiment (...) que rien n'a été occulté, ni la gravité du faits ni leur caractère antisémite", a ajouté le défenseur.
Maintenant la même position depuis le début des débats, la défense a estimé que le réquisitoire démontrait au contraire "l'inutilité" du procès et ses motivations politiques. "Pourquoi un deuxième procès pour demander grosso modo les mêmes peines qu'en première instance ? Tant d'efforts tant de moyens pour ça pourquoi?", s'est interrogé Me Gilles Antonowicz, qui défend l'"appât". "Je ne comprends pas pourquoi ce procès a lieu. L'échelle des peines est à peu près conservée", a renchéri Me Didier Seban, l'avocat de Nabil Moustafa.
En première instance, la Cour avait condamné les accusés à des peines allant d'un an avec sursis à 18 mois de réclusion. Un acquittement avait été prononcé.
Le verdict est attendu le 17 décembre.
(1) Les prénoms ont dû être changés.
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