L'ancien militant nationaliste corse Antoine Nivaggioni a été tué par balles, lundi matin dans les rues d'Ajaccio
Arrêté en janvier 2009 après 14 mois de cavale, cet ex-gérant de la Société Méditerranée Surveillance (SMS) était soupçonné d"être au cœur d"un réseau d"escroqueries et de marchés truqués. Incarcéré, il avait été libéré en septembre 2009 en raison d"une étrange erreur de procédure. Il avait déjà échappé à une tentative d"assassinat en mai dernier.
Si la première tentative avait échoué en mai dernier, les commanditaires ont réussi leur coup, lundi matin. L'ancien militant nationaliste du Mouvement pour l'autodétermination (MPA), a été abattu un peu avant 9h de plusieurs balles de différents calibres, dans le quartier de l'Eveché à Ajaccio. "Les faits se sont produits entre 8H30 et 8H45, à l'ouverture du lycée, devant des enfants", a déclaré le coordonnateur des services de sécurité intérieure en Corse, Gilles Leclair. "C'est le schéma classique du mode opéré pour les règlements de compte".
Les tueurs auraient attendu leur victime cachés dans le coffre d'une voiture, selon une source proche de l'enquête. Les deux tireurs, qui avaient vraisemblablement un complice à proximité, ont utilisé un fusil à pompe, une Kalachnikov et une arme de poing. Vingt-neuf impacts ont été relevés par les spécialistes de l'identité judiciaire qui sont restés plusieurs heures sur la scène du crime. Nivaggioni a été touché à la tête, l'épaule, l'abdomen, le bassin et les jambes.
Le vice-président du club de football de l"AC Ajaccio et ancien patron de la Société Méditerranée Surveillance (SMS), devenu Arcosur, avait déclaré au quotidien Corse-Martin avoir fait l"objet d"une tentative d"assassinat il y a cinq mois. "On peut supposer que c'était les prémices et qu'ils l'avaient raté", ajoute Leclair. Le président du club, Alain Orsoni, proche de Nivaggioni, avait également été la cible d"une attaque en août 2008 tandis que Noël Andreani, autre ancien militant du MPA, avait lui été abattu en juin 2009. Un staff de l"ACA surveillé de près depuis plusieurs mois par les enquêteurs qui avaient procédé à une série d"interpellations en janvier dernier.
Nivaggioni soupçonné d"être un indic
Gilles Leclair avait été à l"origine de l"arrestation de Nivaggioni en janvier 2009, après 14 mois de cavale. Sa société était soupçonnée d"être au cœur d"un réseau d"escroqueries et de marchés truqués, dont celui de l"aéroport de Campo dell Oro. Elle raflait des marchés publics et stratégiques en Corse et dans la région PACA. L'ex-figure du nationalisme corse avait été libéré en septembre de la même année après une incroyable bévue de la justice. Il n"avait pas été convoqué dans les délais devant la chambre de l"instruction de la cour d"appel d"Aix-en-Provence qui devait statuer sur sa mise derrière les verrous.
Des rumeurs circulaient autour de Nivaggioni, faisant même de lui parfois l"indic de la Direction centrale du Renseignement intérieur, le service de renseignements du ministère de l'Intérieur français. Des membres de la police corse, dont Jean-Christophe Angelini, qui lui aurait fourni un faux passeport durant sa cavale, et un cadre de Veolia, qui aurait investi énormément d"argent dans la SMS en 2008, avaient été mis en examen.
Lundi soir et mardi matin, les forces de l'ordre ont procédé à l'interpellation et la mise en garde à vue de plusieurs personnes, dont quatre qui seraient proche de la bande du "Petit Bar". Un groupe déjà condamné pour extorsion de fonds et soupçonné d'être impliqué dans plusieurs assassinnats en Corses ces dernières années.
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