L'arrestation à New York du patron du FMI pourrait donner un coup d'arrêt à sa probable candidature à l'Elysée
Jusque là, DSK était favori des sondages pour affronter et battre Nicolas Sarkozy.
L'affaire provoque une énorme déflagration dans la campagne présidentielle même si personne ne peut dire quelles vont être les suites de cette affaire. Le numéro du PS a d'ores et déjà annoncé que les primaires de son parti restaient organisées aux "dates prévues".
En l'occurence, le dépôt des candidatures est prévu du 28 juin au 13 juillet. Le premier tour aura lieu le 9 octobre.
Le bureau national, l'instance dirigeante du Parti socialiste français, se réunira mardi à midi, a déclaré lundi le porte-parole du PS. La réunion devrait évoquer les conséquences de l'arrestation à New York de Dominique Strauss-Kahn.
Polémique sur un train de vie
Quelle que soit son résultat judiciaire, l'affaire new-yorkaise est d'ores et déjà ravageuse pour l'image de DSK. Depuis son séjour à Paris fin avril, Dominique Strauss-Kahn est la cible de vives critiques sur son train de vie et son patrimoine familial. Une photo le montrant dans une Porsche Panamera devant son domicile de la Place des Vosges à Paris, a été perçue commme une faute de communication, "une maladresse" selon ses proches, un vrai faux pas, selon l'UMP. Ironie du sort: la voiture appartient à l'un de ses amis Ramzi Khiroun, qui est l'un de ses conseillers en... communication.
De nombreux journaux ont publié par la suite des articles sur le sujet, à commencer par L'Express, qui en fait sa couverture: "Train de vie, DSK dans le viseur". Faisant allusion à la célébration du 30e anniversaire de l'arrivée à l'Elysée du premier président PS, François Mitterrand, et à son slogan de campagne "la force tranquille", un humoriste a ironisé sur "la Porsche tranquille"... Dominique Strauss-Kahn a décidé d'assigner en justice le journal France Soir "à la suite de la publication de fausses informations relatives à son train de vie".
Une "campagne organisée" contre lui, selon l'un de ses proches
Auparavant, le patron du FMI s'était déjà vu régulièrement contraint de lutter contre son image de "gauche paillettes", mais aussi contre sa réputation tenace de séducteur. En 2008, le FMI avait commandé une enquête sur lui à la suite d'une relation extra-conjugale avec une ex-responsable du département Afrique, Piroska Nagy.
Il avait été blanchi, mais le FMI lui avait reproché une "grave erreur de jugement". Son épouse, Anne Sinclair, une ancienne journaliste vedette de TF1, avait été son plus fort soutien en tournant "la page" sur une "aventure d'un soir".
L'un de ses proches, le député socialiste de Paris Jean-Marie Le Guen,a dénoncé samedi une campagne délibérée contre sa personne, orchestrée, selon lui, par l'Elysée. "Il y a maintenant une campagne tout à fait structurée, organisée, qui avait d'ailleurs été annoncée par M. Sarkozy et ses proches, qui veulent attaquer la personne de Dominique Strauss-Kahn", a-t-il dit. "Nous n'avons aucun commentaire à faire sur ces propos", ont réagi les services de la présidence.
Le bouleversement au PS
L'accusation, lancée par la police new yorkaise, "d'agression sexuelle, de séquestration de personne et de tentative de viol" va très probablement changer la donne pour le Parti socialiste.
Tenu à un strict devoir de réserve en raison de ses fonctions au FMI, Dominique Strauss-Kahn est resté silencieux sur ses intentions pour la primaire socialiste. Mais aucun de ses amis ne doutaient qu'il se lancerait dans la course une fois passé le sommet du G8 de Deauville fin mai et le nouveau plan de sauvetage de la Grèce.
Martine Aubry va-t-elle se lancer dans la course présidentielle ?
Avec cette affaire, le doute risque de s'insinuer. La première secrétaire du PS, Martine Aubry, et DSK ont convenu qu'ils n'iraient pas l'un contre l'autre dans la primaire. Mme Aubry a expliqué à plusieurs reprises qu'ils prendraient ensemble la décision de qui des deux serait le mieux placé pour briguer l'investiture socialiste au regard de la situation politique.
Dans le contexte actuel, les chances de voir la maire de Lille sur la ligne de départ s'accroissent.
Pour le prédecesseur de cette dernière à la tête du PS, François Hollande, candidat déclaré, cette arrestation du patron du FMI pourrait aussi changer la donne. Sur une ligne politique relativement proche de Dominique Strauss-Kahn, le député de Corrèze progresse pas-à-pas, mais constamment, dans les sondages depuis le début de l'année et talonne le patron du FMI.
Il ne faut pas également exclure que l'affaire puisse "booster" celle de personnalités socialistes moins connues comme Manuel Vals our Arnaud Montebourg.
Un avantage pour Nicolas Sarkozy
L'affaiblissement de Dominique Strauss-Kahn profite aussi à la droite. Nombre de responsables de l'UMP estiment qu'il est le candidat le plus redoutable pour affronter Nicolas Sarkozy, candidat plus que probable à sa propre succession. Certains confiaient en fin de semaine que DSK était pour eux "l'homme à abattre". Ils décrivaient leur champion comme le "challenger" de la présidentielle par rapport au "super favori" DSK.
Depuis 2008 et la liaison extra-conjugale de Dominique Strauss-Kahn, on explique dans la majorité présidentielle que le côté séducteur du patron du FMI est son talon d'Achille.
Commentaires d'observateurs de la vie politique
"C'est un coup de tonnerre" et "un énorme événement pour la vie politique française", "je ne vois pas comment il pourrait être candidat", juge le politologue Gérard Grunberg. Pour la primaire du PS, "cela remet les pendules à zéro", selon lui. Et d'anticiper un "affrontement gauche-droite au sein du parti" en cas de "match François Hollande contre Martine Aubry".
"Même si dans le meilleur des cas ces accusations étaient infondées, voire s'il y avait manipulation", "cette affaire deviendrait un écran entre DSK et les Français, donc il est absolument impossible qu'il revienne dans la course", renchérit Stéphane Rozès (Cap Conseil).
"Cette affaire arrive au pire moment pour DSK, qui est bloqué pour les primaires, mais peut-être pas pour le PS, qui a le temps de se retourner et dispose de deux candidats potentiels parfois donnés gagnants dans les sondages face à Nicolas Sarkozy", François Hollande et Martine Aubry, souligne Gaël Sliman (BVA).
Frédéric Dabi (Ifop), qui y voit "un événement de campagne inouï", estime que "tout devient possible pour Hollande", passé devant Mme Aubry dans les sondages.
Lire aussi
>>
>>
>>
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.